vendredi 4 mars 2022

Tchad/ Point de presse de l'UCCT de Bédjondo

POINT DE PRESSE 
  Que ça cesse ! 
C’est avec une très grande consternation que nous suivons et vivons les atrocités intercommunautaires de ces années ci. A Dôh, village d’une population importante du Département de Bédjondo, des éleveurs mishériés ont massacrés l’année dernière le 31 Mai 2021, 5 paysans dont certains ont été tués dans leurs maisons et tous avec des armes de guerre. Dans le Canton de Yomi, le 16 décembre 2021 un éleveur a intercepté les boeufs des paysans puis a enlevé 52 têtes de bétail en tirant des armes de guerre pour terroriser les paysans. Une partie de ce bétail été récupérée, celle restée vient d’être récupérée. Encore à Yomi, un paysan qui récoltait son coton s’est fait tuer le 21 décembre 2021 par un bouvier éleveur à qui le paysan a demandé tout simplement de retirer ses boeufs de son champ de coton A Sandana dans la sous-préfecture de Koumogo, comme si les massacres de 2019 ne suffisaient pas, encore ce 9 février 2022 les éleveurs lancent une guerre avec des armes de guerre contre la population tuant 12 personnes, sous prétexte que l’un d’eux serait tué par la population autochtone malgré les avis clairs des constats faits par des institutions crédibles. La sauvage répression des manifestants- qui ont pris la rue à la ville de N’Djamena juste pour réclamer la dignité et pleurer leurs morts- sans aucun respect de la dignité de ces hommes et femmes, sans retenu même envers un leader religieux aussi important pour le Tchad, Mgr Archevêque de N’Djamena en même temps Président de la Conférence des évêques du Tchad qui a fait la cible des tirs à gaz lacrymogène. Nous membres de l’Union des Cadres Chrétiens Catholiques au Tchad venons condamner avec fermeté ces actes criminels, à Abéché, Sandana, N’djamena, Doh, Yomi. Pour nous, ces actes qui ne peuvent avoir d’autres noms qu’un crime programmé contre une partie de l’humanité du Tchad. 
  Vous autorités publiques et politiques 
 D’années en années, dans ce pays vous nous remplissez les oreilles par des propos pour lesquels vous n’avez jamais honte de ce que vous nous dites car aucune application. Comment accepter que des criminels connus des services de sécurité de l’Etat circulent en toute liberté sans être poursuivis ? Comment se fait-il que des armes de guerre se trouvent encore dans les mains des civils surtout certains éleveurs qui s’en servent pour tuer et se rendre Justice ? Les armes de guerre sont comme des voitures avec matricules dont on peut suivre la traçabilité. Nous nous étonnons que malgré, la forte machine de renseignement dans ce pays, on n’arrive pas à suivre ces armes et à les récupérer. Tout porte à croire que les paysans en cas de violation de leurs droits, ce sont eux qui doivent assurer les frais des déplacements des autorités de sécurité ? Avec amertume nous constatons que les paysans passent des temps dans les structures judiciaires lorsqu’un différend les oppose aux éleveurs, souvent sans aucun gain de cause. Nous nous souvenons des déclarations du Marechal du Tchad, de vénérable mémoire qui affirme qu’il ne couvre personne dans ce pays. Mais nous devons nous dire quand même la vérité sans craindre aucune répression ou sentiment de régionaliste. Vous responsables et animateurs politiques, vous êtes responsables de la détérioration de ce pays à cause de vos complicités à tous les niveaux. N’oubliez pas que comme enfant de ce même pays nous rendrons compte de nos actes un jour, même si ce n’est pas aujourd’hui. Vous nous avez trop menti pour vendre vos idées politiques pour fins juste de protéger vos intérêts familiaux. Nous avons honte de beaucoup parmi vous les politiciens qui, à chaque crise descendez sur les lieux sans la moindre disponibilité d’écouter la souffrance des victimes mais seulement pour juste dire que les « les plus hautes autorités de la République accordent du prix au vivre ensemble et à la cohabitation pacifique ». N’êtes pas vous-mêmes les grands auteurs du mal vivre dans ce pays ? 
  A vous Excellence le Président du Conseil Militaire de Transition (CMT) et de la République du Tchad. 
Excellence, nous nous rappelons des fortes condamnations faites par votre Père Défunt le maréchal du Tchad à propos des agressions des paysans de Sandana en 2019 qui ont endeuillés vos concitoyens. Mais nous nous demandons ce qu’est ce qui a été fait pour désarmer les éleveurs. Nous pensons que votre coeur de Père de la Nation Tchadienne gémit encore devant ses récentes massacres encore à Sandana, Abéché et presque partout. Monsieur le Président écoutez les cris des gens qui attendent de vous des gestes forts. Car comme tchadiens, nous sommes vos concitoyens. Comme premier Magistrat de la Nation, nous attendons de vous l’équité sans parti pris et la reconnaissance de nos droits les plus élémentaires : vivre en paix Beaucoup de vos ministres nous servent la même recette connue sous le règne de votre Père défunt. C’est dans ce climat de manque de dialogue et des conflits que vous appelez la nation Tchadienne à un dialogue national inclusif. Nos mères, épouses et sœurs qui ont exprimé leur râle bole les corps exposés aux cameras est un signal fort. Les éleveurs accueillis avec sympathie dans nos Provinces, continuent à larguer la population et souvent avec l’appui de certaines autorités, celles-là même qui sont censées vous représenter dans nos Provinces. Nous doutons que comme militaire, vous n’ayez rien appris sur ces abus causés par des autorités, à la fois Généraux-Gouverneurs, Hauts Gradés militaires tous aussi à la fois éleveurs, qui vous représentent auprès des populations. Le mal vivre a atteint son comble à tous les niveaux dans cette situation. Nous demandons que la Justice soit faite et que la population soit informée de ce qui a été fait. Nous sommes obligés de nous adresser à vous directement que l’appareil Judiciaire dans notre pays ne soit pas la cible des immixtions des politiques qui souvent ne sont pas neutres.
  A vous agents de l’ordre et de la Sécurité publique
Votre mission jusqu’à la preuve du contraire est d’assurer la sécurité de la nation et non le contraire. Malheureusement, nous cheminons vers la compréhension de votre rôle régalien comme des forces répressives pour vos concitoyens. Ne nous laissez pas comprendre les armes sont dans vos mains pour nous réprimer alors que c’est vers nous que certains acteurs de la scène politique accouraient pour solliciter nos voix aux urnes. Une grande partie de la population tchadienne est sans arme. Mais la manière de faire actuellement la conduira à se révolter même sans armes. Ce qui ne facilitera pas la construction d’un Tchad pour tous que nous appelons de tous nos vœux. Aidons-nous mutuellement à faire la paix. A vous tous et toutes, à travers cette déclaration, nous exprimons nos profondes consternations aux victimes trépassées de Sandana, de Doh, de Yomi, de Matekaga, d’Abeché, les marcheurs de N’Djamena, à notre sœur qui a perdu l’oeil durant la marche. 
  Opinion internationale et nationale. 
Notre Nation va mal. Ecoutez aussi les cris de sa population. Nous entrons aujourd’hui comme chrétiens catholiques dans le carême. Nous prierons pour la paix dans notre pays, nous prierons aussi pour vous les autorités et agents de l’ordre et de la sécurité 
  Signé UCCT DE BEDJONDO Au mercredi des Cendres 2022

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire