Contre la violence faite aux femmes ces jours-ci au
Tchad, plusieurs attitudes sont possibles. On peut soit avoir peur et s’enfermer,
on peut tout simplement ignorer car ça n’arrive qu’aux autres, on peut dire qu’on
ne peut rien faire ou encore on peut montrer qu’on n’est contre ce fait qui se
développe avec vigueur.
Pour ma part, je voudrais m’afficher ostensiblement
contre cette violence et prendre position. Le complice n’est pas toujours celui
qui prend part activement à un méfait. On peut aussi être complice par
omission, complice parce qu’on n’a pas pu s’élever contre un mal.
Certaines personnes ne prennent position parce que cela
ne les touche pas directement. Il faut faire attention car le mal est
insidieux. On peut faire semblant de l’ignorer jusqu’au jour où l’on est
soi-même pris dans ses filets. Il est alors trop tard pour le prévenir.
Comment voir l’innommable s’installer dans nos villes
sans réagir ? Ce qui se passe dans nos villes ces jours-ci remet en
question tout notre existence. Qu’elle est l’attitude citoyenne que cela
appelle ? Quelle est tout simplement l’attitude humaine que cela suscite ?
Chacun de nous est interpelé au plus profond de son
humanité. Chacun est interrogé en ce qui reste encore d’humain en lui (si par
hasard toutes les guerres que nous avons connues auraient tué toute humanité en
nous.)
Après les assassinats de femmes du mois de février à N’Djamena,
on ne peut pas tout simplement se réveiller le matin comme d’habitude et faire
comme s’il n’y avait rien. Il n’est pas en notre honneur que N’Djamena ne soit
connue dans le monde qu’en termes d’assassinats, de meurtres, de vols à main
armée, de viol.
Il est étonnant de constater qu’après le moment d’émoi
suite à ces actes horribles, tout soit retombé dans le calme et qu’il n’y ait
plus de suite. Ailleurs, il y aurait eu une marche blanche. Ici, tout se passe
comme si on s’était habitué aux actes répréhensibles.
Je ne peux croiser les bras et rester dans mon confort en
attendant le prochain crime pour me révolter. Je m’élève contre ces crimes de
manière claire. En cette journée du 29 février, je porte le blanc pour dénoncer
cette violence faite aux femmes. Non, je ne suis pas d’accord !
Je ne suis pas d’accord qu’on
tue des femmes dans nos rues et que nous soyons tranquilles !
Je ne suis pas d’accord que
des actes les plus abjects se passent chez nous et que nous nous comportions
comme si c’était normal !
Je ne suis pas d’accord que rien
ne soit fait contre ce traumatisme que toutes les femmes tchadiennes ont subi !
Je ne suis pas d’accord que
les femmes de chez nous aient peur de sortir le soir et qu’elles se terrent
chez elles !
D’où nous viendra l’espoir ? De nous-mêmes si nous
sommes capables de nous élever ensemble contre la violence faite aux femmes !
Si je ne peux rien faire de grand, toute cette journée,
je porterai le blanc par ma mère, pour ma sœur, pour mes amies.
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