Cela fait déjà trois mois que François Bozizé a été chassé
du pouvoir par Michel Am-Nondokro Djotodia et sa horde de séléka. Depuis, l’insécurité
règne à Bangui et dans toute la RCA. Rien ne semble indiquer que cela va
prendre fin bientôt ; au contraire des signes inquiétants montrent que les
choses peuvent empirer. A quoi peut-on s’attendre.
La grande crainte des autorités semble venir des caciques
de l’ancien régime qui penseraient à prendre leur revanche en organisant une
rébellion qui viendrait prendre le pouvoir par les armes. A vrai dire, cela n’est
qu’une distraction pour le peuple car le menace sérieuse pour l’actuelle régime
ne viendrait pas de l’extérieur et cela pour plusieurs raisons dont la
principale est que les éléments de la séléka sont d’excellents guerriers qu’une
rébellion organisée à la hâte ne peut chasser en quelques jours.
Le vrai danger viendrait plutôt de l’intérieur de la
séléka même. Plusieurs indices le montre
et pointent vers le rouge. La séléka est une coalition d’une bande hétéroclite
de guerriers venant de partout.
- Il y a d’abord deux
groupes claniques toujours opposés mais qui se sont unis pour les besoins de la
cause, à savoir bouter François Bozizé hors du pouvoir, les goulas et les
roungas. Jusqu’à quand va tenir cet alliage ? Les susceptibilités sont
très grandes et il est à parier que cela va bientôt éclater.
- A côté de ce groupe originel est venu se
greffer tous les bandits et hors la loi de la région ; parmi ceux-ci, on
compte des tchadiens et des soudanais qui semblent vouloir faire la loi partout
où ils passent. Il semble que selon un contrat signé avec Michel Djotodia, ils devraient être payés avant de partir mais ce dernier, depuis qu'il est au pouvoir, aurait décidé de dénoncer le contrat et de les payer en monnaie de singe
La question ne concerne pas si ces différentes factions
font s’affronter ; la question consiste à se demander quand cela va avoir
lieu. A lire les différents signes, cela semble ne plus être pour longtemps.
Jusqu’à il y a encore quelques semaines, on parlait beaucoup d’éléments
incontrôlés de la séléka qui commettaient des exactions ; de plus en plus
on parle de certaines factions qui semblent échapper carrément au contrôle du
pouvoir. On parle surtout des éléments de séléka soudanais du camp de sapeurs-pompiers
de Bangui et de quelques éléments de séléka tchadiens.
Comme signes avant-coureurs, il y a les coups de feu qui
reprennent la nuit et les exactions de plus en plus osées comme la visite des locaux de la CICR dans la nuit
du 26 juin. Dans l'après-midi du vendredi 28 juin et toute la nuit qui a suivi, à la suite d'une altercation avec les jeunes du quartier Gobongo, les éléments de la séléka ont tiré à l'arme lourde et légère dans toute la ville de Bangui. Alors que la population apeurée se terrait dans les maisons, les pillages ont eu lieu dans certains quartiers. En province la situation n'est pas meilleure, c’est la jungle ; chaque faction sème un désordre
sans mesure (vol, viol, assassinats…). Bientôt, comme partout ailleurs, la révolution commencera à dévorerr ses propres enfants. On atteindra alors le point de "non-retour".
En attendant, personne ne fait rien et attend le réveil
du volcan. Les Nations-Unies ne devraient pas prendre à la légère la situation
de la RCA. Il faudrait qu’elles aient une présence plus effective et penser
sérieusement à envoyer des forces en Centrafrique car on ne voit pas comment
les 2000 hommes de la Fomac peuvent faire revenir la sécurité sur tout le
territoire, surtout que cet effectif n'est pas encore atteint.
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