samedi 26 décembre 2015

Inégalité du monde, une révolution copernicienne (p ar Pascal Djimoguinan)

            Lorsqu’au XVIème siècle, Copernic exposa sa doctrine dans le De revolutionibus (1543), ce fut la fin d’un monde, le renversement de la représentation du monde et de l’univers. Le modèle géocentrique avait vécu, le modèle héliocentrique naissait. La terre n’était plus le centre du monde. Il fallait tout un changement de mentalité.
            Il s’agit maintenant d’appliquer cette même révolution au niveau des relations entre les peuples. Dans l’inconscient de certains, il existe un centre du monde qui devrait donner la leçon aux autres. Il suffit tout simplement de parcourir le vocabulaire pour se rendre compte que nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne.
            Lorsque nous suivons les informations, nous entendons parler souvent du Proche-Orient, du Moyen-Orient. Cette appellation désigne une région compris entre le Croissant fertile, la péninsule arabique et la vallée du Nil ; quelquefois, on y ajoute la Turquie, l’Afghanistan et le Maghreb.
            On pourrait se demander pourquoi on parle du proche et du moyen. Par rapport à quoi ? Quelle est la référence ?
            Une autre appellation vient confirmer ce malaise : Extrême-Orient. Ce terme désigne l’extrémité du continent eurasiatique, à savoir, la chine, la péninsule coréenne et le Japon.
            On a ici l’impression de s’éloigner d’un point qui serait le centre. Quel serait donc ce centre ? A première vue, ce serait l’Occident en général. Mais encore ici, le vocabulaire peut permettre de faire un toilettage.
            On parle souvent d’outre-Atlantique pour parler des Amériques. Cela signifierait que c’est à partir de l’Europe que l’on juge. Ce qui vient confirmer cela, c’est une autre expression : Outre-mer.
            Tout ce qui n’appartient pas à ce centre, c’est-à-dire à l’Europe, est étranger. Ainsi lorsqu’on parle des fruits exotiques, cela ne concerne que les fruits qui ne poussent pas en Europe.

            La révolution copernicienne consisterait à ne plus considérer un coin du globe comme le centre du monde d’où viendraient tout le savoir et les directives pour le gouvernement mondial. Si la terre est « ronde », cela signifie que tout point en est le centre. Arrêtons donc les complexes et œuvrons pour une fraternité universelle où tout homme et toute femme peut apporter sa contribution à l’édification et à la conservation de notre maison commune !


Noël, la date est-elle un problème de la foi (par Roger Wawa, ssp)

