Plusieurs Etats africains fêtent en cette année 2020 leur
soixantième anniversaire d’accession à la « souveraineté
internationale ». Chimère ou désillusion ? N’est-ce pas venu, pour
tous ces sexagénaires, le temps de l’inventaire ? De quelles marges
disposent ces Etats aussi bien sur le plan politique qu’économique ?
N’est-ce pas un truisme que de dire que quand Paris
tousse, l’Afrique francophone s’enrhume ? Tout analyste assez fin pourra
décortiquer dans toute décision importante prise en Afrique francophone les
effluves parisiennes. Plus, quand la décision à prendre est capitale, le
président français n’hésite pas à convoquer à Paris les chefs d’Etat de
l’Afrique francophone (tous ont encore en mémoire la convocation de Macron des
chefs d’Etat du Sahel à Pau le 16 décembre 2019). Toute décision politique
importante en Afrique francophone doit avoir, sinon l’aval de Paris, du moins
son accord implicite puisqu’ayant été informé au préalable.
Cette dépendance politique a pour corollaire la
dépendance économique ou vice-versa. Nul n’est besoin de rappeler ici le
contentieux du franc CFA avec l’épisode Macron-Ouattara du passage à l’Eco.
Un proverbe africain dit que « la main qui donne est
au-dessus de celle qui reçoit. » Malheureusement plusieurs Etats francophones
vivent dans la culture de la fameuse aide au développement. Tout projet de
développement repose sur l’aide extérieure. Aucun effort n’est fourni sur le
plan intérieur. Au contraire, toute source de financement intérieur devient le
lieu de tous les gaspillages et de gabegie (douanes, taxes, impôts, etc.)
Cette politique de tout attendre d’un financement
extérieur se retrouve à tous les niveaux. Ainsi pour la moindre œuvre à
réaliser, on se tourne vers les « projets » pour obtenir une aide
financière extérieure. En Afrique francophone, des Etats jusqu’aux plus petites
organisations sont devenus des « mendiants professionnels » vivants
sous la perfusion perpétuelle de l’assistanat financier.
Comme le disait le poète martiniquais, « Voici le temps de se ceindre les reins comme
un vaillant homme. »(Aimé Césaire, Cahier
d’un retour au pays natal). Il est temps de sortir de notre sommeil
dogmatique et de nous prendre en main. L’aide extérieur maintient dans une
somnolence soporifique. Cherchons à développer les activités locales
génératrices de revenus et à les défendre. Il faudrait commencer à en faire l’inventaire
et alors à les encourager. Toute aide financière extérieure ne doit venir que
pour servir d’appoint et non prendre la place des financements intérieurs. Il
est étonnant qu’après une soixantaine d’années d’indépendance, on en est encore
à dépendre complètement de l’aide occidentale.
Nous devrions quand même avoir un peu de fierté. Toute
aide extérieure qui vient étouffer les initiatives et les efforts intérieurs
est toxique. Ayons le courage de l’affirmer.
Ce ne sera que lorsque nous aurons atteint un certain
niveau d’indépendance économique que nous pourrions prétendre à l’indépendance
politique. Nos bras ne sont pas faits pour quémander mais pour travailler. Soyons
les artisans de notre indépendance en nous prenant nous-mêmes économiquement en
main.
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