La blogosphère tchadienne est rouge, tellement elle est en hyperactivité depuis quelques jours. Ce qui la tient ainsi en émoi, c’est le fameux soi-disant accord sur le consensus des chefs coutumiers et traditionnels du Mandoul.
Cet accord, ou consensus, aurait purement et simplement
pour but de fixer le « prix du sang » dans le Mandoul lorsqu’il y a
mort d’homme. Il s’agit en fait de fixer ce qui est appelé la « Dia ».
Il est étonnant de voir que les lois de la République sont
purement et simplement ignorées dans l’élaboration de cet accord. Ce qui
étonne, ou plutôt ce qui détonne, c’est que l’assemblée a été présidée par la
gouverneure du Mandoul qui cautionne l’accord. Il faut donc parler de l’accord
Diamlar Betolngar puisque la signature de la gouverneure s’y trouve.
Que penser de ce consensus ?
Tout d’abord, il apparaît clairement dans ce document qu’il
y a une permission de tuer ; dans les détails, on donne le prix à payer s’il
s’agit d’un homicide volontaire ou d’un accident de circulation. Le prix varie
entre un million cinq cent mille Fcfa et un million Fcfa (2290 euros et 1526
euros).
Dans le fameux consensus, il n’est pas question de
sanctions pénales. Cela voudrait-il dire que tout s’arrête au payement de la
dia ?
Avec la dia, la sanction n’est plus individuelle mais
communautaire. Evidemment, il faut dire que les pauvres paysans du Mandoul ne seront
pas capables de trouver individuellement le prix du sang, ce qui signifie que
ce sera toute la communauté qui sera touchée.
Il faut maintenant s’interroger sur cet acharnement à
imposer aux populations du Sud du Tchad une coutume qui n’est pas la leur ?
Lorsqu’on se rend compte que le conflit
éleveurs/agriculteurs est récurent dans le Mandoul, ce consensus se présente
comme une prise de position partiale qui ne fera qu’augmenter le sentiment d’insécurité
des populations.
[1]
L’accord de Koumra, du 15 octobre 2021, sera heureusement annulé par une lettre
du Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, du 22
octobre 2021. Par la lettre, le ministre porte à la connaissance de la
gouverneure qu’au regard de la réglementation des textes en vigueur en la
matière, ledit accord est annulé dans tous ses effets. Cela signifie tout
simplement que la gouverneure est désavouée pour le simple motif de l’ignorance
des textes. La suite logique des événements ne tardera sans doute pas. La
gouverneure aura-t-elle le courage de démissionner ou attendra-t-elle d’être relevée
de ses fonctions ? L’avenir nous le dire.
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