Il faudra sans doute être un charlatan pour dire où va le Tchad, six mois après le décès de l’ancien président Idriss Deby Itno. Un conseil militaire dirigé par l’un de ses fils a été mis en place avec comme objectif de diriger une transition de 18 mois. A part le fait que 6 mois sont passés depuis et qu’il ne reste plus que 12 mois de transition, que peut-on dire de concret sur l’avenir du pays ?
Un premier constat, c’est qu’on reprend les mêmes et on
recommence. Cela penser aux films d’horreur où on a l’impression d’un déjà vu
qui se déroule sans qu’on ne puisse l’arrêter ni avoir aucune maîtrise sur les
événements.
Le conseil national de transition qui fera office de
parlement provisoire, désigné par la junte au pouvoir, a été installé depuis le
5 octobre et le président de l’ancienne Assemblée Nationale, Haroun Kabadi
(oui, cela qui aurait refusé, pour cause de maladie, d’assumer son obligation
constitutionnelle de prendre la place du président en cas de vacance du pouvoir)
en a été désigné président par acclamation.
Lorsque l’on sait que le président de ce parlement
provisoire est en même temps est l’actuel secrétaire général du Mouvement Patriotique
du Salut (MPS), le parti du défunt président, à la suite d’un congrès extraordinaire
depuis le 10 juin, on voit bien que la boucle est bouclée.
Il est difficile que quelque chose de nouveau sorte de ce
scénario qui semble éprouver de l’effroi devant toute nouveauté. Que nous
réserve l’avenir ? La transition prendra-elle fin.
Si à cela, on ajoute que, pour se donner un air de
respectabilité, la junte a nommé un gouvernement de transition avec un premier
ministre civile, on est en droit d’être dubitatif quant à la neutralité du
gouvernement qui conduira les élections qui devraient suivre la transition. Le
malaise grandit quand on sait qui est le premier ministre nommé par le chef de
la junte ; il s’agit d’Albert Pahimi Padacké qui était le dernier Premier
ministre du président défunt, avant que ce poste ne soit supprimé.
Devant tout cet appareil, nommé afin de rendre les choses
comme elles devraient être, et un consensus qui semble se mettre en place avec
l’ancienne opposition (sans donner l’impression d’être une galerie de
vieillards), la société civile seule semble encore avoir la tête en place.
Ainsi, en essayant d’utiliser le peu de liberté qui lui est donné, Wakit tama
(avec les Transformateurs) organise des marches pour rappeler que la démocratie
ne doit pas simplement être enterrée.
Personne ne peut deviner l’avenir du Tchad mais il est
temps que quelques esprits se réveillent et mettent l’intérêt du pays devant
les leurs. Qui se rappelle encore que quelqu’un disait : « A vin
nouveau, outres neuves ? »
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