            Célébrer Noël le 25 décembre, une date jadis réservée aux cultes païens, n’est-ce pas spolier cette fête de son caractère sacré ?
1. Attention à la lecture fondamentaliste de la Bible !       
            Il est désormais une évidence qu’à Noël, les chrétiens ne ménagent aucun effort pour célébrer la naissance du Sauveur. Mais certaines sectes dites chrétiennes se refusent à festoyer pour la circonstance. Ces sectes qui renoncent à fêter Noël sous prétexte que c’est une fête d’origine païenne, sont celles qui s’adonnent à une lecture fondamentaliste de la Bible.
            Elles s’appliquent à interpréter la Bible de manière strictement littérale. Elles ne tienne compte ni du contexte historique dans lequel baignent les Saintes Ecritures ni du bagage culturel de ceux qui ont rédigé ces textes sacrés. Puisqu’elles ne prennent pour vrai que ce qui est dit littéralement dans la Bible, la fête de Noël n’a pas droit de cité pour elles.
            Un jour dans une conversation, un monsieur me défia de lui montrer le verset biblique qui recommande aux chrétiens de fêter Noël.
            Trouvant sa question suffisamment spécieux pour être pertinente, j’ai cru bon de lui répondre simplement en ces termes : « Pouvez-vous me trouver aussi un verset biblique qui déconseille la fête de Noël ! » C’était juste une façon de l’aider à comprendre qu’il est tout à fait absurde de se borner à la seule observance de ce qui est prescrit littéralement dans la Bible.
2. Le mot Noël existe-t-il dans la Bible ?
            Certains s’évertuent à justifier l’emploi du mot Noël à partir de la Bible. Ils recourent plus particulièrement au texte de Luc 2,11 dans la version de Saint Jérôme. Suivant leurs explications, le mot Noël est formé à partir des lettres de cette phrase : Natus est vobis Emmanuhel (Il est né pour vous Emmanuel). Ainsi, N de Noël vient de Natus, o de vobis, E et L de Emmanuhel.
            Le mot Noël signifierait donc « il est né pour vous Emmanuel ». Cette explication, qui prête au mot Noël un sens qui lui correspond parfaitement, recèle cependant quelques lacunes. D’abord, la version latine de Luc 2,11 fait mention non pas d’Emmanuhel mais de Salvator (sauveur). En plus, l’intention de Luc dans ce passage n’est certainement pas celle de nous offrir une définition de Noël. La préoccupation de l’évangéliste est plutôt ailleurs : il voudrait juste nous relater l’événement de la naissance du Sauveur.
            Quant au mot qui désigne cet événement, à savoir Noël, c’est l’histoire qui le forgera plus tard. Bref, expliquer le mot Noël à partir de la version latine de Luc 2,11 est une gymnastique intellectuelle à laquelle s’adonnent ceux qui sont habitués par la passion de tout justifier à partir de la parole de Dieu.
            Pour être beaucoup plus objectif, il convient d’expliquer le mot Noël en partant de son évolution historique. Aux origines, on désignait la fête de la naissance du Sauveur en ces termes : « Festum Nativitatis Domini Nostri Jesu Christi » c’est-à-dire Fête de la Naissance de notre Seigneur Jésus Christ. Peu après, on commença à désigner la même fête par une dénomination abrégée : « Dies Natalis Domini » ou  Jour de Naissance du Seigneur. Plus tard, l’expression « Dies Natalis Domini » disparaîtra au profit d’une forme plus abrégée : Natalis ou Naissance. Ce mot prendra différentes formes dans les langues européennes : Natale en italien, Natividad en espagnol, Natal en portugais et Nadal dans le midi de la France. Plus tard, Noël en français.
            En définitive, le mot Noël provient de Natalis et signifie naissance. Bien que ce mot ne figure pas dans la Bible, on y trouve cependant l’événement que célèbre la fête de Noël, notamment dans les évangiles de Matthieu et Luc (cf Mt 2 ; Lc 2).
3. A propos des fêtes bibliques de Lévitique 23
            En guise d’argument contre la fête de Noël, certaines sectes brandissent Lévitique 23 où Dieu prescrit à Moïse les « fêtes du Seigneur » à célébrer en Israël : le Sabbat, la Pâque et les Pains sans levain, la fête des Prémices, la fête des Semaines ou de la Moisson (Pentecôte), Nouvel an (Rosh Hashanah), Jour du grand pardon (Yom kippur) et la fête des Tabernacles ou des Tentes (Sukkôt). Il convient de préciser que cette liste, promulguée à un moment donné de l’histoire d’Israël, nest pas exhaustive. En effet, les juifs eux-mêmes célèbrent, jusqu’’à ce jour, d’autres fêtes qui ne figurent pas sur cette liste.
            C’est le cas de la fête des Sorts (Pourim) (cf. Est 9,20-32) Bien plus, Jésus lui-même a célébré la fête de la Dédicace (Hannukah) (cf 1 M 4,36-59 ; 2 M 10,6 ; Jn 10,22-23) qui n’est pas énumérée en Lévitique 23. Cela montre qu’aussi bien pour les juifs que pour Jésus, la liste des fêtes de Lévitique 23 n’’est pas exhaustive. Le chrétien, disciple du Christ, n’a donc pas à s’en tenir littéralement à ce qui est prescrit en Lévitique 23.
4. Pourquoi célébrer Noël le 25 décembre ?
            Les évangiles ne disent rien sur la date de naissance de Jésus. Cela s’explique par le fait que les premiers chrétiens, touchés surtout par la Passion et la Résurrection de notre Seigneur, ne s’intéressaient pas dans un premier temps, à la naissance de Jésus comme tel. C’est pourquoi l’évangile le plus ancien, celui de Marc, ne fait allusion ni à la naissance, ni à l’enfance de Jésus. Les évangiles de Matthieu et de Luc, qui mentionnent les événement relatifs à la naissance du Sauveur, ont certainement vu le jour à une époque postérieure où les chrétiens commençaient à s’interroger sur le lieu et les circonstances de la naissance du Sauveur.
            Mais puisque ces deux évangiles ne situent pas cet événement à une date précise, les chrétiens des premiers siècles ont choisi la date du 25 décembre. Dans d’autres milieux occidentaux, cette date coïncidait avec le culte de Mithra qui consistait à offrir un taureau au jeune Dieu Soleil. A Rome, on célébrait, dans la nuit du 24 au 25 décembre, la fête du Soleil invincible (Sol Invictus). Pour contourner la tentation de s’adonner à ces cultes païens, les chrétiens ont choisi de célébrer, le même jour, la naissance du Jésus, Soleil de justice et lumière du monde (cf. Lc 1,78 ; Jn 8,12).
            Il convient d’apprécier, à travers ce choix, le courage de ces chrétiens. Alors que le 25 décembre la majorité se livrait au culte de Mithra, les chrétiens ont choisi de faire la différence. Ils ont décidé de célébrer, le même jour, la naissance de Jésus. Leur attitude dénote un refus sincère d’observer les pratiques païennes de l’époque.

Alors que le 25 décembre la majorité se livrait au culte de Mithra, les chrétiens ont choisi de faire la différence. Ils ont décidé de célébrer, le même jour, la naissance de Jésus. Leur attitude dénote un refus sincère d’observer les pratiques païennes de l’époque.




vendredi 18 décembre 2015

LU POUR VOUS/REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE - Approbation de la nouvelle Constitution de la part de 90% des votants à Bangui

Bangui (Agence Fides) - 90% des électeurs de Bangui ont voté « oui » au référendum constitutionnel du 13 décembre dernier mais le taux de participation n’a été que de 30% des ayants droits dans la capitale de la République centrafricaine selon les résultats provisoires provenant de l’Autorité nationale des Elections (ANE). Selon un communiqué de l’Observatoire national des Elections – auquel adhère également l’Eglise catholique - parvenu à l’Agence Fides, « le référendum constitue un test électoral avant les scrutins présidentiel et législatif ainsi qu’une étape importante pour la restauration de l’ordre constitutionnel ».
L’Observatoire national des Elections a relevé différents problèmes au cours des opérations de vote liées au référendum, dont des assauts perpétrés contre des bureaux de vote ayant fait des morts et des blessés. C’est pourquoi, l’organisme propose un certain nombre de recommandations en vue des élections présidentielles du 27 décembre, comme le renforcement des mesures relatives à la sécurité des bureaux de vote et des candidats, l’amélioration de l’accès aux bureaux de vote pour les personnes handicapées et l’information des électeurs sur les procédures de vote. Enfin, il demande à tous d’accroître la sensibilisation des citoyens en matière de participation pour augmenter le pourcentage des votants. (L.M.) (Agence Fides 18/12/2015)

Doba : Adieu Sœur Monique (par Pascal Djimoguinan)

            La sœur Monique Ngonyom Ndangbaye est une grande figure de l’Eglise catholique au Tchad. Elle fait partie des premières religieuses Tchadiennes. Née en 1937, elle s’est éteinte le mercredi 16 décembre 2015 à Bébédjia. Ses obsèques ont eu lieu à la cathédrale de Doba le dimanche 13 décembre 2015. Combien y avait-il de personnes présentes à la messe de requiem ? La messe a eu lieu dehors, sur l’aire sacrée, tellement il y avait du monde. La messe était présidée par monseigneur Edmond Djitangar, entouré d’une vingtaine de prêtres. Nous reproduisons ici l’homélie de monseigneur Djitangar. Les textes étaient : Sophonie 3,14-18a, Philippiens 4,4-7, Luc 3,10-18. C’était le troisième dimanche de l’avent.
Chers frères et soeurs
Bien aimés de Dieu,

