samedi 8 mars 2025

Message de Carême de monseigneur Edmond Djitangar aux chrétiens de l'archidiocèse de N'Djamena

 « Soumettez-vous à Dieu et résistez au démon : il s’enfuira loin de vous. Approchez de Dieu et Lui s’approchera de vous. Pécheurs, enlevez la souillure de vos mains ; hommes partagés, purifiez-vos cœurs. Abaissez-vous devant le Seigneur, et il vous élèvera » (Jc 4,7-8.10).

Chers frères et sœurs

Bien-aimés de Dieu dans le Christ

C’est en « pèlerins de l’espérance » que nous sommes entrés dans cette année jubilaire. Le Carême est une étape importante de notre marche jubilaire et c’est l’occasion de nous rendre compte des grâces déjà reçues du Seigneur au niveau personnel, familial ou ecclésial, dans l’espérance d’autres, plus abondantes.

C’est d’abord une marche d’espérance de libération. Nous nous engageons dans une marche dont le but est de nous libérer de notre égoïsme, de tout ce qui nous retient prisonnier de nous-même et nous éloigne de nos frères et sœurs. C’est une marche en Eglise, une marche synodale avec tous ceux qui composent notre Eglis-Famille de Dieu.

C’est une marche d’espérance de conversion et l’Eglise notre Mère dispose des moyens pour soutenir nos efforts de conversion personnelle ou communautaire dans cette marche d’espérance de libération. Elle commence avec la réception des cendres, signe d’humilité et expression de notre fragilité devant le péché. Mais notre espérance en la toute-puissance de Dieu nous donne des forces et nous rend vainqueur dans la lutte contre le mal.

La prière et en particulier l’adoration silencieuse devant le St-Sacrement nous permet de nous libérer des préoccupations ordinaires pour donner plus de temps à Dieu. Le jeûne signifie que la Parole de Dieu est la vraie nourriture pour notre vie spirituelle et nous la mettons au-dessus des besoins naturels. L’aumône n’est pas un simple geste de pitié, mais un geste de partage qui exprime l’attention et l’amour que nous portons aux autres, spécialement ceux qui ont besoin de notre aide.

Les autres dévotions, en particulier le chemin de croix et le rosaire nous font revivre spirituellement notre marche à la suite du Christ et nous font faire la révision de notre foi. La pratique des œuvres de miséricorde (visite des malades, des prisonniers, assistance diverses, accueil des étrangers…) nous permet de rencontrer le Christ en personne dans ces frères et sœurs privés de santé, de liberté ou de sécurité qui attendent notre aide.

Le Carême est surtout un temps de combat spirituel personnel et communautaire… C’est le temps favorable pour combattre les maux qui nous fragilisent et nous empêchent de nous épanouir comme chrétiens dans notre vie familiale ou en Eglise-Famille de Dieu. Aussi, j’invite les chrétiens qui vivent une situation irrégulière dans leur ménage (concubinage refus de célébration du mariage sacramentel…) ou dans leur vie chrétienne (fréquentation des marabouts, des devins ou des sectes) à se sortir de ces situations et à mettre de l’ordre dans leur vie chrétienne. Sans le savoir, ils s’éloignent petit à petit de la vie de la communauté chrétienne, ne participant plus aux CEB et ne donnant plus les cotisations de l’Eglise. Sans rejet de la foi, ils finissent par être indifférents aux exigences de leur baptême.

Nos organisations paroissiales et nos mouvements souffrent des querelles de leadership ou des jalousies entre les membres et des petites divisions naissent. Certains responsables ne vivent pas en règle avec la foi chrétienne ou ne dirigent pas les autres avec l’esprit chrétien. Je les invite à revenir à leurs statuts, à les respecter et à les appliquer pour donner un témoignage chrétien de l’autorité qui est un service gratuit.

Nos commissions Justice et paix ont de la peine à se faire entendre et il y a encore trop de silence des chrétiens face aux injustices et aux exclusions sociales et religieuses dont ils sont les premières victimes. L’engagement sociale des chrétiens souffre encore des manipulations politiques et des complicités ethniques. Les chrétiens doivent proscrire toute parole qui divise, les insultes, les moqueries, les provocations inutiles… Cela ne construit ni la famille, ni la société, ni l’Eglise.

