L’habileté politique de Mahamat Kaka, c’est d’avoir, amené Masra Succès à se tirer une balle dans le pied. Il a sans doute suivi pour cela les conseils des dinosaures de la politique tchadienne qui ne portent pas ce dernier dans leur cœur.
Grâce
aux accords de Kinshasa, signés le 23 octobre 2023, entre le gouvernement
tchadien et le parti les Transformateurs, le président de ce parti est devenu
Premier ministre, ouvrant ainsi un boulevard aux membres de la Transition vers
les élections. En effet, jusque-là, la communauté internationale, ainsi que les
Transformateurs ainsi que la coalition des actions citoyennes, Wakit Tama,
étaient opposés à ce que les membres de la Transition ne participent aux élections
présidentielles qui allaient marquer la fin de la Transition.
Par
les accords de Kinshasa, Mahamat Kaka a réussi un double coup : il a
d’abord réussi à couper les Transformateurs de Wakit Tama et tout le groupe du boycott.
Ensuite, il profite de l’influence des Transformateurs, désormais acquis à l’idée
d’aller aux élections, même avec les membres de la Transition.
Comme
pour tout coup de poker, les Transformateurs avaient misé gros :
- Passer
l’éponge sur les victimes de la répression du 20 octobre
- Accepter
la Transition, au point d’en faire partie,
- Voter
Oui au referendum pour la nouvelle constitution (contre l’avis de ses anciens
alliés).
Par
les accords de Kinshasa, les Transformateurs avaient accepté d’avaler les couleuvres,
attirés par les mirages des élections qu’on leur présentait comme libres et
démocratiques. En réalité, il s’agissait d’une carotte que le cavalier MPS
tenait au bout d’un bâton devant l’âne pour le faire avancer.
Après
les élections, c’est l’heure d’avaler la pilule ; elle avait été dorée,
elle n’en est que plus amère. Pris au piège, Masra Succès ne peut s’en prendre qu’aux
effets sans toucher à la cause. Il ne peut contester que les résultats des
élections, sans remettre en cause la légitimité des membres de la Transition à
s’y présenter, d’autant plus qu’il porte désormais de forts relents de cette
transition.
Que
laisse présager l’avenir pour ce jeune homme ? Ce n’est pas en regardant
les verres et les bouteilles cassés, reliques d’une fête qu’on peut juger de sa
réussite. Ce n’est pas non plus en comptant ses pas qu’on avance. Il faut
marcher. Tout ce que l’on fait contre le temps, le temps se fait un malin
plaisir de le détruire. Masra Succès doit désormais apprendre à s’inscrire dans
la durée. Son atout et son capital, c’est sa jeunesse. Il peut rebondir en
tenant compte de l’expérience acquise. Une seule chose lui manque, écouter
désormais, non seulement dans son cercle, mais aussi des voix venant de l’extérieur.
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