mercredi 10 septembre 2014

Afrique, les hommes politiques et la justice de leur pays (Par Pascal Djimoguinan)



            Il serait intéressant de poser une seule question aux hommes politiques africains en poste : « Avons-nous une justice ? » Ce n’est pas la première fois qu’un haut responsable politique africain en fuite dit toute sa réprobation pour la justice de son pays. Le dernier cas le plus représentatif est celui de monsieur Hama Amadou, président de l’Assemblée nationale du Niger, en fuite à Paris.
            Monsieur Hama Amadou est soupçonné de complicité de « supposition d’enfants » dans un dossier de trafic présumé  d’enfants entre le Niger, le Nigeria et le Benin.
            Dans ce vaste trafic, environ 17 personnes, dont 12 femmes, ont été écrouées au Niger. Des bébés auraient été conçus au Nigeria puis attribués à d’autres personnes au Niger et au Benin. Parmi ces personnes figure Abdou Labo qui a été ministre de l’intérieur et vice-président d’un parti d’opposition. Le cas en espèce est celui de l’une des femmes de Hama Amadou. Ce dernier n’ayant pas été entendu par la justice, une procédure a été mise en place. Monsieur Hama Amadou a donc fui par le Burkina Faso avant de se retrouver en France où il accuse le président de la République du Niger de chercher à l’empoisonner.
            Interroger sur son refus de passer un test ADN qui aurait clarifié les choses, Hama Amadou répond : « Dans l'islam, le principe qui est posé, est qu'une femme qui se trouve dans les liens du mariage, tout enfant qu'elle puisse avoir appartient systématiquement au mari, et il lui est interdit de procéder à des contrôles. »
            Monsieur Hama Amadou affirme ne pas faire confiance dans la justice de son pays ; il attendrait qu’un mandat international soit lancé afin que la justice française en laquelle il a plus confiance puisse s’emparer de l’affaire.
            Cette affirmation, venant d’un homme qui a occupé un grand poste de responsabilité dans son pays donne froid au dos. Si lui, avec les moyens dont il disposait, a pu fuir et se soustraire à cette justice, que doit faire le citoyen lambda ? La justice dans les pays africains ne serait-elle que pour les pauvres et pour ceux qui n’ont pas les moyens pour aller ailleurs ? Si ceux qui sont au sommet de l’Etat n’y croient pas, pourquoi la gardent-ils ?
            Je fais une proposition à nos dirigeants africains. Puisque personne ne croit plus à la justice en Afrique, chaque fois qu’il y a litige, que les Etats envoient les personnes en conflit en France se faire juger, qu’ils soient riches ou pauvres. Au moins, on respecterait l’égalité républicaine !



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