Il est un fait au Tchad qui, au début, faisait sourire
certaines personnes, puis avec le temps, a fini par agacer plus d’un pour
tomber dans une indifférence complice de tous. Il s’agit en fait d’un
comportement antirépublicain et anti citoyen, dangereux pour ne nation en
construction comme le Tchad. Ce fait consiste en ce que lorsqu’une personne est
nommée dans un poste important de l’Etat, les membres de son groupe ethnique fassent
passer un communiqué à la radio nationale pour remercier le chef de l’Etat d’avoir
nommé un de leur fils à ce poste de responsabilité. Normalement la République
ne devrait pas cautionner de tels faits et cela pour plusieurs raisons.
Ce qui se passe fait penser aux systèmes féodaux de
gouvernement où la famille ou la dynastie régnante se doit de s’associer à d’autres
familles et créer une alliance assez forte pour imposer sa domination. Ici, le
pouvoir ne vient pas du peuple mais de la force, obtenu grâce à une gestion
judicieuse des rivalités avec différentes familles puissantes, différentes
cités… Nous retrouvons cela également chez les chefs de cantons du Tchad qui
prennent habituellement une femme dans chacun de village de leur
circonscription pour créer des alliances qui raffermissent leur autorité.
La République ne doit pas salarier les communautés
ethniques, sinon c’est la porte ouverte à la gabegie et le népotisme.
En poussant la réflexion plus loin, il serait possible de
démanteler la stratégie qui se trouve à la base de cette pratique. A quels
critères obéit-on dans la nomination des agents de l’Etat ?
Normalement, c’est la compétence qui devrait être mise en
avant. C’est un citoyen qui est désigné pour être un commis de l’Etat. Il doit
être performant dans son poste.
Or les communiqués radiodiffusés nous font penser le
contraire. Ils laissent à penser que c’est pour remercier telle ou telle
communauté ethnique que seraient certaines personnes à des postes importants.
Si tel était le cas, la compétence ne serait pas recherchée. En plus, l’agent
en fonction ne serait plus redevable à l’Etat mais uniquement à sa communauté
qui l’a propulsé à cette place. Il lui faudra donc rendre l’ascenseur au sein
de sa communauté ethnique dont il devient d’emblée l’otage.
Ainsi, petit à petit, on ne s’avance vers la construction
d’une nation mais plutôt à la constitution d’agrégations d’intérêts ethniques
prêtes à se disloquer pour se reformer plus loin autour du meilleur enchérisseur.
La République devrait désormais interdire que ces
communiqués « anti citoyens » passent à la radio nationale puisqu’ils
encouragent des pratiques d’un autre âge et portent en eux des germes de
dislocation de la nation. Aux postes de l’’Etat, ne sont nommés que des
citoyens au service de l’Etat !