Le troisième Dimanche de l’Avent est appelé le Dimanche de la Joie parce que la Parole de Dieu nous invite à la joie…car notre attente du retour du Seigneur est une attente joyeuse quelle que soient les circonstances.
Le prophète Sophonie invite Israël à aller avec joie à la rencontre de son Dieu qui vient  mettre fin à ses souffrances et lui apporter le salut…Israël s’est converti, Il s’est retourné vers Dieu et Dieu lui a pardonné ses fautes …Dieu trouve sa joie en pardonnant à Israël…Dieu danse de joie pour son peuple et Il le renouvelle par son amour… » Quelle joie !
Dans l’Evangile, Jean-Baptiste invite une dernière fois Israël à la conversion car le jour du salut approche et chacun doit se préparer à changer travers des actes concrets, sa manière de penser, de vivre, de se comporter envers Dieu et envers les autres. Celui qui doit venir est déjà là…et c’est cela la Bonne nouvelle que Jean apporte à Israël…Après des siècles d’attente, quelle joie !.
St Paul dit à son tour avec insistance aux chrétiens de Philippe et à nous aujourd’hui « Soyez dans la joie, je vous le répète, soyez toujours dans la joie…et que cela soit visible…car Celui qui devait venir est venu et il reviendra dans la gloire.
Ces paroles se comprennent dans le sens que leur donne l’Eglise universelle qui les propose pour ce troisième dimanche de l’Avent. Mais nous pouvons la comprendre aussi en référence à celle pour qui nous sommes réunis aujourd’hui… Sr Monique.
Cette joie de la Bonne nouvelle que Dieu veut pour son peuple et pour chacun de ses membres …est déjà complète pour Sr Monique car toute sa vie est emprunte de l’amour miséricordieux de Dieu qu’elle a accueilli avec simplicité dans le quotidien jusqu’au bout, au témoignage de tous ceux qui l’ont connu. Quelle joie !
Et si nous sommes si nombreux aujourd’hui réunis autour de ce corps de chair, c’est pour exprimer notre reconnaissance à Dieu qui est capable de faire tant de merveilles à travers sa servante Monique. Oui nous sommes venus en témoins de l’amour miséricordieux dont Dieu l‘a entourée en l’appelant à la vie religieuse. Son oui généreux a ouvert les portes de la vie consacrée à de nombreux fils et filles de cette région.  Quelle joie !
Pour ma part personnelle, je dis merci au Seigneur pour avoir mis sur mon chemin Sr Monique. J’avais entendu parler de Sr Marie-Grégoire et je l’avais peut-être vue à l’Eglise à Doba, mais c’est pendant mon stage de grand séminariste à la Cathédrale de Sarh en 1976-1976 que je l’ai vue de près, connue et estimée en collaborant avec elle dans la pastorale des communautés chrétiennes.
C’est là que j’ai appris à découvrir une grande sœur attentive, droite, un peu sévère parfois dans ses jugements, mais une personne sage et de foi éprouvée …Oui elle a connu bien des épreuves dans sa vie familiale et religieuse, mais sa foi et sa persévérance l’ont aidée à les surmonter et à marcher fidèlement et persévérance à la suite du Seigneur. Quelle joie dans ce modèle que Dieu nous a donné!
Que de personnes ont bénéficié elles aussi de son engagement dans la vie religieuse au plan spirituel matériel, social, professionnel ou civique et qui constituent les fruits que Jean-Baptiste demande à ses auditeurs de porter comme signe de leur conversion, c'est-à-dire de leur attachement inconditionnel à Dieu. Quelle joie en nous tous !
Je voudrais simplement me réjouir avec tous ceux et celles qui ont reçu de Sr Marie Grégoire ou de Sr Monique un plus dans leur vie chrétienne ou dans leur vocation sacerdotale ou religieuse. Nous disons merci au Seigneur de nous avoir donné cette grande sœur cette tante ou cette amie pour le rayonnement de sa vie chrétienne.
Je garde pour ma part un souvenir de toute la sympathie, des conseils et les encouragements qu’elle n’a cessé de me porter depuis ce temps de Sarh…Elle m’appelait familièrement « Abba Geté »…diminutif de mon prénoms païen « Getbé »…et je continue de porter avec fierté et reconnaissance cette   appellation qu’utilisent toujours mes proches et mes amis.
Quoi de plus beau que d’aller à la rencontre du Seigneur en ce jour du Dimanche de la joie ! Quelle joie d’être entourée de tant de frères sœurs et de sœurs dans la chair et dans la foi…Dieu lui-même vient au devant d’elle en dansant…je suppose qu’elle dansera elle aussi elle aussi…même si je n’ai jamais vu Sr Monique danser…mais les danses de la famille NDANGMBAYE d’en Haut, celles de la RESRAT du ciel…Abbés Dénis Mianbé, Louis Draman, Sr Marie Thérèse Birembano, Mgr Mathias Ngartéri… et bien d’autres suppléeront. Que nos danses aujourd’hui l’accompagnent aussi dans la joie du Maître…Joie au ciel. Joie sur la terre…Quelle joie !
Chère grande sœur Monique, que nos prières te traduisent notre affection et  notre admiration pour ce que tu as été pour nous. Prie pour nous et continue de nous réconforter face aux difficultés de cette vie comme tu l’as fait quand tu étais au milieu de nous.… Amen
La paix soit avec vous

Monseigneur Edmond Djitaangar Getbé

mardi 15 décembre 2015

LU POUR VOUS/NIGERIA - Existence de liens entre l’Islamic Movement of Nigeria et Boko Haram ?

