mercredi 27 août 2014

Tchad : Boko Haram, ma peur pour demain (par Pascal Djimoguinan)



            A propos de la secte islamiste Boko Haram, les nouvelles les plus contradictoires circulent dans les médias ces derniers temps. Serait-elle en train de de vaincre le pouvoir nigérian ? Que faut-il penser de l’avenir ?
            Les médias annoncent que les villes du nord du Nigeria tombent les unes après les autres sous l’autorité de Boko Haram. Les populations de ces villes fuient au Cameroun. Chose encore plus inquiétante : parmi les réfugiés, se trouvent des militaires nigérians qui fuient devant les terroristes. On n’est pas loin de dire que la situation est hors contrôle.
            La seule consolation vient du côté camerounais. Les islamistes auraient cherché à faire sauter le pont qui relie le Nigéria au Cameroun mais les militaires camerounais les auraient contenus et repoussés. Nous pouvons dire que les islamistes de Boko Haram ne sont pas invincibles. Il suffit qu’ils trouvent en face d’eux des militaires déterminés pour qu’ils se dégonflent comme des ballons de baudruche.
            La situation est cependant inquiétante. Si l’armée nigériane n’arrive plus à contrôler les forces de Boko Haram et que ces dernières tentent des incursions vers le Cameroun, le risque d’explosion de la sous-région n’en est que plus grand. Boko Haram est comme un cancer dont la métastase se répand. Nigéria, Cameroun, sans doute Niger, Tchad et qui sait ce qui se passera par la suite.
            La solution ne se trouve plus au Nigeria uniquement. Il faudra une stratégie militaire commune aux pays de la sous-région. Sans doute faudra-il traiter le problème d’une manière plus globale. L’erreur serait de vouloir séparer cette menace de celle du Mali. Il y a une internationale islamiste qui est en train de vouloir se former dans la région. Il faudrait couper la tête de la bête dès le départ sinon il faudra s’attendre à de graves difficultés dans l’avenir.
            La première erreur avait été de n’avoir pas pris la secte Boko Haram au sérieux dès le départ. Le problème a été traité avec un amateurisme extraordinaire. Sans doute sur le plan international, cette erreur se répète sans qu’on ne fasse un effort pour la rectifier (tel est le cas des islamistes de la Syrie qui sont en train de s’essaimer en Irak). Les États ont toujours un retard étonnant dans leurs analyses de la situation lorsqu’il s’agit des sectes islamistes. Leurs réactions est toujours en deçà de ce qu’il faut faire.
            La deuxième erreur à éviter serait de dire que Boko Haram est le problème du Nigeria seul est qu’il faudra le laisser le traiter seul. S’il y a un état-major français au Tchad pour coordonner la lutte contre les islamistes, il ne faudrait pas qu’il ne s’occupe que de l’Aq


mi ; il doit rapidement prendre en compte la menace Boko Haram. On finira par voir le lien qui existe entre ces différents groupes islamistes à éradiquer.
                Comment ne pas s'inquiéter devant les dépêches venant des médias internationaux, notamment de RFI qui disent par exemple: "La ville d’Ashigashiya, à cheval entre le Cameroun et le Nigeria près de Maroua, a partiellement été occupée mardi par les assaillants de Boko Haram. La secte islamiste a exercé toute au long de la journée une pression continue sur des positions de l’armée camerounaise, tout autour de la ville de Kolofata, contraignant les forces camerounaises à un repli de quelques heures et une réorganisation. Une contre-offensive a finalement repoussé les assaillants et le colonel Didier Badjeck dément fermement une occupation de Boko Haram : « Nous avons écouté avec beaucoup d’étonnement que certains médias ont rapporté que deux villages camerounais sont actuellement occupés par les combattants de la secte de Boko Haram, que Kolofata serait à feu et à sang. Nous infirmons et nous démentons avec la plus grande énergie. Les forces de défense camerounaise viennent d’être réorganisées par un acte du chef de l’Etat, et tout au contraire elles viennent d’infliger de lourdes pertes aux intégristes qui ont tenté d’effectuer des incursions à hauteur de Fotokol ». Le ministère de la Défense a indiqué que Boko Haram avait perdu dans ces accrochages vingt-sept de ses hommes ainsi qu’un important arsenal de guerre.
            En attendant, à quoi faut-il s’attendre ? Une menace réelle plane sur le Cameroun, le Niger et le Tchad. Il faut donc être capable d’anticiper afin de ne pas être surpris quand la secte essaiera de prendre pied dans ces différents pays.

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