« Finalement, nous avons un nouveau Président.
Au-delà de la personne qui recouvre cette charge, ce qui est important est que
nous avons un nouveau Président, dont nous espérons qu’il aide le pays à sortir
du ravin dans lequel nous nous sommes enfoncés voici trois ans » déclare à
l’Agence Fides S.Exc. Mgr Juan José Aguirre Muños, Evêque de Bangassou, en
commentant l’élection au second tour de Faustin Archange Touadéra à la
présidence de la République centrafricaine. L’élection devrait ouvrir la voie à
la normalisation de la situation dans le pays après le chaos créé par
l’affrontement entre la rébellion Seleka – qui fut la cause de la chute du
Président François Bozizé en 2012 – et les milices antibalakas.
« La
situation politique nous offre une grande espérance parce que nous voyons la
lumière au bout du tunnel mais ici, dans la zone de Bangassou, nous vivons
toujours sous la menace de la LRA, le groupe de guérilla d’origine ougandaise
qui sévit ici depuis des années en provenance du Soudan du Sud et de République
démocratique du Congo et attaque les villages du Diocèse » déclare Mgr Aguirre.
« On
compte au moins 10 groupes de la LRA qui saccagent les villages, détruisent les
greniers et contraignent les jeunes à porter les marchandises volées. Dans
certains cas, les jeunes restent 5 à 10 jours entre les mains de la LRA et
nombre d’entre eux ne revient plus » ajoute l’Evêque.
Mgr
Aguirre a rencontré avant hier un jeune qui, après 4 années de captivité, est
parvenu à échapper aux mains de ses bourreaux de la LRA. « Ce jeune, Alain, m’a
raconté qu’il avait été enlevé dans un village des environs de Mbre avec son
épouse, ses enfants, sa mère et la famille de son frère. En 4 années de
captivité, il n’a rien su de ce qui s’était passé entre temps en Centrafrique.
Il ne connaissait ni la Seleka, ni les milices anti-balakas » raconte l’Evêque.
«
Les conditions de vie dans les rangs des esclaves de la LRA sont
insupportables. La mère d’Alain était contrainte à porter dans la forêt de 20 à
30 Kg de provisions sur la tête. Après 8 heures de chemin, elle est tombée et a
été achevée à coups de machette. L’épouse d’Alain a subi des violences de la
part de l’un des chefs de la LRA et est tombée enceinte. Elle est morte d’une
hémorragie interne au cinquième mois de grossesse parce qu’elle aussi était
obligée de jouer le rôle de porteuse. Au moment de sa fuite, Alain a perdu
contact avec ses enfants et la famille de son frère ».
« Il
ne s’agit là que de l’une des nombreuses histoires des esclaves de la LRA,
lesquels sont traités comme des bêtes par leurs bourreaux. C’est une souffrance
que nous ne pouvons pas imaginer » conclut Mgr Aguirre. (L.M.) (Agence Fides
25/02/2016)
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