mercredi 23 novembre 2016

Ô mon Tchad, ô mon beau peuple (par Pascal Djimoguinan)

            Peuple du Tchad, sommes-nous les Atrides ? Pour quels crimes odieux cachés portons nous la malédiction qui nous suit décennie après décennie ? Comme les Atrides dont le destin est marqué par le meurtre, le parricide, l’infanticide et l’inceste, ne connaitrons-nous pas le repos ? Sommes-nous un peuple si fier qu’aucun espace n’est possible pour le dialogue ? Ne nous contenterons d’arborer que Mangalmé, Bouna, 13 avril 1975, 12 février 1979, Eré, Tiné, etc… ? Y aurait-il place au dialogue ?
            Le Tchad est en train de vivre une crise sociale aigüe et pourtant les différents acteurs sont des autistes. Chacun d’eux s’enferme dans sa tour d’ivoire et ne se contente que de compter les points. Pendant ce temps, la population meurt faute de soins et les enfants ne vont pas à l’école. Qui en sort vainqueur ? Est-ce le gouvernement ? Est-ce l’opposition ? Est-ce la société civile ? Le seul perdant, c’est le Tchad. Nous sommes tous vainqueurs ou tous perdants.
            Pourquoi faut-il que le dialogue soit vu au Tchad comme un signe de faiblesse ?
            Le bras de fer qui s’est engagé entre les syndicats et le gouvernement ressemble à un véritable jeu de qui (activité sportive dans laquelle le joueur fait rouler ou jette un projectile (souvent une boule) vers les quilles afin de les faire tomber) où la population joue le rôle de boule. Nul n’est à mesure de dire qui est le joueur ni qui sont les quilles.
            Les causes du bras de fer, tout le monde les connaît ; c’est la suppression par le gouvernement des primes et des indemnités des fonctionnaires. La raison avancée et qui peut être valable est la chute du prix du pétrole.
            Une fois que nous avons dit cela, est-ce que la situation est sans issue ? Nous sommes des humains et nous pouvons avoir une prise sur le réel. Peut-être est-il impossible de revenir sur la situation initiale mais n’est-il pas possible de trouver un compromis entre la décision gouvernementale et celle des syndicats ? C’est ici qu’un dialogue est nécessaire.
            Le gouvernement, l’opposition et les syndicats ont intérêt à s’engager dans un dialogue s’ils aiment le Tchad. Nous sommes fatigués depuis des décennies d’entendre les uns accuser les autres. S’ils ne sont pas capables de s’entendre, qu’ils se retirent tous, qu’ils déclarent leur faillite et laissent la place à la nouvelle génération.
            Le peuple ne doit pas être un otage ; la population a le droit de manger, d’être soigner et les jeunes ont le droit à l’éducation. Si les politiques sont incapables à fournir cela, on ne voit pas à quoi ils servent.

            La politique est l’art du possible et il faut savoir être orfèvre pour bâtir. Loin de construire des murs, nos politiciens devraient apprendre à construire des ponts. Comme le disait Eric Weil, le dialogue est exclusion de la violence par la parole. Il faut donc oser le dialogue.

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