La
tragédie de Vincent Lambert est le reflet d’une demande sociale contradictoire
voulant tout et son contraire. « Nous ne savons pas si nous aimons la vie ou si
nous aimons la mort parce que nous ne savons pas au fond ce que nous aimons et,
plus en profondeur, parce que nous ne savons pas aimer tout court. »
La
mort de Vincent Lambert et, auparavant, sa vie, relèvent de la tragédie à
l’état pur, la tragédie résidant dans une contradiction irréductible. Vincent
Lambert n’était pas en fin de vie. C’était un grand handicapé. À ce titre, ses
parents ont raison. Il n’y avait pas à mettre fin à ses jours. En France, on ne
tue pas les handicapés. C’est l’honneur de la France. On a beau être un
handicapé, on n’en est pas moins un homme, souligne avec justesse André
Comte-Sponville. De ce point de vue, mettre fin aux jours de Vincent Lambert,
comme cela a été fait, relève du meurtre. Mais, par ailleurs, tétraplégique,
plongé dans un état végétatif depuis onze ans, la vie de celui-ci était une
torture. Et, vue de l’extérieur, une torture insupportable. De sorte que l’on
est pris dans un conflit cornélien.
Un conflit cornélien
Que
faut-il choisir ? La défense de la vie au détriment de la vie vivable ? Ou la
fin de la vie invivable au nom de la vivable, au détriment du principe de
défense de la vie ? Conflit cornélien. Alternative déchirante, insoutenable,
toutes les solutions étant mauvaises. Que l’on mette fin aux jours de Vincent
Lambert, on met à mal le principe de défense de la vie. Qu’on le laisse vivre,
c’est une vie que l’on torture.
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