Chers auditeurs et auditrices de Radio Lotiko, Bonjour !
Je suis de retour à Sarh après
une période de deux mois en dehors du diocèse ; d’abord en Guinée Equatoriale
pour une rencontre des évêques de notre sous-région, l’ACERAC, ensuite, à
Fatima où j’ai prié la Vierge Marie, apparue en ce lieu, et en Espagne où j’ai
fait mon bilan de santé. Dieu merci, ma santé est en général bonne, malgré un
problème lombaire qui me handicape un peu, mais qui ne m’empêche pas d’exercer
mon ministère de pasteur de cette église.
Depuis mon arrivée à N’Djamena le 9 septembre, je me suis
retrouvé avec une situation assez difficile dans notre pays. D’abord les
assises du Dialogue National Inclusif et Souverain que nous croyions tous, qu’il
serait l’opportunité pour parler, des maux qui minent notre pays, sincèrement,
et pour chercher ensemble de nouvelles bases pour la fondation d’un Tchad
nouveau dont nous rêvons tous.
L’Eglise Catholique au Tchad, fait partie de ce pays, et
nous ne pouvions pas rester en dehors de ces assises, à regarder les autres
faire. Pour cela, plusieurs évêques, prêtres et laïcs, ont pris part, pendant
plusieurs semaines, à ces assises. Ais vue le manque d’un vrai dialogue
inclusif, les évêques ont décidé de se retirer, tout en continuant à prier et à
œuvrer pour que, dans notre pays, nous puissions arriver un jour, à vivre
ensemble dans un pays où règnent l’égalité, la vérité, la justice et la paix,
selon le modèle du Royaume de Dieu.
Ensuite, j’ai trouvé une situation grave, qui prévaut
dans beaucoup de zones de notre pays, en particulier aussi dans nos deux
provinces du Moyen-Chari et du Mandoul. Je veux parler des inondations, qui ont
détruit une bonne partie de nos récoltes, ce qui signifie qu’une partie de la
population de notre diocèse va être confrontée à une période de famine.
Espérons que l’Etat et les organismes internationaux nous viendront en aide. Je
compatis avec toute cette population affectée par ce phénomène, et je prie Dieu
afin que nous puissions trouver la manière de faire, face à cette situation.
Quelques jours après mon arrivée à Sarh, un événement
très grave s’est produit dans le département du Lac Iro. Le pasteur que je suis
ne peut pas être loin des brebis qui souffrent ; alors je suis allé ce dimanche
à Kyabé. Comme la situation n’était pas calme, je n’ai pas pu aller au-delà de
Kyabé. Mais, là-bas, j’ai pu entendre des témoignages directs de ce qui s’est
passé. Une fois de plus, le sang a été versé sur notre terre. Une fois de plus,
des innocents sont morts par la méchanceté de certaines personnes armées des
armes de feu, ou blessées. Une fois de plus, il y a eu dévastation des champs
des cultivateurs, ce qui va s’ajouter encore à la famine provoquée par les
inondations. Une fois de plus, il y a eu destruction de biens d’une population
qui vit déjà dans la pauvreté.
Dieu
entend les cris du malheureux et il fera un jour justice, soyez en sûrs.
En
attendant, c’est l’autorité de l’Etat qui doit agir. Pour cela, une fois de
plus encore, je lance un appel à ceux qui détiennent l’autorité dans notre pays
et dans notre province, les autorités administratives et judiciaires en
particulier. Je leur demande de dire la vérité sur ce qui s’est passé, et pour
cela, il faudra continuer les investigations et interroger les uns et les
autres, avec du respect pour les personnes et pour la vérité ; vérité qui
ne doit pas être cachée ni manipulée.
En
plus de cet appel à la vérité, je lance un appel à la justice. Sans justice,
nous ne pourrons jamais arriver à la paix. Nous sommes assoiffés de justice et
nous clamons vers Dieu pour qu’il touche le cœur de ceux qui sont établis pour
rendre justice au peuple.
Au
moins depuis 2019, et les premiers événements de Sandana, nous attendons cette
justice. Malheureusement, il y a beaucoup de gens qui sont habités par des
forces diaboliques et qui ne veulent pas que les choses changent et que justice
soit faite.
Finalement,
je lance un appel à la solidarité vis-à-vis des gens qui souffrent, qui ont
perdu des parents et des biens matériels. Cet appel va à l’encontre des
autorités, mais aussi de nous tous, personnes concrètes, communautés,
organismes nationaux et internationaux.
Je
profite aussi pour présenter mes condoléances aux familles endeuillées et ma
compassion aux blessés, en priant Dieu pour qu’ils retrouvent vite la santé, et
les autres, la paix au ciel. Et je vous demande de prier tous pour que nos
familles et nos villages retrouvent aussi vite que possible le calme et la vie
normale.
Que le
Dieu de la paix vous bénisse tous.
Monseigneur
Miguel Angel Sebastien
Evêque
de Sarh.
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