Qu’il me soit permis de faire un devoir de mémoire.
Mon père si ignoré, un grand
commis de l’Etat…
De son Etat civil Djimoguinan
Mongdjim Evariste, il a vu les jours dans l’an de grâce 1939 à Békondjo 1 par
Doba, dans le Logone Oriental. Il perdra tous ses frères aînés et cela le marquera
très profondément tout sa vie dans la formation de sa personnalité. Il sera
toute sa vie le grand frère qui accueillera à bras ouverts tous ses autres
frères et sœurs, ses cousins et cousines, toutes les personnes qu’il lui sera
permis de rencontrer.
Il sera parmi les grand
privilégiés de cette époque car il sera inscrit à l’école catholique saint
François Xavier de Sarh (Moyen Chari) où il pourra faire ses études. Par la
suite, il fera partie des premiers instituteurs formés par les prêtres pour
enseigner dans les écoles catholiques.
Il optera ensuite, aux
indépendances, pour la Sureté Nationale. Il passera le concours de la police du
jeune Etat en train de se construire.
Le Tchad ne lésinera pas sur
les moyens pour la formation de ses premiers policiers. Il sera envoyé en France,
puis aux Etats-Unis pour être formé.
D’abord à Moundou, puis à N’Djamena,
il sera le policier fidèle et courageux au service de la patrie.
Le premier président de la
République, François Tombalbaye aura besoin d’une force à mi-chemin entre les
CRS (Compagnie républicaine de sécurité en France) et une force présidentielle.
Il créera donc la CTS (Compagnie tchadienne de sécurité). Pour cela, mon père
sera envoyé sous le drapeau à Moussoro. Pendant quelques mois, il subira une
formation militaire puis il reviendra à N’Djamena où il sera l’adjoint de
commandant en chef de la CTS, le nommé Saleh Biani. Il sera à ce poste jusqu’au
coup d’Etat militaire du 13 avril 1975. Il sera celui qui subira l’humiliation
de la reddition du Camp de N’Djamena quand il apprendra à la radio la mort du
président qui se trouvait sur un autre site.
De cette période, le contact était
par intermittence, au grès des quartiers consignés, des permanences et des
stand-by.
Après le coup d’Etat, mon papa
a été d’abord été pris dans les tourbillons de la police et a dû passer deux
années aux arrêts comme prisonnier politique. Ensuite, étant reversé dans la
police nationale, il a été affecté à Abéché comme commandant du corps urbain de
cette ville.
C’est là que le trouvera la
guerre civile de 1979. Lorsque la ville a été prise par les FAN (Forces armées
du Nord) de Hisseine Habré, On viendra le chercher à la maison. Le dernier mot
qu’il dira à ma mère avant de partir est : « on vient de m’arrêter
comme prisonnier, garde bien les enfants ». On ne le verra plus jamais.
Je n’ai jamais eu le temps d’avoir
une relation d’adulte avec mon père. C’est l’adolescent qui a toujours été dans
une relation de fascination pour le père et en même temps une attitude de rébellion.
Comme adulte, il me faut toujours inventer pour combler le gap d’une relation
normale entre un père et un fils.
Je lui dois bien ces mots de
reconnaissance, en attendant d’être réunis un jour pour vivre cette relation
qui n’a jamais connu sa maturation.
Repose en paix, Capitaine Djimoguinan
Mongdjim Evariste.
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