(Il y a 43 ans, le 19 octobre 1974,
la sœur Cécile Tinodji Nelembay prononçait ses vœux perpétuels dans la
congrégation des sœurs Notre Dame des apôtres dans la cathédrale de Sarh. Elle a
pris la parole au cours de la cérémonie. Nous donnons ici l’intégralité de son
intervention afin que les jeunes puissent en prendre connaissance. Nous le
tirons de la revue « Chrétiens au
Tchad aujourdhui », n°5, premier trimestre 1975, pp 3-4. Cela est tiré
d’un article de Souk Allag Ouaina.)
Mes chers frères, sœurs et amis,
Je vous remercie d’être venus
nombreux aujourd’hui pour prier avec moi et partager ma joie. Ce jour pour moi
a été vraiment attendu.
Je voudrais vous dire en quelques
mots comment j’ai entendu l’appel du Seigneur et j’y ai répondu, car souvent on
se pose la question.
Au cours d’une réunion de jeunes Cœurs-Vaillants
et Ames-Vaillantes, à Bongor, la Sœur nous montrait des photos, des images de
tous les pays dans le journal « KISITO ».
C’était pour nous montrer qu’on pouvait se mette au service des autres. Sur une
photo, il y avait des femmes habillées en blanc qui soignaient les malades. La sœur
nous expliquait que ces femmes étaient des religieuses, elles ne se marient
pas, elles ne mettent pas d’enfants au monde. Elles ont choisi de servir Dieu
en soignant les malades, en enseignant les enfants, en était la sœur de tous.
Après, je lui ai posé la question :
« Est-ce possible que je devienne comme elles, pour soigner mes frères ? »
Elle m’a répondu : « Oui, bien sûr ».
C’est à partir de ce jour que j’ai
senti l’appel de Dieu. Dieu s’est servi de ces photos pour m’appeler.
Depuis ce jour, j’ai cheminé jusqu’ici.
Mais pour en arriver là, ça n’a pas été toujours facile. J’ai rencontré des
difficultés de toutes sortes.
D’abord avec mes parents qui n’admettaient
pas que je me fasse religieuse, car ils voulaient avoir de moi la dot et les
enfants. Mon père étant mort, ma mère attendait de moi une aide matérielle,
étant la dernière des filles, elle voulait me garder auprès d’elle.
Difficultés avec mes frères
africains qui, bien souvent, ne comprennent pas toujours notre vie religieuse.
Ils disent que le Tchad est grand : donc il faut se marier et avoir
beaucoup d’enfants pour le peupler. Ils disent encore que nous perdons notre
temps au couvent (maison des sœurs) et ne croient pas à notre chasteté. Nos
frères ne comprennent pas la nécessité de notre célibat dans la vie religieuse.
D’autres nous demandent des vêtements, de l’argent, des livres, et quand nous
leur disons que nous n’en avons pas pour leur donner, ils ne l’admettent pas et
disent que nous sommes trop avares. Ils nous traitent comme des fonctionnaires
qui gagnent beaucoup d’argent.
Il y a aussi des difficultés du
point de vue communautaire : nos façons à nous, africaines, de voir, d’agir
et de faire ne sont pas toujours comprises par nos sœurs européennes, et
inversement nous ne comprenons pas leurs manières de faire ; ce qui crée
des tensions entre nous.
Voici quelques difficultés que nous
rencontrons et que j’ai moi-même rencontrées. Croyez-moi, cela n’est pas
facile, mais malgré tout je ne me suis pas découragée totalement, car je me dis
que dans n’importe quelle vie, je trouverai des difficultés sur d’autres plans.
Dans toutes ces difficultés, je
priais toujours la Vierge Marie, et je peux dire qu’elle m’a toujours soutenue
jusqu’à présent. Quelques rares amis que j’ai rencontrés m’ont aidé à
continuer, aussi bien dans ma communauté qu’au village.
L’engagement définitif que je fais
aujourd’hui ne veut pas dire que ces difficultés sont terminées, mais que j’accepte
d’avance de dépasser toutes celles qui sont à venir ; et cela, je ne peux
le faire seule, c’est pourquoi je demande l’aide de mes sœurs et frères pour
être fidèle.
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