(Au Sud du Tchad, en plein pays sar, à 33 kms de Koumra,
il y a une chefferie traditionnelle qui
a une très grande influence sur tous les sars de la région. Alors que le grand
groupe Sara est connu pour être une société acéphale, Bédaya fait partie de ces
exceptions qui viennent toujours déranger toute systématisation totale de la
réalité. Il est intéressant de s’intéresser aux origines de cette
particularité.)
Selon la tradition orale, les habitants de Bédaya
viendraient du côté de Békamba. On y trouvait un puits appelé « le puits
du roi » qui se trouvé dans un espace arboré. Les habitants étaient des
chasseurs. Ils décidèrent de migrer en suivant la voie d’eau appelée Hor. Ils
arrivèrent à Ngondéré, appelé alors Békégné, appartenant à Ngague. Ils lui demandèrent
d’y installer leur village. On n’est pas sûr si une permission ferme leur a été
accordée. Le roi de ces migrants s’appelait alors KUOLIYO (« oiseau –milan »)
ou bien MBASIRAGUE.
Cette même tradition orale de 1969 donne la liste de 18
rois (Mbang) :
1 Massirague
(Kuoliyo)
2 Mbandédjigué, son fils
3 Mbakeygué, frère de
Lbandéjigué
4 Mbamoudjigue, leur frère
dont le surnom est : Bera dog
5 Mbayargue, son fils aîné
6 Mbatoumgué, son fils cadet
7 Mbarague, fils ainé du
précédent
8 Borogue, son fils cadet
(un témoignage assez dit de foi parle de lui en 1855)
9 Mougode, fils de Borogue
10 Barde, fils de Borogue
11 Assede, fils de Mougode
12 Mode, fils de Mougode
13 Yande, fils de Mougode
14 Kemtemadji, fils de Barde
15 Solengar, fils de Mougode
16 Ngariba, fils de Yande
17 Djidabay, fils de Mode
18 Ngaral, fils de Mode
Selon la tradition orale, le Ngako Orentangar, fils de
Kemtemadji, aurait dû être choisi comme roi en 1956 mais le chef de canton
Midana l’aurait fait écarter au profit de son frère Ngaral.
La tradition dit que Mbassirangue ou Kuoliyo, n’aurait
pas été initié et que ce serait son successeur, Mbadédjigué qui aurait acheté l’initiation
et qui aurait fait faire les marques tribales à son fils.
L’itinéraire et l’installation
des migrants à Bédaya :
En consultant d’autres témoignages, il est possible de
compléter le récit de la migration de ce peuple.
Le peuple en marche suivait la voie d’eau appelée Hor et
est arrivé à Ndila. De là, il a passé le Mandoul et par la rive droite, a
pénétré dans le canton day de Ngalo. A Buwa où le fleuve est très profond, et
où se trouvait le village de Békégné, le peuple en marche a rencontré Ngakel en
train de pêcher. A cause de leur nombre, il ne pouvait faire passer le peuple
dans sa pirogue alors il lui a conseillé de continuer jusqu’à Ngandoge où il
pourrait rencontrer le seigneur du lieu, le Sire de Békégné.
Comment va se faire l’installation et le partage de la
terre ? Ecoutons quelques témoignages des anciens :
- Le Sire de Békégné dont
les terres sont sur les bords du Mandoul (très poissonneux) va laisser les
étrangers s’établir sur les terres de son voisin le Sire de Ngandenga.
Quand il est arrivé dans le pays, le roi a demandé à ses
gens de défricher la terre, pour y construire sa hutte, mais lui restait assis
sur son tambour. Avec la hache et la houe que leur a données le forgeron, ses
hommes ont coupé la paille rouge et ils ont tressé une natte pour que le roi
puisse s’asseoir dessus.
Les gens du Sire de Békégné, qui étaient pêcheurs et
fabriquaient du sel avec les cendres d’herbes aquatiques ont offert au roi et à
ses gens du poisson et du sel.
- Le Mbang est un homme
important et ses gens sont très nombreux : lors donc qu’il est venu et
resté, les gens de Békégné reculèrent et le Mbang qui était puissant leur prit
le pouvoir et ne le partagea plus avec eux. Le Sire de Békégné est devenu son
padja.
C’est le même processus à Bénguwé. Ngaagué, premier
compagnon de Kuoliyo au pays nar vient s’installer vers la même période. Il
trouve un chef déjà établi, Toogue, qui est possesseur de la terre. Il le
supplante et peu à peu accapare le pouvoir.
- Le Mbang désigne son fils
et lui dit : le village de Béko est très ancien. « Tu y vas car les
gens y sont très riches ; il y a du gibier, le poisson et d’autres choses.
Il n’est pas normal que tant de richesses n’appartiennent qu’au Ngako ke Mana.
Il ne doit pas y avoir d’homme têtu, indépendant qui puisse le dépasser, lui le
Mbang. » Ainsi, le fils du Mbang va s’installer à Béko, au-dessus du
Ngorgue, le Ngombang et tous les gens.
Le roi de Bédaya installa très tôt ses représentants à
Kera et à Dokassi qui est devenu un des sanctuaires de l’initiation.
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