Abuja (Agence Fides) – « Au Nigeria, on se demande comment il se fait que le Mouvement islamique du Nigeria (Islamic Moviment of Nigeria, IMN) ait tenté de tuer le Chef d’Etat-Major de l’Armée, le GCA Yusuf Buratai, sous la conduite duquel nos militaires infligent actuellement de dures défaites à Boko Haram » déclare à l’Agence Fides le Père Patrick Tor Alumuku, Directeur des Communications sociales de l’Archidiocèse d’Abuja. A Zaria, dans le nord du Nigeria, les 12 et le 13 décembre, ont eu lieu de violents affrontements entre militants du mouvement en question et militaires nigérians. Les combats ont débuté lorsque le convoi qui transportait le Chef d’Etat-Major de l’Armée, le GCA Yusuf Buratai, en visite à Zaria, s’est trouvé bloqué à cause d’une manifestation religieuse organisée par l’IMN. Selon l’armée, il s’est agi d’une tentative d’assaut contre le convoi visant à assassiner le Chef d’Etat-Major. « Le dernier bilan des affrontements est de 100 morts » déclare l e Père Tor Alumuku. Le fondateur de l’IMN, Ibrahim Zakzaky, et son épouse ont été arrêtés par les militaires.
« Il est vrai que l’IMN est formé de chiites et Boko Haram de sunnites, ces derniers ayant perpétré des attentats contre des civils chiites mais il est tout aussi vrai que, lorsque Boko Haram est apparue dans le nord du Nigeria, au début, quelqu’un soupçonnait que, derrière la secte, se trouve le mouvement d’Ibrahim Zakzaky » poursuit le prêtre. « Des nigérians s’interrogent sur le fait de savoir pourquoi l’IMN a cherché à frapper le GCA Buratai, qui est lui-même musulman » déclare le Père Tor Alumuku. « Cela ne se dit pas ouvertement, mais on soupçonne que l’IMN appuie Boko Haram. Cette dernière a perdu, grâce aux efforts de l’armée commandée par le GCA Buratai, presque tous les territoires qu’elle contrôlait. Sous la pression des militaires, les survivants de Boko Haram se réfugient dans les pays voisins, au Tchad et au Niger, puis, lorsque la pression diminue, ils rentrent au Nigeria pour y perpétrer des attentats mais ils n’ont plus la capacité de contrôler des territoires entiers » conclut le prêtre. (L.M.) (Agence Fides 15/12/2015)

lundi 14 décembre 2015

LU POUR VOUS/BURUNDI - Centaines de cas d’exécutions sommaires et spectre du conflit ethnique

Bujumbura (Agence Fides) – De 150 à 200 personnes ont été retrouvées mortes dans le cadre de ce qui sembleraient être des exécutions sommaires à Bujumbura et dans la Bujumbura rurale, zone périphérique de la capitale du Burundi. C’est ce qu’indiquent à l’Agence Fides des sources locales qui demandent à conserver l’anonymat pour raisons de sécurité. « Officiellement, le nombre des morts est de 87 mais la société civile et d’autres affirment que les morts retrouvés dans les rues sont entre 157 et plus de 200. Selon les autorités, les personnes tuées, en majorité des jeunes, étaient armées. Mais ces armes n’ont pas été montrées publiquement » soulignent nos sources. « Une bonne partie de ces cadavres ont été trouvés les mains liées dans le dos et ayant reçu des balles dans la tête, ce qui constitue le clair signal d’une exécution sommaire ». « Le nombre des personnes tuées de cette manière pourrait être encore plus important parce que l’on soupçonne l’existence de fosses communes » ajoutent nos sources. La vague d’exécutions sommaires – dont on soupçonne qu’elle soit plus le fait de la police que de l’armée – fait suite à l’assaut coordonné mené contre trois camps militaires de Bujumbura au cours de la nuit du 10 au 11 décembre de la part d’un important groupe de rebelles. « L’assaut a été repoussé mais une grande partie des rebelles est parvenue à retourner dans ses caches dans la montagne » déclarent nos sources, selon lesquelles ce qui est recherché est le déclenchement d’un nouveau conflit ethnique. « La majorité des personnes tuées est constituée de Tutsis. Des manifestations contre le troisième mandat du Président Pierre Nkurunziza ont eu lieu tant dans les quartiers Hutu que dans les quartiers Tutsis. La crise actuelle est par suite politique et non pas ethnique. Mais, en frappant en majorité l’opposition Tutsie, et en épargnant jusqu’à présent les Hutus, on veut tenter d’ethniciser la crise ». Selon les sources de Fides, « depuis le début de la crise déclenchée par le troisième mandat du Président obtenu en violation de la Constitution le 26 avril dernier, ce sont entre 500 et 600 personnes qui ont été tuées auxquelles il convient d’ajouter les évacués et les burundais réfugiés dans les pays voisins ». (L.M.) (Agence Fides 14/12/2015)

Tchad : climat social délétère ? (par Pascal Djimoguinan)