Je voudrais vous interpeller sur un phénomène qui est une grande source d’inquiétude pour nous vos pasteurs. C’est la gestion des funérailles. Certains comportements méritent réflexion car il y a un mélange de la culture traditionnelle avec les cultures d’importation qui se manifestent dans certaines conduites au cours des funérailles et qui sont contraires à l’Evangile.

Je veux souligner entre autres, les mauvais traitements que subissent les veuf/ves ainsi que les orphelins en cas de décès du conjoint. Les biens du défunt sont séquestrés par des « parents » …parfois chrétiens, qui s’en approprient au nom de la « famille » et excluent les vrais membres de la famille éprouvés. C’est une injustice grave qu’il faut corriger.

Pour bien vivre pleinement l’esprit de l’année jubilaire, je demande à tous de faire des efforts pour que règne un peu plus de justice et de paix dans nos relations familiales et sociales. Que ceux qui sont en conflits cherchent des chemins de réconciliation. Que les employeurs (familles, entreprises, sociétés, économat diocésain, paroisses, presbytères, communautés religieuses, écoles, institutions sociales…) traitent les employés avec justice en respectant les normes du droit.

Le Carême est aussi le temps des sacrifices pour manifester notre reconnaissance à Dieu et notre amour de l’Eglise. Nous sommes appelés à accomplir notre « devoir pascal ». Il consiste à fréquenter les sacrements de la réconciliation et de l’Eucharistie et à s’acquitter de deux contributions à la vie de l’Eglise : la dîme et le denier du culte.

La dîme est le reversement à l’économat diocésain du 1/10 de tout ce que le chrétien gagne dans l’année. Elle est destinée à faire vivre les prêtres. Le denier du culte est l’équivalent du salaire d’une journée de travail ; il est reversé pour soutenir l’archidiocèse dans l’entretien des lieux de culte ou la construction de nouveaux.

Ces deux contributions sont obligatoires et peuvent se faire en espèce ou en nature ; elles n’excluent pas les autres contributions dites « volontaires » car les montants ne sont pas fixés. Ce sont : les quêtes ordinaires de la messe et les dons faits par les fidèles aux prêtres pour les besoins du presbytère ou de la paroisse. J’invite tous les fidèles à méditer cette sentence du Siracide et de s’acquitter de ce devoir pour le plus grand bien de notre Eglise-Famille de Dieu :

« Consacre de bon cœur à Dieu le dixième de ce que tu gagnes. Donne au Très-Haut selon ce qu’il te donne et sans être regardant, selon tes ressources car le Seigneur paye de retour ; il te rendra sept fois plus que tu n’as donné » (Si 35,14-15).

Les fidèles catholiques ne manquent certes pas de générosité mais les fruits de cette générosité sont souvent mal orientés ou mal gérés. Nous constatons qu’avec le nombre des fidèles tous les dimanches à la Messe et celui des haut-cadres qui sont parmi nous, nous ne soyons pas capables depuis huit ans de finir la construction d’une seule église paroissiale ou d’offrir une maison d’habitation convenable à nos prêtres, dans l’enceinte de nos paroisses.

L’archidiocèse ne vit pas des fonds spéciaux venant de Rome comme certains le pensent, mais de l’apport des fidèles et la richesse de l’Eglise, ce sont les fidèles et ce qu’ils peuvent mettre en commun pour soutenir ses ministres et développer ses activités. Ceux et celles qui ont les moyens ne doivent pas hésiter ou avoir peur de faire des offrandes substantielles, pas seulement à la demande, mais volontairement pour soutenir les projets de l’Eglise.

Nous constatons aussi que nos fêtes liturgiques (baptême, mariage, ordination, vœux) et familiale (anniversaire, diplômes ou promotion) occasionnent des dépenses énormes, surtout en nourriture, en boissons alcoolisées… sans compter les dépenses parallèles et non essentielle : protocole, tenue d’honneur etc… Ce sont là des sources de gaspillage et d’appauvrissement de nos familles et de nos communautés. Apprenons à vivre dans la sobriété, à prévoir, à épargner pour investir dans les domaines plus productifs afin d’améliorer les conditions de vie de nos familles et de notre Eglise.

