mercredi 27 avril 2022

L’harmonie universel chez les mongo, une comptine de plus (par Pascal Djimoguinan)

Kūnjə́ j-ɔw̄ walé            

M-ɔw̄ walé aĺ ne mulə uwəḿ

Mulə úwə̄ kūnjə́ dɔ̄rí ?  

M-úwə̄ kūnjə dɔ̄ ta lə gánē yō̰

Kūnjə́ i gánē yō̰ dɔ̄ ta lə ri ?

M-gánē yō̰ dɔ̄ ta lə yō̰ o̰ bá̰ndə̄

Yō̰ ó̰ bándə̄ dɔ̄ ta lə rí   

M-ó̰ bá̰ndə̄ ne bándə̄ uwə dul

Bándə̄ úwə̄ dul dɔ ta lə ri

M-úwə̄ dul ne dul usə páīlá

Dul usə páīlá dɔ̄ ta lə rí 

M-úsə̄ páīlá ne páīlá usə kan̰̄jɪ̄

Páīlá úwə̄ kā̰njɪ̄ dɔ̄ ri     

M-úwə̄ kā̰njɪ ne kā̰njɪ̄ a̰y̰ɪ̄ mań

Kānjɪ̄ ā̰yḭ̄ man̄ dɔ̄ rí       

M-ā̰y̰ī man̄ ne man̄ tɔ̄l pər

Man̄ ī tɔ̄l pər dɔ̄ rí         

m-tɔ̄l pər ne pər o̰ kə́ý  

Pər ī-ó̰ kə́ý dɔ̄ rí           

M-ó̰ kə́ý ne kə́ý ros ɓē  

Kə́ý ī ros ɓē dɔ̄ rí          

M-ros ɓē aĺ ə ta ɓe na̰y̰ gajɪ

Poulet allons en brousse

Je ne vais pas en brousse car le chat sauvage va m’attraper

Chat sauvage pourquoi attrapes tu le poulet ?

J’attrape le poulet parce qu’il gratte le termite

Poulet, pourquoi grattes-tu le termite ?

Je gratte le termite parce qu’il détruit le filet

Termite, pourquoi détruis-tu le filet ?

Je détruis le filet parce qu’il attrape la biche-cochon

Filet, pourquoi attrapes-tu la biche-cochon ?

J’attrape la biche-cochon parce qu’elle mange ls roseau (Arbuste, Securidaca longepeduncalata)

Biche-cochon, pourquoi manges-tu le roseau ?

Je mange le roseau[1] parce qu’il attrape le poisson

Roseau, pourquoi attrapes-tu le poisson ?

J’attrape le poisson parce qu’il boit l’eau

Poisson, pourquoi bois-tu de l’eau ?

Je bois l’eau parce que l’eau éteint le feu

Eau, pourquoi éteins-tu le feu ?

J’éteins le feu parce que le feu brûle les cases

Feu, pourquoi brûles-tu les cases ?

Je brûle les cases car elles remplissent le village

Cases, pourquoi remplissez-vous le village ?

Si je ne remplis pas le village, le village sera informe.



 

mercredi 20 avril 2022

TCHAD : Sarh, la ville verte sacrifiée (par Pascal Djimoguinan)

De toutes les villes du Tchad, Sarh est parmi celles qui ont eu pour héritage les meilleurs aménagements. La ville est bien pensée, avec des rues bien tracées. Des espaces verts sont prévus. Il faut dire que la ville a été pensée d’une façon qui est en avance sur les exigences écologiques, bien avant sa création.

            Malheureusement, tout cela n’est aujourd’hui qu’un vieux souvenir. Une nouvelle politique de l’aménagement de la ville, n’ayant rien à voir avec l’écologie, a vu le jours à Sarh.

            Les espaces verts, autrefois appelés « forêt », sont désormais vendus à des particuliers. Une déforestation sauvage a complètement défiguré la ville. A la place des arbres, se dresse des villas, faites de briques cuites.

            Les poumons de la ville verte sont atrophiés. ; Sarh respire désormais difficilement.

            Pour se rendre compte de l’état de la ville de Sarh, il suffit de se promener un peu ; les dégâts sont partout. A titre d’exemple, il faut aller vers la sortie de la ville vers Kyabé. Après la société textile (NSTT) et sur deux ou trois kilomètres vers la gauche. Il n’y a pas plus de 10 ans, il y avait un beau bois où les élèves et les étudiants se rendaient pour étudier. Maintenant, on ne peut y constater qu’un massacre écologique.

            Il faut se demander qui a décidé de la nouvelle politique de l’aménagement de la ville. Les urbanistes devraient expliquer leur projet à la population.

            On peut constater que toute l’urbanisation de la ville de Sarh est devenue anarchique. Le quartier résidentiel est devenu un quartier populaire avec des huileries, des garages et des vendeurs improvisés ; tout cela se passe dans un vacarme étourdissant.

            Qui est responsable de l’urbanisation à Sarh ? Est-ce la commune ou les services cadastres ? Qui organise le désordre ? Dans un pays normal, le maire de la ville aurait été interpelé.

