Peuple du Tchad, sommes-nous les Atrides ? Pour
quels crimes odieux cachés portons nous la malédiction qui nous suit décennie
après décennie ? Comme les Atrides dont le destin est marqué par le meurtre,
le parricide, l’infanticide et l’inceste, ne connaitrons-nous pas le
repos ? Sommes-nous un peuple si fier qu’aucun espace n’est possible pour
le dialogue ? Ne nous contenterons d’arborer que Mangalmé, Bouna, 13 avril
1975, 12 février 1979, Eré, Tiné, etc… ? Y aurait-il place au
dialogue ?
Le Tchad est en train de vivre une crise sociale aigüe et
pourtant les différents acteurs sont des autistes. Chacun d’eux s’enferme dans
sa tour d’ivoire et ne se contente que de compter les points. Pendant ce temps,
la population meurt faute de soins et les enfants ne vont pas à l’école. Qui en
sort vainqueur ? Est-ce le gouvernement ? Est-ce l’opposition ?
Est-ce la société civile ? Le seul perdant, c’est le Tchad. Nous sommes
tous vainqueurs ou tous perdants.
Pourquoi faut-il que le dialogue soit vu au Tchad comme
un signe de faiblesse ?
Le bras de fer qui s’est engagé entre les syndicats et le
gouvernement ressemble à un véritable jeu de qui (activité sportive dans
laquelle le joueur fait rouler ou jette un projectile (souvent une boule) vers
les quilles afin de les faire tomber) où la population joue le rôle de boule.
Nul n’est à mesure de dire qui est le joueur ni qui sont les quilles.
Les causes du bras de fer, tout le monde les
connaît ; c’est la suppression par le gouvernement des primes et des
indemnités des fonctionnaires. La raison avancée et qui peut être valable est
la chute du prix du pétrole.
Une fois que nous avons dit cela, est-ce que la situation
est sans issue ? Nous sommes des humains et nous pouvons avoir une prise
sur le réel. Peut-être est-il impossible de revenir sur la situation initiale
mais n’est-il pas possible de trouver un compromis entre la décision
gouvernementale et celle des syndicats ? C’est ici qu’un dialogue est
nécessaire.
Le gouvernement, l’opposition et les syndicats ont
intérêt à s’engager dans un dialogue s’ils aiment le Tchad. Nous sommes
fatigués depuis des décennies d’entendre les uns accuser les autres. S’ils ne
sont pas capables de s’entendre, qu’ils se retirent tous, qu’ils déclarent leur
faillite et laissent la place à la nouvelle génération.
Le peuple ne doit pas être un otage ; la population
a le droit de manger, d’être soigner et les jeunes ont le droit à l’éducation.
Si les politiques sont incapables à fournir cela, on ne voit pas à quoi ils
servent.
La politique est l’art du possible et il faut savoir être
orfèvre pour bâtir. Loin de construire des murs, nos politiciens devraient
apprendre à construire des ponts. Comme le disait Eric Weil, le dialogue est exclusion
de la violence par la parole. Il faut donc oser le dialogue.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire