mardi 20 juin 2017

Sœur Cécile Tinodji Nelembay, qui es-tu ?

            (La Sœur Cécile Tinodji Nelembay a fêté cette année ses 50 ans de Vie religieuse. Pour mieux la connaître, nous revisitons aujourd’hui la revue Chrétiens au Tchad aujourd’hui  de 1975 (juillet-août septembre) numéro 7. Elle y répondait à une lettre qui lui avait été adressée par Monsieur Ngarti Mbaïdum, instituteur à Moundou.)
            Cher Ngarti,
            Permettez-moi de vous dire un grand merci pour les questions que vous m’avez posées. Je vais essayer de vous répondre selon mes possibilités.
            Je suis née à Gagal, mais j’ai grandi à Bongor. Ma mère est Ngambaye, elle vit actuellement à Moundou. Mon père est centrafricain originaire de Bossangoa. Nous sommes quatre dans la famille, trois filles et un garçon. Nous avons tous grandi au Tchad. Je suis la troisième fille. Nous avons tous la nationalité Tchadienne.
            C’est à Bongor que j’ai connu les sœurs de Notre Dame des Apôtres. Elles m’ont envoyée au Dahomey (actuel Benin) faire mes études primaires, car j’étais très jeune lorsque j’ai quitté mes parents.
            J’ai passé plusieurs années au Dahomey de 1961 à 1967.
            Revenue au Tchad, j’ai fait mes études secondaires au Collège N.D. du Sacré-Cœur à N’Djamena. J’ai fait ensuite la classe pendant deux ans avant de reprendre des études. Je finis l’Ecole Normale cette année et je ne connais pas encore le lieu de mon affectation.
            Je suis la quatrième sœur Tchadienne. Parmi les huit sœurs Tchadiennes existantes, quatre ont déjà fait leurs engagements définitifs. Voici leurs noms : Sr M. Colette Many, Sr M. Cécilia Many, Sr Monique Ngonyom et moi-même. Nous sommes quatre dans le diocèse de Sarh, les autres sont dans le diocèse du Logone Occidentale de Moundou.
            Je pense que nous pouvons espérer avoir des sœurs Tchadiennes dans un proche avenir. Il y a des jeunes filles qui sont en train de se former à Donia et à Doïti. Dans un an ou deux nous serons plus nombreuses.
            Autrefois seul l’appel de Dieu suffisait pour devenir sœur, le diplôme était secondaire, il suffisait d’avoir la vocation. Mais depuis les dix dernières années, les instituts ont compris que c’était une erreur de ne pas faire étudier les Sœurs. Dans notre congrégation, on accepte les filles qui ont le bac ou un métier.
Pourquoi exige-t-on cela ? Une Sœur est le porte-parole du Christ auprès de ses frères. Elle doit être en mesure de transmettre la bonne nouvelle sans erreur. Elle doit comprendre les problèmes actuels pour aider les femmes et discuter avec les gens. Si elle est ignorante, elle ne pourra pas raire un travail efficace. Elle sera dépassée par les problèmes. Voilà les raisons pour lesquelles on exige maintenant que les sœurs soient instruites. (Ce qui ne veut pas dire que nous excluons les filles qui ont moins d’instruction et qui ont ressenti l’appel de Dieu.)
Chez nous, au Tchad, ce n’est pas comme cela. Les jeunes filles qui ont leur BEPC ou leur bac, ou celles qui ont appris un métier, ne veulent pas se faire sœur. Elles pensent avant tout gagner de l’argent, à se marier.
C’est pourquoi, on accepte pour le moment des filles du niveau CM2. Pour ma part, je souhaite vivement qu’il y ait, dans les couvents des filles instruites qui ont obtenu leur BEPC ou leur bac.
Voilà, cher Ngarti, les renseignements demandés. Si vous n’êtes pas satisfait, je vous invite à poser d’autres questions. Je serai contente de vous répondre.
Recevez mes salutations distinguées.

Tinodji NELEMBAY.

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