lundi 13 juillet 2015

L'émotion est nègre et la raison hellène (par Pascal Djimoguinan)



            Jamais les hellènes n’ont autant monopolisé les médias que pendant le mois de juillet. Malgré  l’EI, Aqmi, Boko Haram, la Grèce a réussi à rester à la une des journaux. Quel exploit vaut à la Grèce ce regain d’intérêt ?
            Toute l’Europe est au chevet de la Grèce qui se trouvait au bord de la banqueroute avec comme perspective très vraisemblable un « Grexit », c’est-à-dire une sortie de la Grèce de la zone euro. In extremis, un accord a été trouvé avec comme dot pour la mariée, de l’argent avec des mesures drastiques : Un troisième plan d’aide d’environ 82 à 86 milliards et en petits caractères sur le contrat ce que la Grèce a toujours voulu éviter (augmentation de la TVA, réforme des retraites, accélération des privatisations, réforme du marché du travail).
            Il faut dire que des voix s’étaient élevées en faveur de la Grèce et trouvaient que c’était intolérable la façon dont le berceau de la démocratie était traité. Il fallait trouver à tout prix la rationalité dans toute attitude de la Grèce et sauver sa proposition. Le référendum organisé par le premier ministre grec Alexis Tsipras a été vu comme un exercice de la démocratie qui n’a effrayé que ceux qui n’’étaient pas démocrates. En fait, personne ne sait à quoi a servi ce référendum.
            Sans esprit revanchard, il faudrait tout simplement rappeler ce qu’a subit l’Afrique sans qu’il se soit trouvé un esprit ouvert pour compatir. Qui se souvient des plans d’ajustements structurels pour l’Afrique, décidés dans les bureaux de Bretton Woods et autres et que les capitales occidentales forçaient les africains à appliquer ? En fait, l’Afrique n’est pas la Grèce et ses jérémiades ne sont autres que l’émotion en mouvement. Il fallait dont diminuer le nombre des fonctionnaires dans la fonction publique. Tout le monde sait qu’en Afrique, cela concerne en grande partie l’enseignement et la santé publique.
            Les conséquences désastreuses continuent jusqu’aujourd’hui mais on ne prend pas la mesure des choses. Il y a bien deux poids, deux mesures. D’un côté, il s’agit de la raison, de l’autre de l’émotion.
            Il faut seulement espérer que la crise Grec a ouvert les yeux et que l’on se rend compte du tort que l’on a causé à l’Afrique en asphyxiant son économie sous prétexte de l’aider.



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