dimanche 2 octobre 2022

LU POUR VOUS/ Homélie de l'archevêque de Bangui pour la rentrée pastorale (par Pascal Djimoguinan)

 

                                             ARCHEVEQUE METROPOLITAIN DE BANGUI

Homélie de la rentrée pastorale diocésaine 2022-2023

Ha 1. 2-3 ; 2, 2-4 ; PS 94 ; 2 Tm 1, 6-8. 13-14 ; Lc 17, 5-10

Monseigneur Cédric KONGBO GBASSINGA, Secrétaire général de la Conférence Épiscopale

Centrafricaine,

Monseigneur Mathieu Fabrice Evrard BONDOBO, Vicaire Général de l' Archidiocèse de Bangui,

Chers frères dans le sacerdoce,

Chers religieux et religieuses,

Chers ordinands,

Chers frères et sœurs,

Distingués invités,

Et vous tous, hommes et femmes de bonne volonté,

La paix du Christ !

Chrétiens de l'Archidiocèse de Bangui : Debout ! Marchons avec le Christ !

Wamabè ti kota vaka Da-Nzapa ti Bangui : Londo ! Tambula na peko ti Christ !

« Pour une Église synodale, communion, participation, mission »

« Désormais, nous ne connaissons personne à la manière humaine. Si donc quelqu'un est dans le Christ, c'est une créature nouvelle » (2 Co 5, 16-17)

Qu'il est merveilleux d'être ensemble et, surtout, d'éprouver, dans la diversité de nos provenances, la même joie d'être réunis dans la maison du Seigneur, pour être nourris de sa Parole et de son Corps et pour prendre ensemble la route de la marche de cette nouvelle année pastorale 2022-2023.

L'appel de Dieu s'adresse à l'ensemble de ses enfants sans distinction, sans ségrégation, sans mépris, sans exclusion : c'est un appel au bonheur véritable dont l'une des déclinaisons concrètes est la mission. Malgré les souffrances, les différentes épreuves, Dieu appelle tous ses enfants à vivre ensemble dans la joie, dans la paix et dans la fraternité.

Tout au long des assises ayant précédé cette grande célébration, nous avons vécu un véritable temps de grâce et de convivialité. Grande a été notre joie de donner de notre savoir, de nos témoignages mais encore d'être enrichi par les expériences, les partages et les messages de nos frères protestants et musulmans.

La célébration eucharistique de ce 27e dimanche du temps ordinaire est l'apothéosede tous ces moments vécus où le Seigneur, dans l'Évangile, nous invite à nous enraciner dans la puissance de la foi comme fondement de notre vie, de nos activités pastorales et de nos services.

Frères et sœurs,

Sans la foi en Dieu, une foi vivante et profonde, nos efforts et nos mots risquent de se limiter qu'à la dimension humaine. On risquerait de croire que le miracle du « vivre ensemble dans la diversité »peut advenir de la force de notre savoir, de nos stratégies et moyens, de nos capacités et mérites.

Sans Dieu, tous nos efforts ne mènent à rien, toutes nos vocations ne conduisent à aucun bonheur. Sans Dieu et sans la lumière de l'Évangile, la culture n'a pas de sens et nos œuvres d'inculturation risquent de ne pas atteindre tout l'homme et tout homme.

Avant tout, il faut avoir la foi pour comprendre profondément que l'appel à marcher ensemble relève de la volonté du Seigneur et que cela constitue un chemin de salut. La foi nous aide à interpréter le sens de la mort et de la résurrection de notre Seigneur comme actes de réunification de l'humanité dispersée et appel à œuvrer pour l'unité.

La foi nous ouvre à l'écoute de l'Esprit Saint qui sème en nous des germes d'amour, de pardon. La foi nous fait adhérer à l'appel de l'Église : « marcher ensemble » est aujourd'hui une urgence, une impérieuse nécessité pour le monde.

Les obstacles à la marche ensemble sont nombreux et semblent souvent insurmontables : la volonté de puissance, de pouvoir, les offenses, la haine, les violences au nom de l'ethnie et au nom de la religion.Toutes ces absurdités conduisent à la désolation qui font le tourment du prophète Habaquc.

Frères et sœurs,

Dans la première lecture, ce dernier est confronté à la désolation de son peuple : « Pourquoi me fais-tu voir le mal et regarder la misère ? Devant moi pillage et violence ; dispute et discorde se déchaînent » (Ha

En dépit de ce tableau sombre pouvant conduire au pessimisme, au désespoir, le Seigneur rassure son prophète et lui fait entrevoir un avenir plein d'espérance. De tout temps, la fidélité de Dieu est sans failles : sur elle, nous pouvons fonder notre persévérance en l'attente de la réalisation de sa promesse.

Nous ne sommes pas seuls dans notre marche ensemble. Dieu lui-même marche avec nous à travers sa Parole qu'il nous invite à consulter « couramment » (cf. Ha 2, 2). Et Dieu nous demande d'être justes afin d'être le sel et la lumière de nos communautés, de notre pays. « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n'est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. »l . Fidèle à sa vocation prophétique, l'Église ne peut pas rester indifférente ni silencieuse devant la souffrance du peuple.

