samedi 17 février 2018

Tchad : Et si on osait… (par Pascal Djimoguinan)

            Depuis plusieurs semaines, toutes les activités sont à l’arrêt au Tchad, suite à ce qu’on appellerait pudiquement un mouvement social. L’administration est au ralenti, sans doute avec les conséquences que l’on ne sentira que plus tard. La pire des choses est que les établissements d’enseignement, aussi bien maternels, fondamentaux, secondaires qu’universitaires sont fermés avec des jeunes désœuvrés et s’attendant comme d’habitude à une année scolaire et académique tronquée. Personne n’est en mesure de dire actuellement quand cet état de fait prendra fin. Faut-il se croiser les bras et attendre tranquillement ? Est-il possible de faire quelque chose ? Alors que faire ?
            Notre point de départ dans la réflexion est le concept wébérien de l’usage légitime de la force. Dans son ouvrage Le Savant et le Politique, Max Weber forge le concept politique de  violence légitime que détient l’Etat : « Un Etat est une communauté humaine qui revendique le monopole de l’usage légitime de la violence physique sur un territoire donné. » Max Weber explique alors que si des individus peuvent faire usage de la violence, elle ne peut pas être légitime. Même le cas de légitime défense est octroyé par l’Etat.
            Partant de cela, nous ne faisons pas entrer la possibilité de la violence, quelle qu’elle soit dans le cadre de notre réflexion. Il ne nous reste plus que la possibilité de la non-violence dans ses différentes formes.
            Couramment, la non-violence est conçue comme « opposition à la violence sans nuire ou causer du tort à autrui. » (Kahwa Njojo) Aussi bien principe du christianisme, des religions d’Inde, de l’Islam que de la philosophie, la non-violence a une autorité aussi bien morale que religieuse et aucun être rationnelle ne pourrait la décrier ou simplement l’ignorer.
            Dans la pratique, la non-violence emprunte trois voies selon le choix des individus, à savoir, l’objection de conscience, le pacifisme et (ou) la résistance passive.
            Des actes de non-violence peuvent être appliqués au service de la non-violence par rapport à des institutions ou des autorités civiles, en vue de réformes politiques, économiques ou sociales, en faisant appel à l’opinion publique. On peut avoir alors ce qu’on appelle la résistance non violente et (ou) la désobéissance civile.
            Pour que la non-violence soit efficace, il faudrait qu’elle soit graduée.
            Il y a une manière simple de vivre cette non-violence. En regardant autour de nous, nous pouvons emprunter ce que font nos voisins et amis.
            Nous savons que dans la journée du 23 février 2018, plusieurs choses sont prévues : les chrétiens catholiques vont jeûner pour la paix dans le pays. Des organisations de la société civile appellent à une journée sans téléphone pour protester contre la cherté des prestations des sociétés de téléphonie.
            Il est une autre action que peuvent faire tous les étudiants, élèves, parents, enseignants, tout en restant chez eux. Si d’ici là les cours n’ont pas repris, tous sont invités à porter un tee-shirt noir toute la journée du 23 février. Moi j’ai déjà acheté le mien et je le porterai ce jour si les cours ne reprennent pas. J’appelle donc tous les sympathisants à la cause de l’éducation dans notre pays d’acheter dès maintenant un tee-shirt noir. A partir du vendredi 23 février, on pourrait porter des tee-shirts noirs tous les vendredis jusqu’à la reprise des cours.

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