Nous assistons depuis quelque temps à des manifestations anti-français dans plusieurs régions dans l’Afrique subsaharienne francophone. Loin de n’exprimer qu’un malaise éphémère et de ce fait de ne manifester qu’un épiphénomène sans grande valeur, il s’agit, en réalité d’un ras-le-bol dont nous ne voyons encore que ce qui constitue la partie visible de l’iceberg. On gagerait beaucoup à s’arrêter sur ce « malaise » pour en analyser les causes et voir ce qu’il est encore possible de faire sinon, on ne s’arrêterait qu’à l’usage de palliatifs sans effet pour l’amélioration des relations franco-africaines.
Tout part d’une réalité qui n’est
que l’arbre qui cache la forêt, la société des mercenaires russes présents sur
le continent africain. Il faut reconnaître qu’il y a une grande partie du jeu géostratégique
de la Russie cherchant à « prendre la place » de la France en Afrique
francophone. Il est vrai que la Russie. Nous voyons, en effet, l’intensification
de la coopération militaire en RCA et au Mali (On ne sait pas encore très bien
de ce qu’il en est au Mali), une présence diplomatique plus forte qu’auparavant
en Afrique et quelques aides sur le plan économique et industriel. Cependant,
il serait naïf de croire que tout le mal vient de là. Il ne s’agit ici que de
la goutte qui fait déborder le vase. Le problème a des racines plus anciennes
et profondément plantées. Dès lors, il ne s’agit plus simplement de briser le thermomètre
pour éradiquer la fièvre.
* Dans les profondeurs du
malaise :
Comme nous l’avions dit, le
malaise remonte très loin. On peut le faire remonter aux temps des indépendances.
Celles-ci ont été mal préparées ou du moins mal négociées. Du coût la
décolonisation n’a été que du leurre. La France n’avait accordé aux pays africains
qu’une indépendance postiche. Il fallait à la France des voix à l’ONU et
accorder les indépendances aux africains était pour elle une opération
rentable. En plus des voix dont elle avait besoin, la France, par Jacques Foccart,
continuait de diriger les pays africains à sa guise. Ce n’est pas étonnant que
l’on ressorte aujourd’hui les accords secrets qui étaient les ficelles qui
permettait à la France de manipuler la marionnette Afrique.
* Le malaise du Franc CFA :
Il est difficile de savoir
exactement ce que la France a manigancé avec cette monnaie qui est commune à la
majorité des pays africains ayant été colonisés par la France. Une chose est
sûre. La souveraineté économique échappe aux Etats dits souverain, ayant en
partage le franc CFA. En plus quelles sont les redevances qu’implique l’utilisation
de cette monnaie. Quelle est la marge de manœuvre des Etats ? En plus,
lorsque l’on voit que seuls les Etats francophones portent aux pieds ce qu’il
convient de plus en plus à appeler un boulet, cela appelle à une réaction de
fierté, voir de révolte que certains commencent à sonner.
* Le malaise d’une
politique à géométrie variable pour la démocratie :
Si officiellement la France apparait
comme le pays des droits de l’Homme et de la liberté, cela est très choquant
pour beaucoup d’africains de voir qu’elle soutient des régimes qu’on peut
qualifier de tout sauf de démocratique. La France perd donc sa crédibilité aux
yeux de beaucoup d’africains en maintenant au pouvoir des hommes à sa solde qui
ne respectent pas les droits de leurs citoyens et qui utilisent la répression
sanglante pour rester au pouvoir.
Cette situation est arrivée à
son paroxysme avec « l’exception tchadienne ». Alors que sur le plan
international, les coups d’Etat sont condamnés, la France a soutenu et imposé
le coup d’Etat au Tchad. Du coup, cette exception a servi de catalyseur pour
les coups d’Etat dans la région.
La France a beau chercher à
faire amende honorable ; pour de nombreux africains, elle ne fait que
jouer au Tartuffe. L’heure n’est plus au discours, il faut passer aux actes. La
France a beaucoup à perdre dans ce jeu si elle ne fait attention. Elle ne s’est
pas rendu compte qu’elle a affaire à des adultes, échaudés par tant d’expériences
malheureuses.
Aujourd’hui, si la France veut
gagner le peu de crédibilité qui lui reste encore en Afrique, elle a intérêt à
jouer franc jeu. Il ne lui sert à rien de continuer à soutenir des régimes
illégaux et illégitimes.
Elle doit revoir toute sa
politique, mettre tout sur table et discuter avec les africains pour un nouveau
partenariat. Le plus difficile est de reconnaître qu’on a fait fausse route et
qu’il faut rebrousser chemin. L’honnêteté intellectuelle est la marque des
grands hommes et des grands Etats. Tout est encore possible au point où l’on
est.
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