            Selon le Larousse, délétère, c’est ce qui attaque à la santé, la vie. L’oxyde de carbone est délétère. Fig. Capable de corrompre. Il est facile de comprendre cela alors que tous sont encore sous l’effet du tapage médiatique autour du Cop21. En ce qui concerne le climat social au Tchad, il s’agit principalement des retards de salaire qui rendent la situation malsaine.
            Il commence malheureusement à entrer dans les habitudes que les salaires des fonctionnaires arrivent en retard. A chaque fois, les syndicats des enseignants se met en grève pour forcer la main au gouvernement. Rien ne nous dit que la situation va s’améliorer. Cela signifie donc qu’à la fin de chaque mois, il y aura des débrayages dans les établissements scolaires.
            Il va sans dire que les grands perdants seront les élèves. Il ne faudra donc pas s’étonner que les résultats des examens soient mauvais. Malheureusement dans l’analyse habituelle des résultats, on dira une fois de plus que la baisse des niveaux est due à la paresse des élèves. On oubliera que cela est le résultat de la lutte des grands. Quand les éléphants se battent, c’est l’herbe qui en pâtit.  
            Il est dommage que l’on se contente toujours de solutions conjoncturelles, quitte à recommencer à la fin de chaque mois. Il faut éviter que les élèves deviennent des otages. Comment trouver pour une fois une solution structurelle ? Les syndicats devraient y réfléchir avec les représentants du gouvernement. Faire du mal aux élèves d’aujourd’hui, c’est hypothéquer l’avenir.
            Ce qui se passe actuellement sur le plan social n’est sans doute qu’un prélude de ce qui se passera en 2016. Ce sera sans doute l’année de tous les dangers. Les élections qui approchent donneront certainement lieu à toutes les manipulations.
            Il faudra, en aucun cas utiliser les élèves comme des cobayes. Qu’il s’agisse du gouvernement que des syndicats, il faudra que dans les négociations qui auront lieu, l’intérêt de la jeunesse prime. Une génération sacrifiée, c’est tout un pays qui rate la coche.


            Cela est d’autant plus étonnant que tous ceux qui négocient, d’un côté comme de l’autre sont des parents.

samedi 12 décembre 2015

Coup de gueule du coordinateur humanitaire en Centrafrique, M Aurélien A. Agbénonci

«Je suis très déçu d'apprendre les récentes attaques perpétrées, par des groupes armés, contre trois organisations humanitaires, le 9 décembre à Bossangoa, dans la préfecture de l’Ouham, la détention illégale de plus de vingt travailleurs humanitaires lors de ce grave incident et le vol de fournitures, y compris les effets personnels. Par conséquent, l'une des organisations concernées a temporairement suspendu ses activités dans les régions de Bossangoa et Bouar où de nombreux groupes armés sont présents.
Ce jour même, trois travailleurs humanitaires ont été attaqués par un groupe armé au PK9 à la sortie sud de Bangui, leurs biens ont été emportés.
Les travailleurs humanitaires sont là pour fournir une aide et alléger les souffrances des personnes touchées par la crise. Tel est notre objectif fondamental dans ce pays et nos opérations sont guidées par des principes, d’humanité, de neutralité, d'indépendance et d'impartialité. Je demande donc incessamment à toutes les parties en conflit d’épargner les populations civiles, de respecter et de protéger les travailleurs humanitaires en conformité au droit international humanitaire.
Depuis le début de 2015, plus de 200 attaques ont été perpétrées contre les organisations humanitaires. Ces attaques doivent cesser. La réponse humanitaire nécessite un accès humanitaire sans entrave afin d’atteindre les personnes qui sont dans le besoin d'une aide d’urgence.
Je demande également à tous ceux qui détiennent illégalement les armes et leurs leaders de respecter les travailleurs humanitaires qui apportent une réponse aux besoins de la population, quelles que soient les origines ethniques, politiques ou religieuses.
En outre, au cours du processus électoral en cours, je prie instamment les politiques d'éviter toute action ou déclaration qui pourrait mettre en danger la vie de personnes innocentes et compromettre la protection des civils. Ces élections ne doivent pas aggraver les conditions désastreuses des personnes déjà touchées. Je lance un appel à toutes les parties concernées d’assurer la liberté de mouvement lors du prochain référendum. Tous les Centrafricains admissibles ont le droit de voter librement et pacifiquement».

jeudi 10 décembre 2015

LU POUR VOUS/RCA - Pour l’Archevêque de Bangui, « le Pape a profondément marqué la communauté musulmane »

Bangui (Agence Fides) – « Le Pape est venu en pèlerin pour nous inviter à la paix. Maintenant, nous devons nous-mêmes nous faire pèlerins de paix dans notre propre pays » déclare à l’Agence Fides S.Exc. Mgr Dieudonné Nzapalainga, Archevêque de Bangui, capitale de la République centrafricaine, expliquant sa décision de parcourir à pieds le quartier musulman KM5 après les tensions de ces jours derniers suite à l’exclusion de la candidature de l’ancien Président François Bozizé aux élections présidentielles (voir Fides 09/12/2015). « Hier, j’ai fait arrêter la voiture et j’ai continué à pieds dans le quartier KM5 en compagnie de jeunes, dans une caravane de la paix, en saluant ceux que nous rencontrions sur notre passage. Nous devons faire tomber le mur de la peur et de la défiance pour aller à la rencontre de l’autre, en le saluant et en parlant avec lui » explique Mgr Nzapalainga. « J’ai cheminé dans le quartier comme un pèlerin de paix, invitant les uns et les autres à s’accueillir, à se pardonner et à reconstruire le pays sur la base de la réconciliation que nous pouvons traduire dans le terme de Miséricorde que le Pape François est venu nous proposer ». A propos de la visite que le Saint-Père a effectué dans le pays, Mgr Nzapalainga affirme que « ce sont d’abord les musulmans qui disent : « le Pape est venu, nous voulons la paix, nous ne voulons plus la guerre ». Le Pape a marqué profondément la communauté musulmane. Il est significatif que les jeunes musulmans du quartier KM5 aient déposé les armes pour parler avec leurs frères chrétiens ». « L’esprit que nous a donné le Pape continue donc à souffler sur le pays » conclut Mgr Nzapalainga. (L.M.) (Agence Fides 10/12/2015)

mercredi 9 décembre 2015

Lu pour vous/RCA - Portée limitée des affrontements à Bangui après le rejet de la candidature de François Bozizé

