samedi 16 octobre 2021

Tchad : Où en sommes-nous ? (Par Pascal Djimoguinan)

           Il faudra sans doute être un charlatan pour dire où va le Tchad, six mois après le décès de l’ancien président Idriss Deby Itno. Un conseil militaire dirigé par l’un de ses fils a été mis en place avec comme objectif de diriger une transition de 18 mois. A part le fait que 6 mois sont passés depuis et qu’il ne reste plus que 12 mois de transition, que peut-on dire de concret sur l’avenir du pays ?

          Un premier constat, c’est qu’on reprend les mêmes et on recommence. Cela penser aux films d’horreur où on a l’impression d’un déjà vu qui se déroule sans qu’on ne puisse l’arrêter ni avoir aucune maîtrise sur les événements.

          Le conseil national de transition qui fera office de parlement provisoire, désigné par la junte au pouvoir, a été installé depuis le 5 octobre et le président de l’ancienne Assemblée Nationale, Haroun Kabadi (oui, cela qui aurait refusé, pour cause de maladie, d’assumer son obligation constitutionnelle de prendre la place du président en cas de vacance du pouvoir) en a été désigné président par acclamation.

          Lorsque l’on sait que le président de ce parlement provisoire est en même temps est l’actuel secrétaire général du Mouvement Patriotique du Salut (MPS), le parti du défunt président, à la suite d’un congrès extraordinaire depuis le 10 juin, on voit bien que la boucle est bouclée.

          Il est difficile que quelque chose de nouveau sorte de ce scénario qui semble éprouver de l’effroi devant toute nouveauté. Que nous réserve l’avenir ? La transition prendra-elle fin.

          Si à cela, on ajoute que, pour se donner un air de respectabilité, la junte a nommé un gouvernement de transition avec un premier ministre civile, on est en droit d’être dubitatif quant à la neutralité du gouvernement qui conduira les élections qui devraient suivre la transition. Le malaise grandit quand on sait qui est le premier ministre nommé par le chef de la junte ; il s’agit d’Albert Pahimi Padacké qui était le dernier Premier ministre du président défunt, avant que ce poste ne soit supprimé.

          Devant tout cet appareil, nommé afin de rendre les choses comme elles devraient être, et un consensus qui semble se mettre en place avec l’ancienne opposition (sans donner l’impression d’être une galerie de vieillards), la société civile seule semble encore avoir la tête en place. Ainsi, en essayant d’utiliser le peu de liberté qui lui est donné, Wakit tama (avec les Transformateurs) organise des marches pour rappeler que la démocratie ne doit pas simplement être enterrée.

          Personne ne peut deviner l’avenir du Tchad mais il est temps que quelques esprits se réveillent et mettent l’intérêt du pays devant les leurs. Qui se rappelle encore que quelqu’un disait : « A vin nouveau, outres neuves ? » 




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