Depuis plusieurs semaines, toutes les activités sont à l’arrêt
au Tchad, suite à ce qu’on appellerait pudiquement un mouvement social. L’administration
est au ralenti, sans doute avec les conséquences que l’on ne sentira que plus
tard. La pire des choses est que les établissements d’enseignement, aussi bien
maternels, fondamentaux, secondaires qu’universitaires sont fermés avec des
jeunes désœuvrés et s’attendant comme d’habitude à une année scolaire et
académique tronquée. Personne n’est en mesure de dire actuellement quand cet
état de fait prendra fin. Faut-il se croiser les bras et attendre
tranquillement ? Est-il possible de faire quelque chose ? Alors que
faire ?
Notre point de départ dans la réflexion est le concept wébérien
de l’usage légitime de la force. Dans son ouvrage Le Savant et le Politique, Max Weber forge le concept politique
de violence légitime que détient l’Etat :
« Un Etat est une communauté humaine
qui revendique le monopole de l’usage légitime de la violence physique sur un
territoire donné. » Max Weber explique alors que si des individus
peuvent faire usage de la violence, elle ne peut pas être légitime. Même le cas
de légitime défense est octroyé par l’Etat.
Partant de cela, nous ne faisons pas entrer la
possibilité de la violence, quelle qu’elle soit dans le cadre de notre
réflexion. Il ne nous reste plus que la possibilité de la non-violence dans ses
différentes formes.
Couramment, la non-violence est conçue comme « opposition à la violence sans nuire
ou causer du tort à autrui. » (Kahwa Njojo) Aussi bien principe du
christianisme, des religions d’Inde, de l’Islam que de la philosophie, la
non-violence a une autorité aussi bien morale que religieuse et aucun être rationnelle
ne pourrait la décrier ou simplement l’ignorer.
Dans la pratique, la non-violence emprunte trois voies
selon le choix des individus, à savoir, l’objection
de conscience, le pacifisme et (ou) la résistance passive.
Des actes de non-violence peuvent être appliqués au
service de la non-violence par rapport à des institutions ou des autorités
civiles, en vue de réformes politiques, économiques ou sociales, en faisant
appel à l’opinion publique. On peut avoir alors ce qu’on appelle la résistance
non violente et (ou) la désobéissance civile.
Pour que la non-violence soit efficace, il faudrait qu’elle
soit graduée.
Il y a une manière simple de vivre cette non-violence. En
regardant autour de nous, nous pouvons emprunter ce que font nos voisins et
amis.
Nous savons que dans la journée du 23 février 2018,
plusieurs choses sont prévues : les chrétiens catholiques vont jeûner pour
la paix dans le pays. Des organisations de la société civile appellent à une
journée sans téléphone pour protester contre la cherté des prestations des
sociétés de téléphonie.
Il est une autre action que peuvent faire tous les
étudiants, élèves, parents, enseignants, tout en restant chez eux. Si d’ici là
les cours n’ont pas repris, tous sont invités à porter un tee-shirt noir toute
la journée du 23 février. Moi j’ai déjà acheté le mien et je le porterai ce
jour si les cours ne reprennent pas. J’appelle donc tous les sympathisants à la
cause de l’éducation dans notre pays d’acheter dès maintenant un tee-shirt
noir. A partir du vendredi 23 février, on pourrait porter des tee-shirts noirs
tous les vendredis jusqu’à la reprise des cours.
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