Bangui (Agence Fides) – « L’atmosphère que nous a laissé le Pape François ramène à de plus justes proportions de nombreuses réactions qui auraient jusqu’à avant-hier été violentes et sont désormais plus posées. Malheureusement, certains moyens de communication continuent à gonfler les nouvelles de tensions comme celles ayant eu lieu hier » déclarent à l’Agence Fides des sources missionnaires depuis Bangui, capitale de République centrafricaine, où de forts espoirs ont été soulevés par la visite du Pape François à la fin du mois de novembre. Hier, 8 décembre, le rejet de la candidature de l’ancien Président François Bozizé aux prochaines élections du 27 décembre de la part de la Cour constitutionnelle a provoqué de nouvelles tensions et un certain nombre d’affrontements. « En réalité, nous qui vivons à l’opposé des quartiers intéressés par les affrontements nous ne nous sommes aperçus de rien et nous avons appris à la radio ce qui se serait passé » déclarent les sources de Fides. « Ce matin, le centre de la capitale était tranquille et un porte-parole du parti de Bozizé a invité ses partisans au calme. Il a cependant ajouté ne pas pouvoir exclure de nouveaux affrontements le jour des élections. Il ne s’agissait pas d’une menace mais d’une constatation ». « La venue du Pape a redonné confiance à la population et cela a permis la reprise de certaines activités économiques. Nous ne nous faisons cependant pas d’illusions parce que les graves problèmes de la Centrafrique subsistent mais au moins nous pouvons avoir un regard vers l’avenir » concluent les sources de Fides. (L.M.) (Agence Fides 09/12/2015)

mercredi 18 novembre 2015

Atmosphère (Eloi LECLERC)

« Si tu es pur, le cobra pourra te mordre, tu n’auras pas la fièvre. Mais comment le cobra pourrait-t-il te mordre si tu es pur ? ». Ainsi parle le sage Ramdranath.
            Le cobra, dans la pensée du sage, c’est la mauvaise agressivité qui sommeille en chacun de nous, dans les replis de l’inconscient, et qui, soudain, dresse sa tête renflée et sifflante, attaque et mord, déchirant l’unité. C’est la colère de l’homme dont il est écrit au Livre de vie qu’elle ne produit pas la justice de Dieu.
            Tel se trouble et s’emporte devant la faute de son frère. Le cobra l’a mordu. Il se croyait pur. Il ignorait seulement ce qui le menait. La source profonde de l’agir était secrètement empoisonnée. Est-ce que les eaux du torrent qui tombe des neiges se troublent ? Elles gardent jusque dans leur bouillonnement l’éclat des cimes.
            Il y a un lien secret entre la pureté du cœur et la douceur, entre la clarté des profondeurs et la sérénité, entre la sainteté et la grande forme de la bonté.
            Et peut-être la pureté n’est-elle rien d’autre, au fond, que la transparence de l’être à la Bonté originelle.
            Un homme, en tout cas, l’a cru. C’était un sage, lui aussi, bien qu’il se souciât peu de le paraître. Il vit la pureté et la tendresse se tenir la main, et toutes deux former le visage de Dieu.

(Eloi LECLERC, Exil et tendresse, Editions franciscaines, 1983, pp. 5-6.

mercredi 11 novembre 2015

Lu pour vous/AFRIQUE/SOUDAN - Maladie létale non identifiée dans le nord du Darfour

Al-Fashir (Agence Fides) – Plusieurs enfants résidant dans les camps de réfugiés de la localité de Saraf Umra, au Nord Darfour, continuent à mourir suite à une maladie non encore identifiée qui s’est propagée parmi la population voici environ deux mois. En une seule semaine, dans les camps de Dankoj et Jebel, 10 personnes en sont mortes dont 7 enfants. Selon des sources locales, parvenues à Fides, les symptômes de la maladie comportent des gonflements sur le corps, une forte fièvre, de la diarrhée, des vomissements et des douleurs articulaires. Les cas enregistrés à l’hôpital de Saraf Umra sont nombreux mais il n’existe pas de statistiques sur le nombre des morts provoqués par la pathologie dans l’ensemble de la localité.
Dans une déclaration à Radio Dabanga, le coordinateur des camps de réfugiés a critiqué les médecins de l’hôpital pour ne pas avoir identifié ou notifié la maladie au Ministère de la Santé local, sollicitant l’envoi de personnel médical pour diagnostiquer les contaminations et fournir des médicaments. Déjà, voici un mois, une épidémie d’une maladie inconnue et un manque de médicaments avaient été signalés. En outre, au mois de septembre, après les pluies torrentielles, des stagnations d’eaux et la prolifération des moustiques avaient provoqué la mort de plusieurs personnes dont des enfants. La maladie est apparue pour la première fois à Jayeen Thilo et à Subyan Khavo, à l’ouest de la ville de Saraf Umra, ainsi que dans les villages de Melessa et Numera, à l’est de cette même ville. (AP) (Agence Fides 11/11/2015)

vendredi 6 novembre 2015

René Girard : La mort du bouc émissaire (par Pascal Djimoguinan)

