Depuis quelque temps, le microcosme tchadien est en ébullition
à cause de l’affaire Zouhoura. Une affaire qui somme toute, semblait anodine
puisque semblable à tant d’autres, a pris une allure très politique au point de
devenir une patate chaude que chacun cherche à refiler rapidement à d’autres
Le 8 février, une jeune fille, une tchadienne de 16 du
nom de Zouhoura, a été violée par cinq hommes. Ceux-ci ont pris le temps de
filmer leur crime et de le poster sur les réseaux sociaux, sûrs de l’impunité
dont ils jouissent.
Les jeunes hommes, fils de hauts dignitaires du régime en
place , avaient pris l’habitude de violer des jeunes filles et de filmer leurs
crimes. Ils les postaient par la suite sur les réseaux sociaux. Ils utilisaient
le chantage pour obtenir le silence de leurs victimes.
Dans le cas d’espèce, celui de Zouhoura, quelque chose n’a
pas tourné rond. La jeune fille n’a pas cédé à la menace. Elle a révélé l’agression
à sa famille. Dans un premier temps, la famille a porté plainte mais l’affaire
a été très vite étouffée.
En représailles, les agresseurs vont mettre en ligne la
vidéo de Zouhoura nue et en larmes. Ce fut là une erreur fatale. La réaction ne
se fit pas attendre. Dès le lundi 15 février, des centaines de manifestants se
rassemblent à N’Djamena et exigent la justice Pour Zouhoura et toutes les
autres. La police charge et il y aura un mort, un jeune de 17 ans ; selon
le procureur général, "les éléments des forces de l'ordre mis en
cause dans l'affaire seront mis aux arrêts et traduits devant les
tribunaux".
Les agresseurs seront finalement
arrêtés mais l’affaire a pris des ampleurs titanesques. Le président Deby va
réagir en « tant que chef de famille » et dira son écœurement en
promettant que la justice sera rendue.
La colère gronde partout au Tchad ;
comme tous les jeunes du monde entier, ceux du Tchad n’acceptent pas l’injustice.
Ils réclament justice. De ville en ville, des manifestations s’organisent
Au lieu de mettre de l’eau dans son
vin, le nouveau gouvernement choisit la manière forte. Le ministre de l’Intérieur
ne veut pas voir la spontanéité dans les diverses manifestations. Pour lui, il
y aurait manipulation : « Nous sommes sûrs, nous sommes convaincus que ces
élèves-étudiants sont instrumentalisés par des groupes, je ne les appellerais
même pas des politiciens, par des politicards au petit pied qui jettent les
enfants dans la rue. Ce
n'est pas normal ! Je dis que le festival du désordre est terminé ! »
Loin de calmer le jeu, cela semble jeter dans l’arêne l’opposition
politique et la société civile. Personne ne peut prédire ce que sera demain.
Les réseaux téléphoniques et sociaux sont fortement perturbés sur l’ensemble du
territoire.
Le gouvernement gagnerait à ne pas se tenir uniquement à
des réactions circonstanciées mais à prendre des initiatives favorables à la
paix et à l’Etat de droit. Il faudra laisser la justice aller au bout de ses
investigations.
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