Est-ce l’épilogue de l’accord de Koumra du 15 octobre ? Par un décret datant du 25 octobre 2021, le Ministère de l’Administration du Territoire et de la décentralisation du Territoire nomme une nouveau Gouverneur de la province du Mandoul alors que l’ancienne est appelée à d’autres fonctions. Que faut-il en dire ?
D’emblée, on pourrait dire que la sanction administrative a
suivi la faute commise par l’ancienne gouverneur du Mandoul. Cela dit, faut-il
refermer le dossier ? Une lecture naïve répondrait par l’affirmative,
mais, en réalité, il ne s’agit qu’un palliatif. Pourquoi cela ?
Pour un lecteur assidu de la vie de nos provinces, l’éviction
de madame la gouverneure du Mandoul est tout simplement une manœuvre pour
éliminer les effets au lieu de s’occuper de la cause. C’est casser le
thermomètre au lieu de soigner la fièvre.
L’accord de Koumra qui a été annulé et qui a causé le
départ de la gouverneure du Mandoul voulait régler les tensions entre les
différentes communautés dans la province. La maladresse de l’accord vient du
fait que la dia a été retenue malgré les textes de la République. Annuler l’accord
et relever la gouverneure de ses fonctions pour en nommer un autre ne résout
pas le problème. Il y a en fait deux problèmes qui se sont entrecroisés ici. D’un
côté, la « dia » pour régler les homicides, et de l’autre, les
conflits entre les différentes communautés, exacerbés par le conflit éleveurs-agriculteurs.
Pour la « dia », il faut renforcer le décret de
2019 et l’interdire tout simplement. Tout homicide implique l’Etat d’une manière
ou d’une autre. Il n’y a pas de place pour quel que subterfuge que ce soit.
Le conflit éleveur-agriculteur est comme un cancer qui
ronge le pays de l’intérieur et son traitement d’une manière partiale ne fait
créer une métastase dont le perdant est le pays tout entier. Au lieu de prendre
une décision en dehors de tout contexte, il faudrait trouver une solution sur
le plan national. Pour cela, il faudra commencer par créer un comité ad hoc
regroupant entre autres des juristes, des géographes, des historiens, des
administrateurs, des représentants des éleveurs et des agriculteurs. Que ce
comité étudie le problème et propose une solution qui convienne. C’est seulement
après cela qu’une décision pourrait être prise.
En tout, le bien commun doit être recherché et conservé. Il
faudrait donc que le problème de Koumra soit plus féconde pour le vivre-ensemble
au Tchad.
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