            Il s’en est allé, ce penseur de l’extrême. Il a tiré sa révérence le 4 novembre 2015, après 91 années dans cette vallée de larmes. Il est de bon ton de rendre hommage à ce grand intellectuel, René Girard (René Noël Théophile Girard) qui a voulu revisiter la littérature à nouveaux frais pour émettre des thèses qui expliquent la société des hommes.
            Il a vu le jour le 25 décembre à Avignon en France et à fini ses jours à Stanford en Californie aux Etats-Unis où il a enseigné toute sa vie.
            René Girard, dans ses interrogations, a trouvé que dans les grandes œuvres crées par les grands écrivains, il y a une sorte de mécanisme de rapports dont il dégagera et formulera le fondement dans le caractère mimétique du désir. Il le développera dans son premier livre : Mensonge romantique et vérité romanesque. Pour lui, tout désir est l’imitation du désir d’un autre. Il dira que « Tout désir est désir d’être. »
            A partir du mimétisme, René Girard en viendra à s’interroger sur la violence. Ici, verra jour sa deuxième hypothèse : Le mécanisme victimaire ou mécanisme de la victime émissaire. Ce mécanisme serait donc à l’origine du religieux archaïque. Il le développera dans son livre La violence et le sacré. Si deux individus désire la même chose, il y aura bientôt un troisième, puis un quatrième… L’objet finira par être oublié mais les rivalités mimétiques se propageront ; le conflit mimétique se transformera en antagonisme généralisé. Il y a là un danger pour le groupe qui risque d’imploser car on arrivera à la situation que Hobbes appelle le tous contre tous.
            La résolution sera trouvée dans le sacré. Le tous contre tous va se transformer en tous contre un pour éviter la destruction du groupe. L’élimination de la victime (arbitraire) fera retomber la violence en chacun. Le groupe se retrouvera hébété et apaisé. La victime, gisant devant le groupe apparaîtra comme responsable de la crise et l’auteur de ce miracle de la paix retrouvée. Elle devient sacrée.
œuvre :
  • Mensonge romantique et vérité romanesque (1961)
  • Dostoïevski : du double à l’unité, 1963
  • La Violence et le sacré (1972)
  • Critique dans un souterrain (1976)
  • To Double Business Bound: Essays on Literature, Mimesis, and Anthropology, Baltimore, Johns Hopkins University Press. (1978)
  • Des choses cachées depuis la fondation du monde (1978) Recherches avec Jean-Michel Oughourlian et Guy Lefort.
  • Le Bouc émissaire (1982) (ISBN 
  • La Route antique des hommes pervers (1985)
  • (en) Violent Origins: Walter Burkert, René Girard, and Jonathan Z. Smith on Ritual Killing and Cultural Formation. Éd. Robert Hamerton-Kelly. Palo Alto, California, Stanford University Press.
  • Shakespeare : les feux de l'envie, 1990
  • Quand ces choses commenceront…, 1994, entretiens avec Michel Treguer.
  • Je vois Satan tomber comme l'éclair, Robert Laffont,‎ 1999, 251 p..
  • Celui par qui le scandale arrive (2001) comprenant trois courts essais et un entretien avec Maria Stella Barberi.
  • La Voix méconnue du réel (2002)
  • Le Sacrifice (2003)
  • Les Origines de la culture (2004) entretiens avec Pierpaolo Antonello et João César de Castro Rocha, suivi d’une réponse à Régis Debray sur ses critiques publiées dans Le feu sacré en 2003.
  • Oedipus Unbound: Selected Writings on Rivalry and Desire edited by Mark R. Anspach, Stanford, Stanford University Press).
  • Vérité ou foi faible. Dialogue sur christianisme et relativisme (2006) (Verità o fede debole. Dialogo su cristianesimo e relativismo), avec Gianni Vattimo. À cura di P. Antonello, Transeuropa Edizioni, Massa.
  • Dieu, une invention ? (2007) avec André Gounelle et Alain Houziaux.
  • De la violence à la divinité, 2007,
  • Achever Clausewitz, 2007, Entretiens avec Benoît Chantre. Carnets nord, 2007
  • Anorexie et désir mimétique, 2008, L'Herne,
  • Mimesis and Theory: Essays on Literature and Criticism, 1953-2005, sous la direction de Robert Doran, Stanford University Press, 2008
  • Christianisme et modernité, en collaboration avec Gianni Vattimo, Paris, Flammarion, coll. «Champs actuel», 2009.
  • La Conversion de l'art. Paris: Carnets nord, (livre + DVD).
  • Psychopolitique (2010), Rédaction de la préface du livre de Jean-Michel Oughourlian, Paris, Francois- Xavier de Guibert.
  • La Conversion de l'art, éd. Benoît Chantre et Trevor Cribben-Merrill, Paris, Flammarion, coll. «Champs essais», 2010.
  • Géométries du désir. Préface de Mark Anspach, Paris, L'Herne, 2011 Achever Clausewitz. Entretiens avec Benoît Chantre, Paris, Flammarion, coll. «Champs essais», 2011.
Sanglantes Origines. Entretiens avec Walter Burkert, Renato Rosaldo et Jonathan Z. Smith, Paris, Flammarion, 2011

jeudi 5 novembre 2015

Lu pour vous/KENYA - Nouvelles relatives à la préparation du tout prochain voyage du Pape

Nairobi (Agence Fides) – « Le fait que le Pape commence ici, dans cette grande nation, sa visite en Afrique est une bénédiction et une opportunité pour nous autres kenyans » a affirmé S.Exc. Mgr Alfred Rotich, Ordinaire militaire et Président du Secrétariat pour la visite du Souverain Pontife dans le pays africain, dans le cadre d’un entretien accordé à la chaîne télévisée NTV Kenya, signalé à l’Agence Fides.

« Le Saint-Père sera porteur de bénédictions et de solidarité, de consolation et d’espérance à un moment où nombre d’entre nous vivent dans le découragement (…) La visite du Pape offre la possibilité aux kenyans de discuter de problèmes tels que l’environnement, la justice, la cohésion sociale, l’intégrité morale, le vivre ensemble au travers du dialogue » a encore affirmé Mgr Rotich.
« Avec la visite du Pape, c’est comme si le message de Jésus Christ était renouvelé, comme si le son des tambours transmettaient la Parole résonnante dans toute l’Afrique » a-t-il ajouté.
Selon Mgr Rotich, il n’existe pas de problèmes particuliers en ce qui concerne la préparation de la visite du Pape François. S’agissant de l’aspect sécuritaire, Mgr Rotich a invité les fidèles habitant dans des lieux qui seront visités par le Saint-Père à être conscients de l’environnement dans lequel ils vivent, se demandant qui sont leurs voisins. Ceci est également une manière pour obtenir ce que Mgr Rotich souhaite voir demeurer après la visite apostolique, à savoir un pays plus uni et plus solidaire. (L.M.) (Agence Fides 05/11/2015)

mardi 27 octobre 2015

Congo : référendum constitutionnel, un cas d'école ? (par Pascal Djimoguinan)


            Le résultat du référendum au Congo Brazzaville vient de sortir. Le ministre de l’intérieur, mr Raymond Mboulou a communiqué ce mardi 27 octobre 2015 les chiffres : La participation a été de 72,44% et le oui l’a emporté de 92,96%. Un boulevard souvre-t-il devant le président Sassou Nguesso pour son troisième mandat ?

