ARCHEVEQUE
METROPOLITAIN DE BANGUI
Homélie de la rentrée pastorale diocésaine 2022-2023
Ha 1. 2-3 ; 2, 2-4 ; PS 94 ; 2 Tm 1, 6-8. 13-14 ; Lc 17, 5-10
Monseigneur
Cédric KONGBO GBASSINGA, Secrétaire général de la Conférence Épiscopale
Centrafricaine,
Monseigneur
Mathieu Fabrice Evrard BONDOBO, Vicaire Général de l' Archidiocèse de Bangui,
Chers frères dans
le sacerdoce,
Chers religieux
et religieuses,
Chers ordinands,
Chers frères et
sœurs,
Distingués
invités,
Et vous tous, hommes et femmes de
bonne volonté,
La paix du Christ !
Chrétiens de l'Archidiocèse de Bangui : Debout ! Marchons
avec le Christ !
Wamabè ti kota vaka Da-Nzapa ti
Bangui : Londo ! Tambula na peko ti Christ !
« Pour une Église synodale, communion, participation, mission
»
« Désormais, nous ne connaissons personne à la manière
humaine. Si donc quelqu'un est dans le Christ, c'est une créature nouvelle » (2
Co 5, 16-17)
Qu'il est merveilleux d'être
ensemble et, surtout, d'éprouver, dans la diversité de nos provenances, la même
joie d'être réunis dans la maison du Seigneur, pour être nourris de sa Parole
et de son Corps et pour prendre ensemble la route de la marche de cette
nouvelle année pastorale 2022-2023.
L'appel de Dieu s'adresse à
l'ensemble de ses enfants sans distinction, sans ségrégation, sans mépris, sans
exclusion : c'est un appel au bonheur véritable dont l'une des déclinaisons
concrètes est la mission. Malgré les souffrances, les différentes épreuves,
Dieu appelle tous ses enfants à vivre ensemble dans la joie, dans la paix et
dans la fraternité.
Tout au long des assises ayant précédé cette grande
célébration, nous avons vécu un véritable temps de grâce et de convivialité.
Grande a été notre joie de donner de notre savoir, de nos témoignages mais
encore d'être enrichi par les expériences, les partages et les messages de nos
frères protestants et musulmans.
La célébration eucharistique de ce 27e dimanche
du temps ordinaire est l'apothéosede tous ces moments vécus où le Seigneur,
dans l'Évangile, nous invite à nous enraciner dans la puissance de la foi comme
fondement de notre vie, de nos activités pastorales et de nos services.
Frères et sœurs,
Sans la foi en Dieu, une foi
vivante et profonde, nos efforts et nos mots risquent de se limiter qu'à la
dimension humaine. On risquerait de croire que le miracle du « vivre ensemble
dans la diversité »peut advenir de la force de notre savoir, de nos stratégies
et moyens, de nos capacités et mérites.
Sans Dieu, tous nos efforts ne
mènent à rien, toutes nos vocations ne conduisent à aucun bonheur. Sans Dieu et
sans la lumière de l'Évangile, la culture n'a pas de sens et nos œuvres
d'inculturation risquent de ne pas atteindre tout l'homme et tout homme.
Avant tout, il faut avoir la foi
pour comprendre profondément que l'appel à marcher ensemble relève de la
volonté du Seigneur et que cela constitue un chemin de salut. La foi nous aide
à interpréter le sens de la mort et de la résurrection de notre Seigneur comme
actes de réunification de l'humanité dispersée et appel à œuvrer pour l'unité.
La foi nous ouvre à l'écoute de l'Esprit Saint qui
sème en nous des germes d'amour, de pardon. La foi nous fait adhérer à l'appel
de l'Église : « marcher ensemble » est aujourd'hui une urgence, une impérieuse
nécessité pour le monde.
Les obstacles à la marche ensemble sont nombreux et
semblent souvent insurmontables : la volonté de puissance, de pouvoir, les
offenses, la haine, les violences au nom de l'ethnie et au nom de la
religion.Toutes ces absurdités conduisent à la désolation qui font le tourment
du prophète Habaquc.
Frères et sœurs,
Dans la première lecture, ce dernier est confronté à
la désolation de son peuple : « Pourquoi me fais-tu voir le mal et regarder la
misère ? Devant moi pillage et violence ; dispute et discorde se déchaînent »
(Ha
En dépit de ce tableau sombre
pouvant conduire au pessimisme, au désespoir, le Seigneur rassure son prophète
et lui fait entrevoir un avenir plein d'espérance. De tout temps, la fidélité
de Dieu est sans failles : sur elle, nous pouvons
fonder notre persévérance en l'attente de la réalisation de sa promesse.
Nous ne sommes pas
seuls dans notre marche ensemble. Dieu lui-même marche avec nous à travers sa
Parole qu'il nous invite à consulter « couramment » (cf. Ha 2, 2). Et Dieu nous
demande d'être justes afin d'être le sel et la lumière de nos communautés, de
notre pays. « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des
hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont
aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples
du Christ, et il n'est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur
cœur. »l . Fidèle à sa vocation prophétique, l'Église ne peut pas
rester indifférente ni silencieuse devant la souffrance du peuple.
