lundi 22 février 2016

Tchad, les origines de Damala (par Pascal Djimoguinan)

            A la sortie de Doba (Logone Oriental), il y a un village, non loin de Bessama, qui porte le nom de Damala,  Voici comment les sagas racontent son origine.
            L’histoire commence aux temps où les blancs n’étaient pas encore arrivés. C’était aux temps où les grands guerriers n’hésitaient pas à s’engager seuls ou par groupes dans des aventures périlleuses qui les emmenaient bien loin de leurs villages. Ils étaient capables d’exploits qui traversaient le temps et qu’on racontait aux enfants de génération en génération.
            Il y avait, non loin de l’actuel Bédjondo, le village de Ndjaan. Ce village était connu de partout car c’était de là que venait les « hommes lions », ces redoutables chasseurs guerriers avec qui tout le monde voulait faire alliance.
            Le chef de ce village s’appelait Maïbé. Il avait un fils, très brave, qui était un guerrier et un chasseur accomplit. Il s’appelait Dokaré. Tout le monde l’appelait en lui adjoignant le nom de son père : Dokaré leu Maïbé.
            A la recherche d’aventures, Dokaré leu Maïbé quitta son village Ndjaan et alla s’établir très loin, en pleine brousse. Il vivait de la chasse. Chaque jour, il s’adonnait à son activité favorite, la chasse ; il tuait donc des buffles, des antilopes, de biches, des gazelles. Il prenait bien les parties les plus charnues qu’il fumait tandis que les carcasses, il les amassait dans un coin bien précis.
            Un jour des femmes allant à la cueillette, tombèrent sur ce garde-manger. Elles se servirent et apportèrent de la bonne viande chez elles au village. Elles prirent l’habitude de passer par ce coin et trouvaient toujours des restes de viande.
            Un jour, Dokaré leu Maïbé se décida à leur faire un cadeau, parce que depuis toujours, comme un bon chasseur, il pouvait voir les femmes venir se servir sans se faire voir lui-même. Il tua donc un buffle et sans rien lui retirer, vint le mettre là où il avait l’habitude de laisser les carcasses. Lorsque les femmes arrivèrent et qu’ils virent toute cette masse de viande, elles retournèrent au village appeler les hommes pour les aider à dépiécer le buffle. Pendant que les hommes étaient au travail, Dokaré le Maïba, s’approcha et engagea la conversation. Les hommes lui dirent qu’ils étaient en train de couper de la viande que les femmes avaient trouvée en allant à la cueillette. Dokaré leur expliquait que c’était lui qui laissait les restes de la viande que les femmes prenaient et qu’aujourd’hui, il avait décidé de leur donner un buffle entier. Une fois leur travail terminé et que les femmes avaient rapporté la viande au village, les hommes demandèrent d’aller voir l’endroit où résidait Dokaré leu Maïbé.
            L’endroit leur plut. C’étaient les habitants de Ndounambo. Ils demandèrent de venir s’installer avec Dokaré leu Maïbé. Le village prit le nom de Damala (Danmala) c’est-à-dire la viande des vautours parce qu’auparavant, c’était les vautours qui signalaient qu’il y avait de la viande à cet endroit.

            S’il vous arrive de quitter Doba pour Koumra, aussitôt après avoir traversé le village de Bessama, avant d’arriver au péage de Békondjo 2, vous trouverez le village de Damala. Arrêtez vous y un instant. Vous sentirez la présence de ces grands animaux qui peuplèrent autrefois cet endroit. Si vous avez de la chance, vous apercevrez entre deux manguiers, Dokaré leu Maïbo, l’homme lion qui vous regarde et qui assure votre protection.

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