vendredi 11 février 2022

Tchad : Pays à double vitesse ? (par Pascal Djimoguinan)

Laissez-moi crier ma hargne ! Comment puis-je me taire quand on tue impunément de paisibles paysans dans leur village. Comment puis-je me taire quand d’un côté on parle de République et que de l’autre des hommes plus que citoyens organisent des battues pour abattre ceux qu’ils estiment être de la basse classe et sans droit ? Comment puis-je accepter d’entendre parler de dialogue national inclusif s’il ne s’agit que d’une rencontre entre des nantis, ayant tous les droits et qui ne se soucient pas d’une frange de la population qu’on laisse dans les ghettos du Tchad ? Est-ce possible de parler d’un Tchad des citoyens s’il n’y a pas d’égalité entre les populations et que l’Etat est incapable de garantir la sécurité des plus faibles ? Non, nous, au sud du Tchad, nous n’avons ni armes, ni droit, ni rien du tout. Nous sommes réduits à une vie de misère, ne vivant que des restes que d’’autres nous jettent d’un air méprisant. A peine sommes-nous un peu plus que les chiens, mais les vaches ont plus de valeur que nous. Peut-on parler de démocratie si nous sommes muselés et que nous ne pouvons qu’attendre comme une grâce qu’on nous crie « Kirdis » ? En fait, nous sommes des proies pour des prédateurs de toutes sortes, qu’aucune loi ne puisse nous protéger. Des faits ? asseyez-vous et écoutez-moi ; je vais énoncer des faits dans leur crudité, sans détour et sans commentaires : - Mercredi 09 février : dans la soirée, un éleveur fait un accident sur sa moto et décède suites aux chocs. - Jeudi 10 février : Les éleveurs du ferrick d’où vient l’accidenté, viennent au village voisin, SANDANA, accuser les villageois d’avoir tué leur frère. Avec leurs armes à feu, ils tirent en l’air. La population paniquée fuit vers la brousse. Les éleveurs armés les suivent, et le carnage peut commencer. Les villageois sont abattus comme des lapins de garenne. A la fin, on peut compter 11 morts. Parmi les morts, on peut compter le correspondant d’une radio communautaire qui rendait compte des exactions qui se faisaient dans le village. Des indices montrent que ce sont des exécutions sommaires. Seuls les hommes sont tués. Le journaliste est tué pour faire taire la vérité. Et pendant ce temps, la population matée se tait. Tout le Moyen Chari maté se tait. Tout le sud du Tchad maté se tait. Toute la population tchadienne éprise de justice, matée se tait. Pourquoi parler ? N’est-ce pas qu’un fait divers puisque c’est tous les jours que cela se passe dans cette partie du pays ? Trop c’est trop ! N’y aura-t-il pas justice ? Le territoire tchadien appartient à tous les tchadiens mais si certains nouveaux arrivants sont incapables de cohabiter, ils doivent aller ailleurs. C’est la seule solution. Que la justice soit fait et que le ferrick se déplace. Une vérité de la Palice : on ne peut pas faire de dialogue national inclusif si une partie de la population est considérée comme inférieure, donc des non-citoyens.

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