Parmi les jeunes tchadiens, notamment ceux du sud du
pays, très peu savent comment priaient leurs ancêtres autrefois. Il serait
intéressant de leur rappeler ce qui se passait autrefois afin qu’ils puissent
donner plus de crédit à ce qu’ils croient aujourd’hui. La foi actuelle vient
renforcer, voire corriger ce que les anciens entrevoyaient. Nous présentons ici
une offrande aux ancêtres pour un marché dans le pays Sar[1]
Ce que je vais vous dire, c’est ce qui concerne la prière
à Dieu de nos ancêtres de jadis.
Quand ils priaient, ils réfléchissaient à ce qu’ils
allaient faire, et celui qui avait un culte à remplir auprès d’une Puissance,
il allait, par exemple, un jour de marché de coton, il s’en allait rester à
côté de la case et priait les Mânes de son père, il disait :
« Toi, esprit
de mon père, si tu me donnes vraiment de la force, que le coton que je vais
vendre demain, m’apporte beaucoup d’argent. Et si j’ai bien gagné, je viendrai
t’acheter un cabri, ou bien un poulet, et je t’en verserai le sang, en
remerciement de l’argent du coton que j’aurai gagné par la force que tu m’as
donnée pour que je gagne bien. »
Donc, quand ils
priaient les Puissances, ils disaient :
« Toi Dieu, si tu me donne de
la force, que cette Puissance ait beaucoup de force, pour que cette chose, je l’obtienne
selon la prière que je fais. »
Ainsi, il prononce en même temps le nom de Dieu pour que
sa Puissance lui donne de la force et qu’il obtienne selon sa prière ce qu’il
cherche.
Les ancêtres priaient également en offrant de la farine
délayée. Ils disaient :
« Cette farine
délayée que je verse à côté de la case, je la donne à mon père ; si l’esprit
de mon père a de la force, que ce que je vais vendre produise quelque bénéfice. »
Ayant prononcé ces paroles, la personne sort, prend sa
marchandise et l’emporte. Si la vente se passe bien, La personne sera bien
heureuse, autrement, il refera un autre rite propitiatoire auprès de son père.
Lorsque la vente a rapporté beaucoup de bénéfice, la
personne fera un sacrifice d’animal (un poulet ou un cabri) ; lors de ce
sacrifice, il dira :
« Père, je t’ai
offert de la farine délayée qui t’a été agréable et les affaires ont bien
marché ; aussi je verse le sang d’un animal pour toi ; mange avec
joie et donne-moi la force de prospérer dans l’avenir. L’ancêtre est la semence
de Dieu et tous ceux qui ont des problèmes avec un ancien sont punis par Dieu.
Ainsi, c’est la farine délayée que je t’offre, père ; que cet argent gagné
nous apporte le bonheur, à moi et à mes enfants. Qu’à l’avenir, nous soyons à l’abri
de toute morsure du scorpion et du serpent ; que tous mes petits enfants
soient en parfaite santé. »
Il n’est pas étonnant de trouver dans ces prières des
accents des psaumes. Dieu est présent avant que tout homme ne vienne l’annoncer.
Nous nous rappelons la fameuse prêche de saint Paul à l’aréopage (Actes des
apôtres 17,22-31).
[1]
Jacques Fédry, Pascal
Djiraingue, Prières traditionnelles du
pays Sara,CEL, Sarh, 1977, p. 16-19.
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