Que ça cesse !
C’est avec une très grande consternation que nous suivons et vivons les
atrocités intercommunautaires de ces années ci. A Dôh, village d’une population
importante du Département de Bédjondo, des éleveurs mishériés ont massacrés
l’année dernière le 31 Mai 2021, 5 paysans dont certains ont été tués dans leurs
maisons et tous avec des armes de guerre. Dans le Canton de Yomi, le 16 décembre
2021 un éleveur a intercepté les boeufs des paysans puis a enlevé 52 têtes de
bétail en tirant des armes de guerre pour terroriser les paysans. Une partie de
ce bétail été récupérée, celle restée vient d’être récupérée. Encore à Yomi, un
paysan qui récoltait son coton s’est fait tuer le 21 décembre 2021 par un
bouvier éleveur à qui le paysan a demandé tout simplement de retirer ses boeufs
de son champ de coton A Sandana dans la sous-préfecture de Koumogo, comme si les
massacres de 2019 ne suffisaient pas, encore ce 9 février 2022 les éleveurs
lancent une guerre avec des armes de guerre contre la population tuant 12
personnes, sous prétexte que l’un d’eux serait tué par la population autochtone
malgré les avis clairs des constats faits par des institutions crédibles. La
sauvage répression des manifestants- qui ont pris la rue à la ville de N’Djamena
juste pour réclamer la dignité et pleurer leurs morts- sans aucun respect de la
dignité de ces hommes et femmes, sans retenu même envers un leader religieux
aussi important pour le Tchad, Mgr Archevêque de N’Djamena en même temps
Président de la Conférence des évêques du Tchad qui a fait la cible des tirs à
gaz lacrymogène. Nous membres de l’Union des Cadres Chrétiens Catholiques au
Tchad venons condamner avec fermeté ces actes criminels, à Abéché, Sandana,
N’djamena, Doh, Yomi. Pour nous, ces actes qui ne peuvent avoir d’autres noms
qu’un crime programmé contre une partie de l’humanité du Tchad.
Vous autorités publiques et politiques
D’années en années, dans ce pays vous nous remplissez les oreilles par des
propos pour lesquels vous n’avez jamais honte de ce que vous nous dites car
aucune application. Comment accepter que des criminels connus des services de
sécurité de l’Etat circulent en toute liberté sans être poursuivis ? Comment se
fait-il que des armes de guerre se trouvent encore dans les mains des civils
surtout certains éleveurs qui s’en servent pour tuer et se rendre Justice ? Les
armes de guerre sont comme des voitures avec matricules dont on peut suivre la
traçabilité. Nous nous étonnons que malgré, la forte machine de renseignement
dans ce pays, on n’arrive pas à suivre ces armes et à les récupérer. Tout porte
à croire que les paysans en cas de violation de leurs droits, ce sont eux qui
doivent assurer les frais des déplacements des autorités de sécurité ? Avec
amertume nous constatons que les paysans passent des temps dans les structures
judiciaires lorsqu’un différend les oppose aux éleveurs, souvent sans aucun gain
de cause. Nous nous souvenons des déclarations du Marechal du Tchad, de
vénérable mémoire qui affirme qu’il ne couvre personne dans ce pays. Mais nous
devons nous dire quand même la vérité sans craindre aucune répression ou
sentiment de régionaliste. Vous responsables et animateurs politiques, vous êtes
responsables de la détérioration de ce pays à cause de vos complicités à tous
les niveaux. N’oubliez pas que comme enfant de ce même pays nous rendrons compte
de nos actes un jour, même si ce n’est pas aujourd’hui. Vous nous avez trop
menti pour vendre vos idées politiques pour fins juste de protéger vos intérêts
familiaux. Nous avons honte de beaucoup parmi vous les politiciens qui, à chaque
crise descendez sur les lieux sans la moindre disponibilité d’écouter la
souffrance des victimes mais seulement pour juste dire que les « les plus hautes
autorités de la République accordent du prix au vivre ensemble et à la
cohabitation pacifique ». N’êtes pas vous-mêmes les grands auteurs du mal vivre
dans ce pays ?
A vous Excellence le Président du Conseil Militaire de Transition (CMT) et de
la République du Tchad.
Excellence, nous nous rappelons des fortes condamnations faites par votre Père
Défunt le maréchal du Tchad à propos des agressions des paysans de Sandana en
2019 qui ont endeuillés vos concitoyens. Mais nous nous demandons ce qu’est ce
qui a été fait pour désarmer les éleveurs. Nous pensons que votre coeur de Père
de la Nation Tchadienne gémit encore devant ses récentes massacres encore à
Sandana, Abéché et presque partout. Monsieur le Président écoutez les cris des
gens qui attendent de vous des gestes forts. Car comme tchadiens, nous sommes
vos concitoyens. Comme premier Magistrat de la Nation, nous attendons de vous
l’équité sans parti pris et la reconnaissance de nos droits les plus
élémentaires : vivre en paix Beaucoup de vos ministres nous servent la même
recette connue sous le règne de votre Père défunt. C’est dans ce climat de
manque de dialogue et des conflits que vous appelez la nation Tchadienne à un
dialogue national inclusif. Nos mères, épouses et sœurs qui ont exprimé leur
râle bole les corps exposés aux cameras est un signal fort. Les éleveurs
accueillis avec sympathie dans nos Provinces, continuent à larguer la population
et souvent avec l’appui de certaines autorités, celles-là même qui sont censées
vous représenter dans nos Provinces. Nous doutons que comme militaire, vous
n’ayez rien appris sur ces abus causés par des autorités, à la fois
Généraux-Gouverneurs, Hauts Gradés militaires tous aussi à la fois éleveurs, qui
vous représentent auprès des populations. Le mal vivre a atteint son comble à
tous les niveaux dans cette situation. Nous demandons que la Justice soit faite
et que la population soit informée de ce qui a été fait. Nous sommes obligés de
nous adresser à vous directement que l’appareil Judiciaire dans notre pays ne
soit pas la cible des immixtions des politiques qui souvent ne sont pas neutres.
A vous agents de l’ordre et de la Sécurité publique.
Votre mission
jusqu’à la preuve du contraire est d’assurer la sécurité de la nation et non le
contraire. Malheureusement, nous cheminons vers la compréhension de votre rôle
régalien comme des forces répressives pour vos concitoyens. Ne nous laissez pas
comprendre les armes sont dans vos mains pour nous réprimer alors que c’est vers
nous que certains acteurs de la scène politique accouraient pour solliciter nos
voix aux urnes. Une grande partie de la population tchadienne est sans arme.
Mais la manière de faire actuellement la conduira à se révolter même sans armes.
Ce qui ne facilitera pas la construction d’un Tchad pour tous que nous appelons
de tous nos vœux. Aidons-nous mutuellement à faire la paix. A vous tous et
toutes, à travers cette déclaration, nous exprimons nos profondes consternations
aux victimes trépassées de Sandana, de Doh, de Yomi, de Matekaga, d’Abeché, les
marcheurs de N’Djamena, à notre sœur qui a perdu l’oeil durant la marche.
Opinion internationale et nationale.
Notre Nation va mal. Ecoutez aussi
les cris de sa population. Nous entrons aujourd’hui comme chrétiens catholiques
dans le carême. Nous prierons pour la paix dans notre pays, nous prierons aussi
pour vous les autorités et agents de l’ordre et de la sécurité
Signé
UCCT DE BEDJONDO Au mercredi des Cendres 2022
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