            L’opposition qui avait appelé à boycotter ce référendum a beau jeu de dénoncer ces résultats. La relecture des jours qui ont précédé le référendum montre combien cette opposition est sinon dans la complaisance, du moins dans l’amateurisme.

            La dénonciation de ce référendum faite par l’opposition est louable car il s’agissait de faire sauter deux verrous, à savoir, l’interdiction au président Sassou Nguesso de briguer un troisième mandat et la limite d’âge.

On peut parler de deux grandes erreurs de l’opposition :

- Première erreur. L’opposition a trop compté sur l’extérieur comme si elle ne pensait pas que les forces vives intérieures étaient capables de donner le la. Alors que les manifestations de la population semblaient ébranler le régime, il a suffi d’une phrase du président français François Hollande pour que tout retombe. C’était comme si le Congo était une province de la France.

- Deuxième erreur. L’opposition politique semble être plutôt ethnique que national. L’opposition n’a pas réussi à tenir un discours d’hommes d’Etat capables de réunir la nation. C’était comme si l’on était revenu au temps des milices qui avaient régenté le pays au temps de la guerre civile (cobras, ninja…). Rien que la ville de Brazzaville montre cette triste réalité : côté nord opposé au côté sud.

            Les hommes politiques congolais ne sont-ils pas encore prêts pour une révolution ? La comparaison avec le Burkina Faso est tentante. Qu’est-ce qui était présent au Burkina et qui a manqué au Congo ? Est-ce l’absence d’un homme comme Sankara qui aurait enfoui dans la pâte congolaise le ferment de la nation ?

            Sans doute les hommes politiques congolais sont des hommes d’une région avant d’être des hommes de la nation. Il faudrait méditer cela.
            Il faut maintenant se demander quelle sera la suite des événements.


lundi 5 octobre 2015

RCA, la Centrafrique en 5 mensonges à exorciser (par Pascal Djimoguinan)



            Pourquoi en Centrafrique, l’assassinat d’un conducteur de moto-taxi dans la nuit du vendredi 25 septembre au samedi 26 a entrainé une flambée de violence qui s’est soldée pour soixante-un (61) morts et trois cents (300) blessés ? Pourtant ce n’est pas la première fois qu’une personne a été assassinée depuis que ce pays connait des troubles. Pour les autorités de la transition, c’est une énième tentative de déstabilisation avec en prime un coup d’Etat. Tout cela est possible mais pour que la Centrafrique retrouve le chemin de la normalité, il lui faut exorciser ses vieux démons, en l’occurrence, cinq mensonges à reconnaitre afin de les corriger.
            Il n’y a pas de problème confessionnel en Centrafrique. En fait quel est le problème qui existe dans ce pays ? Comment peut-on l’expliquer ? Suffit-il de proclamer qu’un problème n’est pas pour qu’il ne soit pas ? Tout le monde sait que le problème centrafricain épouse les cadres d’une division des populations selon leur croyance et que le choix des victimes se fait selon leur confession religieuse. Ne faudrait-il pas reconnaitre un mal pour pouvoir le soigner ? Si les maux font peur et qu’on ne veut parler de problème confessionnel, au moins que l’on puisse parler de problème communautaire.
            Les forces internationales sont à l’origine des problèmes de la Centrafrique. Rien n’est  plus faux que cette croyance. Sans les forces internationales, la situation serait pire que ce que l’on connait maintenant. La Centrafrique a besoin des formes militaires internationales pour retrouver la paix et organiser les élections à venir. La paix n’est possible que grâce aux forces internationales.
            Les Facas sont les seules capables de restaurer la paix. Il est vrai qu’un Etat souverain doit disposer de ses propres forces militaires. Restaurer les Facas (forces armées centrafricaines) ramènerait-il automatiquement la paix ? Quelles Facas restaurer ? S’agit-il des facas de la fin du règne de Bozize ? Oublie-t-on si vite la désorganisation totale des forces armées centrafricaines au point où elles ont été incapables de résister au rouleau compresseur Sélèka qui envahissait la Centrafrique ? Faut-il rappeler le dernier recrutement des Facas de l’ère Bozizé qui a vu une émeute à Bangui. L’armée centrafricaine était devenue une armée ethnique au service d’un homme et d’une région. Ne faut-il pas carrément créer une armée républicaine au lieu de vivre une nostalgie « dégénératrice » ? La Centrafrique a besoin d’une nouvelle armée, déterminée et vraiment nationale.
            Les ONG ne sont là que pour exploiter le peuple. Le combat de toute la société civile et et tous les politiques devraient être pour la protection des humanitaires. Avec tous les déplacés que connait la Centrafrique, il y a un grand besoin des ONG. Il ne sert à rien de les jeter à la vindicte populaire. Il n’est pas normal qu’à chaque crise, les locaux des organisations humanitaires ne soient pas seulement pillés mais saccagés. A chaque fois, il est difficile d’aider les déplacés car les entrepôts sont pillés pendant les crises.
            Tous les antibalaka sont bons, tous les ex seleka sont mauvais. Il est toujours facile pour un esprit paresseux d’être manichéens. La réalité n’est pas aussi claire. Tous les antibalakas ne sont pas des nationalistes épris de justice. Il y a parmi les groupes des antibalakas ceux qui ne sont que des bandits de grands chemins, des groupes qui cherchent à profiter de la situation pour s’enrichir et se venger. D’autre part, tous les groupes d’ex sélékas ne sont pas mauvais. Il y en a qui cherchent le bien de la Centrafrique.
            La Centrafrique a intérêt à rejeter tous ces mensonges qui ne sont que pure idéologie. Il faut donc que tous les centrafricains de bonne volonté puissent se mettre ensemble pour la reconstruction de leur pays.