(La Sœur Cécile Tinodji Nelembay a fêté cette année ses
50 ans de Vie religieuse. Pour mieux la connaître, nous revisitons aujourd’hui la
revue Chrétiens au Tchad aujourd’hui de 1975 (juillet-août septembre) numéro 7.
Elle y répondait à une lettre qui lui avait été adressée par Monsieur Ngarti
Mbaïdum, instituteur à Moundou.)
Cher Ngarti,
Permettez-moi de vous dire un grand merci pour les
questions que vous m’avez posées. Je vais essayer de vous répondre selon mes
possibilités.
Je suis née à Gagal, mais j’ai grandi à Bongor. Ma mère
est Ngambaye, elle vit actuellement à Moundou. Mon père est centrafricain
originaire de Bossangoa. Nous sommes quatre dans la famille, trois filles et un
garçon. Nous avons tous grandi au Tchad. Je suis la troisième fille. Nous avons
tous la nationalité Tchadienne.
C’est à Bongor que j’ai connu les sœurs de Notre Dame des
Apôtres. Elles m’ont envoyée au Dahomey (actuel Benin) faire mes études
primaires, car j’étais très jeune lorsque j’ai quitté mes parents.
J’ai passé plusieurs années au Dahomey de 1961 à 1967.
Revenue au Tchad, j’ai fait mes études secondaires au
Collège N.D. du Sacré-Cœur à N’Djamena. J’ai fait ensuite la classe pendant
deux ans avant de reprendre des études. Je finis l’Ecole Normale cette année et
je ne connais pas encore le lieu de mon affectation.
Je suis la quatrième sœur Tchadienne. Parmi les huit sœurs
Tchadiennes existantes, quatre ont déjà fait leurs engagements définitifs.
Voici leurs noms : Sr M. Colette Many, Sr M. Cécilia Many, Sr Monique
Ngonyom et moi-même. Nous sommes quatre dans le diocèse de Sarh, les autres
sont dans le diocèse du Logone Occidentale de Moundou.
Je pense que nous pouvons espérer avoir des sœurs Tchadiennes
dans un proche avenir. Il y a des jeunes filles qui sont en train de se former
à Donia et à Doïti. Dans un an ou deux nous serons plus nombreuses.
Autrefois seul l’appel de Dieu suffisait pour devenir sœur,
le diplôme était secondaire, il suffisait d’avoir la vocation. Mais depuis les
dix dernières années, les instituts ont compris que c’était une erreur de ne
pas faire étudier les Sœurs. Dans notre congrégation, on accepte les filles qui
ont le bac ou un métier.
Pourquoi
exige-t-on cela ? Une Sœur est le porte-parole du Christ auprès de ses
frères. Elle doit être en mesure de transmettre la bonne nouvelle sans erreur.
Elle doit comprendre les problèmes actuels pour aider les femmes et discuter
avec les gens. Si elle est ignorante, elle ne pourra pas raire un travail
efficace. Elle sera dépassée par les problèmes. Voilà les raisons pour
lesquelles on exige maintenant que les sœurs soient instruites. (Ce qui ne veut
pas dire que nous excluons les filles qui ont moins d’instruction et qui ont
ressenti l’appel de Dieu.)
Chez
nous, au Tchad, ce n’est pas comme cela. Les jeunes filles qui ont leur BEPC ou
leur bac, ou celles qui ont appris un métier, ne veulent pas se faire sœur.
Elles pensent avant tout gagner de l’argent, à se marier.
C’est
pourquoi, on accepte pour le moment des filles du niveau CM2. Pour ma part, je
souhaite vivement qu’il y ait, dans les couvents des filles instruites qui ont
obtenu leur BEPC ou leur bac.
Voilà,
cher Ngarti, les renseignements demandés. Si vous n’êtes pas satisfait, je vous
invite à poser d’autres questions. Je serai contente de vous répondre.
Recevez
mes salutations distinguées.
Tinodji
NELEMBAY.
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