Fidélité dans la justice et fidélité à sa vocation plaisent à Dieu et constituent d'éloquents témoignages. Cela me conduit à évoquer la deuxième lecture extraite de la seconde épître de saint Paul Apôtre à Timothée. Elle contient un conseil d'une importance indéniable : « Bien aimé, ravive le don gratuit de Dieu, ce don qui est en toi depuis que je t'ai imposé les mains » (2 Tm l, 6).

Chers ordinands,

D'ici peu, par l'imposition de mes mains, vous serez investis de l'Esprit de Dieu pour devenir diacre et prêtres.

L'imposition des mains est un geste rituel qui trouve sa racine et son sens dans la Bible. Elle est un signe de bénédiction et de consécration. Dans le Nouveau Testament, Jésus imposait les mains en signe de délivrance, de pardon et de salut (cf. Mc 16, 17-18). Ayant reçu de lui le pouvoir de le faire, les Apôtres y recouraient eux aussi pour signifier le don de l'Esprit et l'envoi en mission. Aujourd'hui, l'Église continue d'imposer les mains pour l'administration des sacrements. Dans le cas d'une ordination par exemple, par ce geste, Dieu donne a une personne un pouvoir spirituel lui permettantd'exercer une mission précise, une fonction déterminée.

Il faudra vous souvenir qu'en ce jour saint, Dieu dans son amour infini, s'est penché sur vous, pour vous associer à sa mission de conduire à lui tout le genre humain ; il vous a inséré dans un presbyterium

1Gaudium et Spes, 1.

qui est votre soutien, votre lieu de marche. Souvenez-vous qu'aujourd'hui, il vous a comblés d'une grâce spéciale que la fidélité à votre état de vie maintiendra vive, active et puissante.

Puissiez-vous accueillir votre ordination avec joie et humilité. Puissiez-vous vivre le diaconat et le presbytérat comme un don émanant de la pure gratuité divine et de cela, pour servir vos frères et sœurs, non pas les écraser en vous croyants supérieurs, et surhommes. Vous voici intégrés à la marche au milieu de vos frères et sœurs à qui il vous incombera de servir la Parole et le Pain de la Vie, viatiques au bonheur éternel.

Vos ministères recèlent une dimension esthétique qui est salutaire pour vous et pour le peuple de Dieu. Le Seigneur veut que vous gardiez le dépôt de la foi dans toute sa beauté, soutenus par le Saint Esprit qui siège en vous (cf. 2 Tm 1, 14). La beauté évoque la grandeur de l'oeuvre divine, l'importance de votre tâche et la valeur inestimable de vos brebis. La beauté évoque aussi l'application que vous devez accorder à l'accomplissement de votre mission.

L'appel que le Seigneur vous adresse nous concerne tous, prêtres, religieux et religieuses à qui il incombe de renouveler notre amour pour le Seigneur et pour la mission qu'il nous accorde.

Cet appel s'adresse aussi particulièrement à toi, abbé Jerry, qui d'ici peu, t'engageras solennellement à prendre la route pour saint Laurent de Kouki. Ne l'oublie pas. Tu ne t'y rends pas seul. Tu seras accompagné d'un diacre mais encore de tout l'archidiocèse de Bangui qui sera en communion avec vous.

Tous ensemble, ne l'oublions pas, en tout lieu, en toute circonstance, l'Esprit du Seigneur qui nous accompagne est un esprit de force, d'amour et de pondération. La fécondité de notre œuvre et la fidélité à nos vocations particulières est de témoigner du Seigneur dans la 40ie et la persévérance. L'Évangile s'achève sur l'appel à la diaconie.

Grégory, mon cher fils,

Voici un appel qui t'es adressé personnellement. Par ton ordination, tu serasconfiguré au Christ Serviteur, le Serviteur par excellence. Aujourd'hui, tu reçois la mission de servir la Parole à travers la prédication, la mission de servir l'Eucharistie en préparant la sainte table où le pain et le vin deviendront le corps et le sang du Christ. Ce Christ que tu porteras au monde souffrant, le corps de l'Église. Il te reviendra aussi d'administrer le baptême en faisant naître des hommes et des femmes à la vie de foi, d'assister et de bénir le mariage chrétien.

Cher fils,

Je te rappelle à toi ainsi qu'à nous que nous ne sommes que des serviteurs et des serviteurs inutiles.

Demandons à la bienheureuse très sainte Vierge, Notre Dame de l'Oubangui, celle qui a dit « oui » et qui a su marcher avec le Seigneur dans toutes les étapes de sa vie, à saint Joseph, le patron de l'Église, de marcher avec nous et d'intercéder pour nous, pour que Jésus affermisse notre foi, notre espérance et notre charité en ce début d'année pastorale. Que sa prière vous obtienne, chers ordinands, d'être un diacre et des prêtres selon le cœur de Jésus. Puisse l'Esprit d'amour nous inspirer, cette année, des gestes et des actes concrets en faveur de la cohésion sociale, de l'unité dans la diversité, de la concorde et de la paix, maintenant et pour les siècles des siècles, amen !

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