mercredi 25 février 2015

Tchad : gastronomie, oseille plante magique chez les mongo (par Pascal Djimoguinan)



            Au sud du Tchad, il est bien connu que les mongos sont des grands consommateurs d’oseille. En effet, cette plante potagère qui est consommée partout au Tchad est utilisée d’une manière très ingénieuse par les mongo qui le consomment des feuilles jusqu’aux racines.
            L’oseille en réalité connue comme « oseille de Guinée » a pour nom scientifique Hibiscus sabdariffa, Mavaceae. Selon le dictionnaire Robert, le nom d’oseille vient du bas latin acidula, de acidus, « acide », d’après, axilis « oseille ». Cette plante est bien connu en Afrique de l’Ouest où elle reçoit le nom de bissap ; au Cameroun, elle est connue comme le foloré.
            Au Tchad, en arabe dialectal, l’oseille est appelée karkanji ; en ngambay, c’est le iri, yir en Sar. Les mongos l’appellent simplement yi. Cette appellation particulière chez les mongos, doublé du fait qu’ils en sont les grands consommateurs a donné cette expression consacrée : « Mongodjé, ndjé kon yidje », les mongos, les mangeurs d’oseille.
            Les mongos, en effet, consomment l’oseille sous toutes ses formes. Les feuilles sont utilisées pour la sauce. Les repousses des feuilles ou doblob sont très appréciees. Les fruits, sont également utilisés pour faire la sauce, aussi bien verts que séchés. Plusieurs noms les accompagnent en mongo selon les formes et les préparations. On parle soit de gotro ou de djogoum yi.
            Les graines peuvent être utilisées de deux manières différentes. Elles peuvent soit être réduites en farine pour être utilisées comme pâte d’arachide dans la sauce, soit être bouillies, conservées pendant quelques jours avant d’être séchées. Elles serviront alors comme condiment dans la sauce et remplaceront les grains de néré (ndi au Tchad, soubala en Afrique de l’Ouest). Les mongos les appellent alors neungreu  ou namkata.
            Les racines de l’oseille avec la plante peuvent brulées, puis de la cendre, par un procédé traditionnel, transformée en sel traditionnel.
            Enfin de l’oseille rouge, on recueille les fruits qui bouillies, donne une boisson fort appréciée par les connaisseurs.
            Il suffit maintenant de se mettre à la cuisine pour préparer une bonne sauce d’oseille et une bonne boisson qu’on pourra savourer à midi. Bon appétit à tous les mongos et leurs sympathisants. Si vous voulez une bonne recette, approchez-vous de n’importe quel mongo. Il sera très content de vous apprendre à préparer le yi. Sans doute, les mongos pensent que l’être humain est sorti du yi.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire