jeudi 5 mars 2020

Journée ou semaine de la femme, chronique d’un râleur de métier (par Pascal Djimoguinan)


            Mois de mars, mois de la journée de la femme dans le monde entier, mois de la semaine de la femme dans certains pays, pourquoi pas mois de la femme ?
            Qu’il me soit permis de m’interroger, moi qui ne m’interroge plus assez, moi qui ne rêve plus. Que l’on me réponde car on semble avoir réponse à tout.
            Sans avoir un esprit comptable, qu’il me soit permis de demander de faire l’inventaire de ces journées, de ces semaines de la femme.
            Qu’est-ce que la femme a gagné depuis que quelques heures lui sont consacrées depuis quelques années ?
            Oui, je le sais, quelques esprits retors me parleront du pagne du 8 mars, trophée emporté de haute lutte à la gent masculine. Désormais, chaque mois de mars, la femme a doit à son pagne et il ne faut pas avoir l’outrecuidance de l’oublier. Ne pas acheter le pagne à sa femme c’est ignorer ses droits. D’accord, et après ?
            Oui, je le sais, quelques personnes me parleront des stands que les femmes utilisent dans certaines foires pour vendre leurs marchandises dans la semaine de la femme. C’est bien.
            Oui, je le sais, il y a des conférences, avec des thèmes variés et très riches auxquelles doivent assister tous ces esprits macho qui ne veulent blesser leur moitié et qui, par condescendance, se prêtent au jeu.
            Mais je m’interroge. Après toutes ces connivences, je voudrais savoir ce qu’il y a de plus profond. Que reste-t-il de toutes ces manifestations pour la dignité de la femme. Y a-t-il une influence profonde dans la société ? Que change-t-il de cette société patriarcale dure ? Y a-t-il un changement dans la perception de la femme dans la société ?
            Mon cri de cœur est que la femme soit considérée dans toute son humanité et qu’elle ne soit plus considérée comme une chose tolérée. Elle a sa place dans la société et ne doit pas être utilisée.
            Sans entrée dans l’idéologie, je dédie cette chanson de Georges Moustaki à toutes les femmes : Je veux que ma chanson
Je veux que ma chanson soit comme un cri d'alarme
Entre un air à la mode et un chanteur de charme
Et même si je ne chante pas assez fort
Qu'on veuille m'écouter trois minutes encore


Quand on entend parler des femmes que l'on viole
Pour beaucoup d'entre nous ça reste des paroles
On discute on s'indigne on ferme le journal
Puis on finit par trouver ça presque normal


Hier j'ai rencontré une de ces victimes
Pour la police c'est affaire de routine
Et pour les autres ce n'est guère qu'une histoire
Moi j'ai vu la détresse au fond de son regard


J'ai lavé son corps couvert de sperme et de sang
L'individu était presque un adolescent
Très vite il a fait ça sans amour ni plaisir
Il paraît qu'il a pleuré avant de s'enfuir


Mon Dieu qu'avons-nous fait pour en arriver là
Que faut-il faire pour arrêter tout cela
Ma tête se révolte et mon cœur est meurtri
Et j'ai eu mal pour elle et j'ai honte pour lui


Mais qui d'entre nous n'a jamais violé quelqu'un
Pour ne parler que de ces petits viols mesquins
Qui font partie de notre vie de tous les jours
Et abreuvant de larmes notre soif d'amour


La puissance l'argent la force et le mépris
L'autorité du père et celle du mari
La rigueur imbécile des fauteurs de l'ordre
Qui créer les enragés qu'il empêche de mordre


Car ce sont nos enfants qu'on appelle la pègre
Gauchistes blousons noirs drogués et autres nègres
Tous ceux qui pour survivre cherchent à rêver
Ceux qui cherchent la plage au-dessous des pavés


Et si je viens chanter à la télévision
Dans le cadre établi de la consommation
Avec l'approbation du prince et de la cour
Ne va pas croire que c'est pour faire un discours


Ce n'est pas non plus pour te convaincre ou te plaire
Où chanter les idées qui sont déjà dans l'air
Mais c'est pour demander un aujourd'hui meilleur
En faisant simplement mon métier de chanteur


Je dis que le bateau prend l'eau de tout coté
Il est temps qu'on essaye de le colmater
Victime ou criminel les deux sont concernés
Et s'il y a un coupable on est tous condamnés




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