dimanche 11 février 2018

Tchad : pourquoi j'ai peur pour mon pays (par Pascal Djimoguinan)

Le climat aussi bien politique, économique que social au Tchad sont inquiétants. Tous les signaux sont rouges et rien n’indique que les choses sont prêtes à s’arranger. Certains préfèrent la politique de l’autruche alors que d’autres, sans doute pris par le complexe de Gribouille, font une fuite en avant. Le Tchad ne mériterait-il pas mieux ?
            Depuis pratiquement les dernières élections présidentielles au Tchad (10 avril 2016), le climat politique ne fait que se détériorer. Si avant, on pouvait encore parler de temps en temps de dialogues et de négociations entre les différents politiciens, la société civile et autres, nous sommes entrés dans une phase de rupture de tout dialogue, oubliant l’adage qui dit que « Rien n’est comme une île dans la mer. »
            Avec l’absence du dialogue, on peut énoncer la mort du politique. Sommes-nous en train de sortir du consensus pour aller contre un mur ?
            Avec le politique agonisant, toutes les autres structures sont en panne. Ainsi, sans accord avec les syndicats et les autres partenaires sociaux, le gouvernement décide de gérer les salaires et autres charges salariales à sa guise, sans tenir compte de l’avis de personne.
            Il y a comme une sorte de cécité qui vient d’en haut et qui empêche aux gouvernants de voir la situation financière du peuple.
            L’attitude des gouvernants pousse les partis politiques de l’opposition, la société civile, les syndicats à un radicalisme qui ne dit pas son nom.
            Désormais les différents acteurs se regardent chiens de faïence, durcissant au passage les revendications d’un côté et mettant en place une politique de plus en plus brutale de répressions de l’autre côté.
            Nous en sommes arrivés à état de fait où plus rien ne fonctionne. Les différents services étatiques sont à l’arrêt, toutes les écoles sont fermées et la stratégie de la résistance à l’Etat est en train de s’affiner.
            A combien de morts arriverons-nous pour comprendre qu’il faut dialoguer ? Les différents conflits armés nous ont fait vivre dans notre chair la fameuse phrase d’Emile Girardin : « On peut tout faire avec une baïonnette sauf s’asseoir dessus. »
            Le poète l’emportera toujours sur le belliqueux. Osons rêver et remettons-nous au dialogue. C’est le Tchad qui en sortira vainqueur. Quant aux va-en-guerre de tous les camps, nous les prions simplement d’écouter le déserteur de Marcel Mouloudji :
Messieurs qu'on nomme Grands
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir
Messieurs qu'on nomme Grands
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens
C'est pas pour vous fâcher
Il faut que je vous dise
Les guerres sont des bêtises
Le monde en a assez
Depuis que je suis né
J'ai vu mourir des pères
J'ai vu partir des frères
Et pleurer des enfants
Des mères ont tant souffert
Et d'autres se gambergent
Et vivent à leur aise
Malgré la boue de sang
Il y a des prisonniers
On a volé leur âme
On a volé leur femme
Et tout leur cher passé
Demain de bon matin
Je fermerai ma porte
Au nez des années mortes
J'irai par les chemins
Je vagabonderai
Sur la terre et sur l'onde
Du Vieux au Nouveau Monde
Et je dirai aux gens:
Profitez de la vie
Eloignez la misère
Vous êtes tous des frères
Pauvres de tous les pays
S'il faut verser le sang
Allez verser le vôtre
Messieurs les bon apôtres
Messieurs qu'on nomme Grands
Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarmes
Que je n'aurai pas d'armes
Et qu'ils pourront tirer
Et qu'ils pourront tirer...



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