dimanche 30 janvier 2022
Afrique, qu'allais-tu faire dans cette galère ? (par Pascal Djimoguinan)
Lorsqu’on voit la situation politico-militaire de l’Afrique en ce début de l’année 2022, on se croirait dans un remake des années 70s et 80, en pleine guerre froide. L’Afrique, incapable d’émancipation et d’autonomie politique, continue de se prostituer en se cachant derrière un parrain. Drôle de façon de revendiquer son indépendance.
Nous voilà revenus au vieux temps où les casernes, incapables de retenir leurs hommes, les déversent dans l’arène politique. Et comme autrefois, il y a des foules pour les soutenir, marquant ainsi la faillite des civils à diriger les Etats.
Comme une trainée de poudre, des régimes issus de coups d’Etat se sont installés en Afrique :
Mali : 18 août 2020 ; 24 mai 2021
Tchad : 19-20 avril 2021
Guinée : 5 septembre 2021
Soudan : 25 octobre 2021
Burkina Faso : 24 janvier 2022
Le tragique de la situation est que l’on en est à se demander quel pays sera le prochain à passer sous la coupe des militaires, et surtout qu’il ne semble pas y avoir d’alternative.
Pour le moment, toutes les institutions régionales et l’Union africaine peinent à endiguer le flot. Toutes les mesures prises semblent inefficaces. Toutes ces institutions semblent avoir perdu leur légitimité du fait qu’elles n’aient pas réagi quand les situations sécuritaires se dégradaient et quand les régimes renversés sortaient de la légalité constitutionnelle en tripotant les textes.
La plupart des régimes issus des coups d’Etat, notamment en Afrique de l’Ouest feignent avoir bon dos. Ils estiment devoir remettre de l’ordre aussi bien sécuritaire que constitutionnel puisque la situation était devenue intenable…
On voir resurgir le langage nationaliste exacerbé qui dénonce la mainmise de la France sur les Etats francophones et on agite le chiffon rouge de Wagner, ce groupe de paramilitaires privé russe qui vient aider à assurer la sécurité.
L’opposition civile semble adhérer au statu quo ou disparaître. Elle semble faire confiance aux militaires, en oubliant que la place de ces derniers est au front et que ce sont les civils qui doivent diriger sur le plan politique.
Le Mali a à peine caché son jeu quand les militaires ont proposé une durée de 5 ans pour la transition. L’alliance avec les russes qui se renforce, risque de confirmer la longue durée de la transition qui se met en place. La société civile, pour le moment, ne voit que du feu et se laisse voler sa place. Lorsqu’elle se réveillera, elle n’aura pas de place du tout. Quand l’ordre constitutionnel est rompu, elle ne peut pas se remettre en place du jour au lendemain. Et c’est toujours difficile de faire rentrer les militaires dans les casernes.
Quel avenir pour l’Afrique pour les cinq années à venir ? On peut défier n’importe quelle personne se disant capable de répondre en lisant une boule de cristal. La seule réponse plausible est que l’avenir est incertain.
Il faut battre le rappel de tous les démocrates africains. Qu’ils ne se laissent pas tenter par les sirènes des bruits de bottes qui viendraient remettre de l’ordre.
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