lundi 24 août 2020

TCHAD : N’Djamena, nouvelle cité lacustre (par Pascal Djimoguinan)


                      Face aux phénomènes des inondations, tous, des responsables aux citoyens lambda, passent au plus pressé en rafistolant avec les moyens de bord. Cela recommence chaque année bien arrosée. Quand pensera-t-on prendre le taureau par les cornes et trouver une solution pérenne ?
            Il suffit d’interroger les lamy-fortains. Que sont devenus les nombreux « boutas » où, jeunes gamins, nous en sortions en nous ébrouant après les baignades interdites. Si Fort-Lamy ne pouvait s’enorgueillir de posséder mille collines, elle possédait bien mille marécages en saison des pluies.
            Déjà autrefois, la ville de N’Djamena avait du mal à gérer son trop-plein d’eau pendant la saison des pluies. Il y avait trois grands canaux de drainage pour évacuer l’eau : le canal Saint Martin, le canal entre Ridina et Ambassana du côté du marché de mil et enfin le « bouta » entre Ridina, Ardep-Djoumbal et Paris-Congo. D’autres caniveaux ont été construits par la suite.
            Lorsque N’Djamena a commencé à s’agrandir, ce sont les anciens marécages qui ont été rapidement comblés et lotis pour les habitants.
            Les nouveaux quartiers de N’Djamena sont de véritables bourbiers. Le leurre, c’est que la saison sèche est très longue au Tchad et en plus, depuis quelques années, les précipitations ne sont pas importantes. Tous les habitants des nouveaux quartiers ont l’impression d’être en sécurité jusqu’à ce qu’on arrive à une année bien arrosée. Alors N’Djamena devient une cité lacustre.
            Année après année, lorsque la pluviométrie est abondante, Il y a un remue-ménage générale qui voit les responsables politiques et ceux des communes faire des descentes sur le terrain, des bennes de sable et de gravats font la navette, des engins de terrassement sont mis en contribution. Mais lorsque la saison des pluies passe, plus personne ne se soucie de rien. On attend la prochaine saison des pluies abondante pour qu’il y ait branle de combat.
            Pourrions-nous prendre comme défi que c’est la dernière année que N’Djamena connaisse ce problème ? Est-il possible de penser sérieusement à construire des canalisations pour évacuer les eaux et des bassins de rétention ?
            Il faut arrêter de faire un pilotage à vue dans l’urbanisation de N’Djamena. Ce ne sont pas les urbanistes et les ingénieurs de génie civil qui manquent au Tchad. Les canalisations de la ville de N’Djamena doivent être repensées et exécutées de telle manière que les ndjamenois puisse puissent vivre de manière décente quelle que soit la saison.
            Il ne faut pas s’étonner si après ces inondations, la population souffre des maladies liées à l’eau.
            N’Djamena mérite plus que ces images que nous voyons ces derniers jours.




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