lundi 5 novembre 2018

Tchad : Le crépuscule des initiations traditionnelles? (par Pascal Djimoguinan)


L’initiation traditionnelle en Afrique, et plus particulièrement au Tchad, est un rite de passage, permettant le passage du monde de l’enfance au monde des adultes, avec pour conséquence, une intégration active au sein d’une société donnée. L’individu, naît d’une façon naturelle (biologique) doit naître d’une façon naître par un artifice culturel pour devenir responsable dans sa société et prendre son destin en main.
            Dans l’intiation africaine, objet d’une création humaine, l’homme revit, à sa façon le mythe de la vie. Comme le dit Engelbert Mveng, « L’initiation, dans le rite d’Osiris comme dans tous les rites négro-africains, est la grande école où l’homme apprend ce que c’est que la vie et ce que c’est que la mort, c’est-à-dire, la vérité sur son propre destin. Il revit le geste magnifique de la vie surgie du néant primitif, entourée d’embûches et assaillie par la mort, de la vie qui invinciblement s’est frayée la route à travers la mort, pour aboutir dans l’homme à son épanouissement.[1] »
            Toute société, par ses propres artifices essaie de trouver des solutions aux problèmes concrets qui se posent à elle. Elle parvient ainsi à grandir des diverses crises qu’elle rencontre.
            L’initiation traditionnelle est donc une invention qu’une société fait pour s’adapter et survivre.
            La société est comme un organisme vivant, qui pour vivre doit se muer, se transformer, s’adapter. Il n’y a de pire erreur que de prendre une société pour un ensemble intangible, sans place pour le changement.
            Il se trouve qu’aujourd’hui, dans notre monde en plein changement, les défis et les problèmes ont changé.
            Vouloir toujours revenir aux solutions pour des problèmes passés pour résoudre des problèmes actuels n’est pas toujours pertinent. La société n’est pas sclérosée. L’initiation traditionnelle a été une solution trouvée par une société fermée pour résoudre ses problèmes. Aujourd’hui, toute société est confrontée à toute sorte de défis d’un ordre nouveau. Nous sommes dans un village planétaire et les problèmes qu’il faut résoudre n’ont pas été perçus dans le passé. Il faut donc inventer des solutions nouvelles.
            La question aujourd’hui est de savoir comment l’initiation traditionnelle doit s’adapter, être inventive. Il ne suffit pas de répéter inlassable des traditions mortes mais de créer des traditions vivantes qui peuvent permettre de survivre.
            Il faut commencer par faire un inventaire des problèmes actuels devant lesquels la société traditionnelle n’a aucune solution. Il s’agira entre autres, de l’éducation des jeunes, de l’école qui forme des chômeurs, le tissu social en lambeau, etc. ensuite, comme comment comme individus ou comme sociétés, on pourrait y faire face. Le défi est énorme.
            Nous sommes dans un monde en pleine mutation, en gestation ; la société traditionnelle, pour survivre, doit s’adapter sinon elle disparaîtra. C’est la fin d’un monde à l’ancien. Il n’y a plus d’alternative !



[1] MVENG Engelbert, L’Afrique dans l’Eglise, Parole du croyant, p. 12, Harmattan, Paris, 1986



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