mercredi 7 décembre 2016

La pollution expliquée aux enfants en Afrique (par N’Datchoh Evelyne Touré)

(N’Datchoh Evelyne Touré est une jeune chercheuse Ivoirienne. Elle a un poste de chercheur à l’Université Félix houphouët Boigny d’Abidjan. Elle est détentrice d’un doctorat en météorologie et sciences du climat. Sa thèse avait pour titre : «  West African aerosols and their impact on regional climate ». Elle s'intéresse aux problèmes de la pollution en Afrique. Elle est en ce moment en stage d’étude à Toulouse en France).

Dans son milieu  de vie de chaque jour, l’Homme, par son action agit sur ce milieu. Nous produisons d’importants déchets résultant de nos activités. Ainsi nous contribuons par les déchets que nous produisons à  la dégradation de l’environnement c’est à dire à la polluer. La pollution est donc le fait que l’homme dégrade l’environnement en y rejetant les déchets de ses activités qui peuvent être sous forme de gaz, de solide et de liquide. Ainsi l’homme pollue l’air, l’eau et le sol autour de lui.
Chacun de nous à son niveau contribue à la pollution de l’air, de l’eau et du sol. Et cette pollution nous affecte tous. La pollution de l’air entraîne une mauvaise qualité de l’air que nous respirons et affecte notre santé en induisant des maladies respiratoires et réduisant notre espérance de vie selon la communauté scientifique. La pollution de l’eau, entraîne quant à elle une mauvaise qualité de l’eau et donc un coût supplémentaire pour le traitement de l’eau impliquant une cherté de l’eau potable consommable. La pollution du sol entraîne une production de fruits, légumes  et la viande  de très mauvaise qualité pour notre consommation.

Pollution de l’air
Dans nos pays d’Afrique, en plus de la pratique des feux de brousse qui contribuent énormément à  la pollution de l’air, on assiste de plus en plus à la combustion des ordures ménagères à l’air libre. Ces pratiques émettent dans l’air que nous respirons de grandes quantités de particules fines qui restent suspendues dans l‘air et augmente les risques inflammatoires et l’asthme particulièrement chez les personnes vulnérables (personnes âgées et enfants).
L’utilisation des carburants mal raffinés, augmente la pollution de l’air et de récents travaux de recherche ont montré qu’à cause de ces carburants de mauvaise qualité, la teneur en particules fines dans l’air des pays africains est aussi élevée que dans les pays industrialisés.

Pollution de l’eau
Chacun à son niveau contribue à la pollution de l’eau, au travers des eaux usées de nos égouts qui sont généralement déversées sans aucun traitement préalable dans des cours d’eau pour de nombreuses villes d’Afrique. Aussi, l’utilisation d’engrais dans l’agriculture combinée à  l’action de la pluie qui transporte ces polluants dans nos cours d’eau et/ou par infiltration. Par exemple, l’utilisation de pesticides et d’engrais chimique pour la culture de coton peut être un réel facteur de pollution des eaux. En effet, l’infiltration de ces produits chimiques se fait par un transport vertical de la plante vers les nappes phréatiques provoquant une pollution des eaux souterraines. Par ailleurs, même si l’élevage intensif reste très peu répandu sur notre continent, il faut aussi souligner que ce type d’élevage utilisant des antibiotiques, contribue aussi à la pollution de l’eau par les selles que produisent ces animaux qui contiennent des quantités importantes d’antibiotiques.
Les industries, même si elles sont peu développées en Afrique contribuent aussi à la pollution de l’eau par le rejet de leurs déchets sans traitements préalables dans les cours d’eau du continent. Une autre pratique aussi qui est importante à souligner qu’on rencontre souvent dans certains pays africains concerne les rejets de déchets hospitaliers dans des cours d’eau proches de ces hôpitaux. Une importante sensibilisation est à mener auprès de nos jeunes populations africaines concernant la pollution de l’eau. Cette ressource vitale est très mal repartie et sa pollution entraîne une cherté de l’eau potable car impliquant un coût supplémentaire pour son traitement quand cette technologie est dispensable. Ainsi, même si du point de vue développement industriel nous sommes en Afrique très loin des pays dit industriels, n’empêche que nous polluons nos ressources d’eaux.

Pollution des sols
La pollution du sol peut être étroitement liée à celle de l’eau au travers de la contamination des nappes phréatiques et donc engendrer une augmentation du coût de traitement qui provoquera à son tour une cherté de l’eau. Cette pollution des sols est aussi présente dans nos pays d’Afrique. Très souvent, nous polluons le sol avec nos ordures ménagères, les huiles minérales (issue des de la distillation de combustibles fossiles connues dans le jargon africain de «huile de moteur») et hydrocarbures déversées directement sur les sols surtout dans les «garages mécaniques» à ciel ouvert. On constate que nos populations exerçant dans ce secteur d’activités se débarrassent de ses résidus d’huiles et d’hydrocarbures en les versant directement sur le sol, d’où cet aspect noirâtre du sol là où sont exercés ces métiers. Les métaux lourds (c’est-à-dire contenant du cuivre, plomb, mercure, nickel, …), les pesticides, explosifs, les acides, les munitions non explosées, les armes chimiques militaires… contribuent aussi à la pollution du sol. Enfin, l'enfouissement des matières plastiques en particuliers et des matières dits non biodégradables dans le sol, empêche  totalement la production d'où l'importance du tris et de la bonne gestion des ordures ménagères.

A la vue de tout ce qui précède, le continent africain qui, en terme de développement, accuse un retard remarquable, contribue à la pollution de l’air, de l’eau et du sol par les activités quotidiennes de ses populations. La sensibilisation, la prise de conscience, le travail de la communauté scientifique africaine, changement d’habitude et un engagement des responsables locaux, régionaux, étatiques contribueraient à la réduction de la pollution en Afrique.
Des efforts sont faits et des engagements sont pris au plan international au travers des accords de la COP 21 (Paris, 2015), COP 22 (Marrakech, 2016) en vue de limiter les effets du changement climatique. Cependant, bon nombre d’entre nous en Afrique, nous nous sentons peu concernés par le climat et par extension les problèmes de pollution. Des explications qui précèdent, nous contribuons tous quel que soit l’échelle à laquelle nous nous trouvons à ses changements climatiques et à la pollution de notre environnement qui a son tour, a des implications pour notre santé et notre mode de vie. L’Afrique a le droit et le devoir de s’urbaniser et se développer; cependant elle a besoin de l’engagement de chacun de nous afin que ce développement se fasse dans un environnement sain pour notre profit. Ce devrait être un devoir intègre pour chacun de laisser en héritage aux générations futures une Afrique développée et saine où il fera bon vivre.
                                                                                                               N’Datchoh E.T.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire