mardi 12 août 2014

Tchad la saison des pluies : ainsi va la vie (par Pascal djimoguinan)


            Dans le sud du Tchad, plus personne ne se rappelle la longue saison sèche avec le thermomètre battant tous les recours. Plus personne ne se rappelle avoir appelé la pluie de tous ses vœux. L’unanimité se fait désormais pour traiter la pluie de tous les noms, tellement il pleut ces derniers jours.

            L’Homme restera cet éternel insatisfait. Il y a encore deux mois, dans un village du sud du Tchad dont je tairai le nom, l’officiel avait été sermonné et menacé du pire traitement si la pluie tardait encore à tomber. Le pauvre homme ne s’en était sorti qu’en marmonnant quelque chose d’incompréhensible tout en montrant ses « pierres à pluies » ; l’’audience avait compris qu’il était enfin décidé à faire tomber la pluie. Depuis cette mémorable scène, sans doute par un heureux concours de circonstances, les choses ont changé.

            Les vannes du ciel semblent s’être ouvertes. La pluie tombe sans discontinuer ; les nuits sont humides et les journées arrosées. Non seulement il devient difficile de sortir (au Tchad quand il pleut, les gens dorment), mais il y a partout des inondations. Les véhicules à quatre roues ainsi que celles à deux routes ont de la peine à circuler. Si la chaussée n’est pas inondée, c’est la boue qui occupe l’espace. Les maisons en poto-poto commencent à s’écrouler les unes après les autres. Loin d’être un bénéfice, la pluie commence à devenir un fléau.

            Partout, les conversations ne tournent plus qu’autour de la pluie. Dans bien d’endroits, le mil n’avait pas été semé parce que la pluie était en retard ; maintenant, il est impossible de le remplacer par le riz car les inondations ont pris de vitesse les paysans.

            Certains villageois commencent à murmurer contre les « faiseurs de pluies » officiels des villages. Si la pluie ne diminue pas son ardeur, ces derniers risqueront de passer un mauvais quart d’heure.

            Il faut se demander pourquoi ces fameux faiseurs de pluies semblent si importants dans les villages du sud du Tchad. Il faudra peut-être un jour les approcher pour savoir exactement ce qu’ils sont capables de faire. Pour le moment, il faut continuer de supporter les caprices de la pluie en espérant que l’influence de la lunaison exercera une influence sur le débit et la fréquence de la pluie. En attendant, croisons les doigts.

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