Chers frères et sœurs, bien-aimés de Dieu,

Même si ce message est centré sur la vie de notre Eglise-famille de Dieu qui est à N’Djamena, nous sommes appelés à regarder bien au-delà de nos frontières. La Conférence des Evêques du Tchad (CET) se prépare à accueillir en janvier 2026 la XIIIe Assemblé plénière de l’Association des Conférences Episcopales de la Région Afrique Centrale (ACERAC). Le choix de N’Djamena pour abriter ce grand événement nous honore, mais il est aussi une lourde charge qui nous demande une bonne organisation, et une bonne gestion.

Nous avons mis en place une organisation chargée de sensibiliser d’abord les fidèles catholiques. Les membres sont issus de toutes les composantes de de notre Eglise-Famille de Dieu. La préparation et la réalisation de cet événement d’église constituent des lieux d’exercice de notre synodalité et de notre unité ecclésiale. Vous serez sollicités à tous les niveaux et vous aurez sûrement à consentir des sacrifices sous forme de dons en espèces, en nature ou en temps. Je suis sûr que vous y contribuerez généreusement bien au-delà de ce qui vous sera demandé.

Puisse le Seigneur nous accorder un fructueux pèlerinage d’espérance. Puisse-t-il nous maintenir unis et solidaires dans notre marche derrière lui, vers Pâques. Ma prière vous accompagne tous, en particulier les communautés du Kanem-Lac Bahr El Gazal – Borkou Tibesti. Dites aux catéchumènes que je pense beaucoup à eux et que je suis impatient de les accueillir bientôt à la Table eucharistique de la grande Famille de Dieu.

Que son Nom soit béni maintenant et toujours.

Priez et faites aussi prier pour mi s’il vous plaît.

N’Djamena 05-03-2025, jour des cendres 2025.

+ DJITANGAR Goetbé Edmond

Archevêque métropolitain de N’Djamena




lundi 10 février 2025

La Complainte de Mandrin - Chanson d'Yves Montand (Par Pascal Djimoguinan)

On était enfants, jeunes ou adolescents, le cœur plein d’aventure et les chansons qui nous venaient aux lèvres, continuent aujourd’hui à nous égayer et nous nous surprenons parfois à les fredonner que tombe le soir et qu’une brise légère adoucit le temps. A vous tous, nostalgiques comme moi, je vous dédie cette chanson. Nous avons toujours le cœur jeune.


Nous étions vingt ou trente
Brigands dans une bande
Tous habillés de blanc
À la mode des, vous m'entendez
Tous habillés de blanc
À la mode des marchants

La première volerie
Que je fis dans ma vie
C'est d'avoir goupillé
La bourse d'un, vous m'entendez
C'est d'avoir goupillé
La bourse d'un curé

J'entrais tout dans la chambre
Mon Dieu, qu'elle était grande
J'ai trouvé mille écus
Je mis la main, vous m'entendez
J'ai trouvé mille écus
Je mis la main dessus

J'entrais dedans une autre
Mon Dieu, qu'elle était haute
De robes et de manteaux
J'en chargeais trois, vous m'entendez
De robes et de manteaux
J'en chargeais trois chariots

Je les portais pour vendre
À la foire en Hollande
J'les vendis au marché
Ils m'avaient rien, vous m'entendez
J'les vendis au marché
Ils m'avaient rien coûté

Ces messieurs de Grenoble
Avec leurs longues robes
Et leurs bonnets carrés
M'eurent bientôt, vous m'entendez
Et leurs bonnets carrés
M'eurent bientôt jugé

Ils m'ont jugé à pendre
Ah, c'est dur à entendre
À pendre, étranglé
Sur la place du, vous m'entendez
À pendre, étranglé
Sur la place du marché

Monté sur la potence
Je regardais la France
J'y vis mes compagnons
À l'ombre d'un, vous m'entendez
J'y vis mes compagnons
À l'ombre d'un buisson

Compagnons de misère
Allez dire à ma mère
Qu'elle ne me reverra plus
J'suis un enfant, vous m'entendez
Qu'elle ne me reverra plus
J'suis un enfant perdu