Fidélité dans la justice et fidélité à sa vocation
plaisent à Dieu et constituent d'éloquents témoignages. Cela me conduit à
évoquer la deuxième lecture extraite de la seconde épître de saint Paul Apôtre
à Timothée. Elle contient un conseil d'une importance indéniable : « Bien aimé,
ravive le don gratuit de Dieu, ce don qui est en toi depuis que je t'ai imposé
les mains » (2 Tm l, 6).
Chers ordinands,
D'ici peu, par l'imposition de mes mains, vous serez
investis de l'Esprit de Dieu pour devenir diacre et prêtres.
L'imposition des mains est un geste rituel qui trouve
sa racine et son sens dans la Bible. Elle est un signe de bénédiction et de
consécration. Dans le Nouveau Testament, Jésus imposait les mains en signe de
délivrance, de pardon et de salut (cf. Mc 16, 17-18). Ayant reçu de lui le
pouvoir de le faire, les Apôtres y recouraient eux aussi pour signifier le don
de l'Esprit et l'envoi en mission. Aujourd'hui, l'Église continue d'imposer les
mains pour l'administration des sacrements. Dans le cas d'une ordination par
exemple, par ce geste, Dieu donne a une personne un pouvoir spirituel lui
permettantd'exercer une mission précise, une fonction déterminée.
Il faudra vous souvenir qu'en ce
jour saint, Dieu dans son amour infini, s'est penché sur vous, pour vous
associer à sa mission de conduire à lui tout le genre humain ; il vous a inséré
dans un presbyterium
1Gaudium et Spes, 1.
qui est votre
soutien, votre lieu de marche. Souvenez-vous qu'aujourd'hui, il vous a comblés
d'une grâce spéciale que la fidélité à votre état de vie maintiendra vive,
active et puissante.
Puissiez-vous accueillir votre
ordination avec joie et humilité. Puissiez-vous vivre le diaconat et le
presbytérat comme un don émanant de la pure gratuité divine et de cela, pour
servir vos frères et sœurs, non pas les écraser en vous croyants supérieurs, et
surhommes. Vous voici intégrés à la marche au milieu de vos frères et sœurs à
qui il vous incombera de servir la Parole et le Pain de la Vie, viatiques au
bonheur éternel.
Vos ministères recèlent une dimension esthétique qui
est salutaire pour vous et pour le peuple de Dieu. Le Seigneur veut que vous
gardiez le dépôt de la foi dans toute sa beauté, soutenus par le Saint Esprit
qui siège en vous (cf. 2 Tm 1, 14). La beauté évoque la grandeur de l'oeuvre
divine, l'importance de votre tâche et la valeur inestimable de vos brebis. La
beauté évoque aussi l'application que vous devez accorder à l'accomplissement
de votre mission.
L'appel que le Seigneur vous
adresse nous concerne tous, prêtres, religieux et religieuses à qui il incombe
de renouveler notre amour pour le Seigneur et pour la mission qu'il nous
accorde.
Cet appel s'adresse aussi
particulièrement à toi, abbé Jerry, qui d'ici peu, t'engageras solennellement à
prendre la route pour saint Laurent de Kouki. Ne l'oublie pas. Tu ne t'y rends
pas seul. Tu seras accompagné d'un diacre mais encore de tout l'archidiocèse de
Bangui qui sera en communion avec vous.
Tous ensemble, ne
l'oublions pas, en tout lieu, en toute circonstance, l'Esprit du Seigneur qui
nous accompagne est un esprit de force, d'amour et de pondération. La fécondité
de notre œuvre et la fidélité à nos vocations particulières est de témoigner du
Seigneur dans la 40ie et la persévérance. L'Évangile s'achève sur l'appel à la
diaconie.
Grégory, mon cher
fils,
Voici un appel qui t'es adressé personnellement. Par
ton ordination, tu serasconfiguré au Christ Serviteur, le Serviteur par
excellence. Aujourd'hui, tu reçois la mission de servir la Parole à travers la
prédication, la mission de servir l'Eucharistie en préparant la sainte table où
le pain et le vin deviendront le corps et le sang du Christ. Ce Christ que tu
porteras au monde souffrant, le corps de l'Église. Il te reviendra aussi
d'administrer le baptême en faisant naître des hommes et des femmes à la vie de
foi, d'assister et de bénir le mariage chrétien.
Cher fils,
Je te rappelle à toi ainsi qu'à
nous que nous ne sommes que des serviteurs et des serviteurs inutiles.
Demandons à la bienheureuse très
sainte Vierge, Notre Dame de l'Oubangui, celle qui a dit « oui » et qui a su
marcher avec le Seigneur dans toutes les étapes de sa vie, à saint Joseph, le
patron de l'Église, de marcher avec nous et d'intercéder pour nous, pour que
Jésus affermisse notre foi, notre espérance et notre charité en ce début
d'année pastorale. Que sa prière vous obtienne, chers ordinands, d'être un
diacre et des prêtres selon le cœur de Jésus. Puisse l'Esprit d'amour nous
inspirer, cette année, des gestes et des actes concrets en faveur de la
cohésion sociale, de l'unité dans la diversité, de la concorde et de la paix,
maintenant et pour les siècles des siècles, amen !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire