vendredi 21 juillet 2017

Ainsi va le Tchad (par Pascal Djimoguinan)

            La construction d’une nation n’est pas chose aisée. Si tout le peuple est d’accord sur le concept, la réalité ne va pas sans son lot de frustrations et d’humiliation et quelquefois… de gratifications. Il suffit, pour s’en rendre compte, de relater un simple fait de la vie quotidienne au Tchad, un fait banal mais plein de sens.
            La ville de Sarh, au sud du Tchad, bien qu’elle soit cosmopolite est d’abord une ville où l’on parle majoritairement le Sar. Cette précision aidera à mieux comprendre l’anecdote dont il sera question par la suite.
            Un jour, j’accompagne un voyageur dans une agence de transport de la place (STTL pour ne pas la nommer.) Je m’approche du garçon qui range les bagages et j’entame une conversation avec lui en Français :
- Bonjour, à quelle heure part le bus ?
- Inti man ti kalim kalam arabe walla ? (Toi tu ne parles pas arabe?) me demande t’il.
- Je te demande à quelle le bus va partir ?
- Man ti kalim kalam arabe, inti man tchadien ? (tu ne parles pas arabe, tu n’es pas tchadien?)
- m-djijēí ké bus dá a āw̄ kə heure rí wa ? (Je te demande à quelle heure part le bus ?) lui demandé-je en Sar.
            Le garçon me regarde sans rien comprendre. Il a l’air gêné. Son ami me répond :
- Hou man yarfa kalam Sara (Il ne comprend pas le Sar)
M’adressant alors à celui qui vient de me parler, je lui demande de dire à l’autre :
- Demande-lui s’il n’est pas tchadien puisqu’il ne parle pas Sar ?
            Un fait divers bien banal qui montre que chacun des tchadiens doit faire un effort pour la construction de la nation tchadienne. Il ne faut pas un Tchad à deux vitesses !

            Ainsi va le Tchad !


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