            Malheureusement, nous sommes au Tchad et la lente agonie de la ville de Sarh continue dans l’indifférence générale.

mardi 19 avril 2022

Tchad le pré-dialogue, un mauvais signe (par Pascal djimoguinan)

A la suite de la disparition brutale de l’ancien président du Tchad le maréchal Idriss Déby Itno le 20 avril 2021, le conseil militaire de transition qui a repris les rênes du pays s’est rendu compte qu’il fallait un nouveau processus pour réhabiliter le Tchad. Le dialogue national inclusif est apparu comme le moyen de réunir les Tchadiens pour un nouveau départ. Aux dernières nouvelles, la date du dialogue national inclusif est maintenue pour le 10 mai 2022.

Personne ne sait encore si cette date sera respectée, surtout quand on voit toutes les tergiversations qui accompagnent le pré-dialogue qui se tient à Doha au Qatar.

S’il y a un sujet qui mérite réflexion, ce serait moins au sujet du dialogue national inclusif que du pré-dialogue.

En effet, rien que le fait qu’il y ait besoin d’un pré-dialogue est un signal d’alarme pour le Tchad.

Le 21 août 1979, des tendances politico-militaires du Tchad ont signé des accords à Lagos, au Nigéria ; il s’agissait d’établir un cessez-le-feu, de libérer les prisonniers politiques, de démilitariser la ville de N’Djamena et d’intégrer les membres des différentes forces dans la gestion du pays. Cet accord fait suite à une autre conférence qui s’était tenue à Kano (Nigéria) du 7 au 14 mars 1979 suivie de Kano II (avril 1979).

Aujourd’hui, quarante ans après les accords de Lagos (et Kano), nous faisons du surplace. C’est comme si le temps s’était arrêté. Rien ne semble avoir changé. Tout se passe comme dans un vieux film usé, ou comme un disque vinyle rayé. Les politico-militaires doivent se réunir avant qu’un dialogue puisse s’engager entre les tchadiens.

C’est vrai qu’au Tchad, la honte ne tue pas. Cependant, il faudrait mieux rehausser le débat sur le plan intellectuel.

Si depuis 1979, les politico-militaires prennent tout un pays en otage, est-ce possible que cela change un jour ? Ne peut-on dialoguer au Tchad que l’arme au poing ? Les tchadiens n’auraient-ils pas encore découvert que l’on peut tout faire avec une baïonnette, sauf s’asseoir dessus ?

Beaucoup se réjouissent de la tenue du pré-dialogue mais en réalité, c’est un très mauvais signe qui n’augure en rien des lendemains qui chantent. Le pré-dialogue est le révélateur de l’impossibilité d’un vrai dialogue entre tchadiens. Il y a trop de préjugés, de méfiance et de haine, si bien que chacun ne se sent en sécurité que lorsqu’il s’appuie sur son kalashnicov AK 47.

Les accords de Doha, s’il sort quelque chose du pré-dialogue, ressembleront comme deux gouttes d’eau aux accords de Lagos. C’est dire que rien n’aura changé puisque, ne prenant pas en compte les enjeux nationaux, chacun s’agrippera sur ses propres intérêts ou sur les intérêts de son petit groupe et tout sera à recommencer à la prochaine échéance.

Le problème du Tchad est un problème institutionnel. C’est un problème de justice et de droit. Quand des magistrats sont spoliés, agressés, mille pré-dialogues n’apporteront rien. Commençons par faire du Tchad un pays de droit, où les textes en vigueur son respectés et où la Justice trouve sa vraie place de troisième pouvoir. Ainsi, nous n’aurons pas besoin d’armes ni de pré-dialogue pour nous entendre entre tchadiens.

N’oublions pas que le monde entier a le regard fixé sur les tchadiens. Arrêtons cette comédie et entrons résolument dans le dialogue pour mettre en place des conditions nécessaires au respect du droit. Que vive le Tchad ! !

mercredi 6 avril 2022

Tchad : Sarh qui rit et Sarh qui pleure (par Pascal Djimoguinan)

            Dans une ville, n’importe laquelle, ses habitants crieront à la cantonade qu’ils aiment leur ville. Mais entre le dire et le faire, il y a la distance d’un abime. Il suffit de se promener dans la ville pour s’en rendre compte.

            L’esprit civique ne fait pas bon ménage avec des actes de vandalisme dont font preuve beaucoup d’habitants de Sarh. Il y aurait beaucoup de choses à dire mais je ne me contenterais que d’une seule. En vérité, cela me fait mal au cœur. Je cherche d’autres âmes sensibles, capables de se plaindre avec moi, car un deuil, ne se vit qu’à plusieurs en Afrique.

            Il y a un groupe de jeunes sarhois, soucieux de leur ville, qui ont entrepris des actions pour favoriser le bien-être des citadins.

            Nous les avons vus enlever les détritus et les ordures qui envahissaient la ville. Cela a montré que des jeunes sont capables de se mettre ensemble pour des actions citoyennes, capables de rehausser le niveau de la vie dans la ville de Sarh.

            Nous les avons vus récurer les caniveaux, de la ville, les nettoyer pour permettre à l’eau de s’écouler et éviter ainsi toutes les maladies liées à l’eau. Nous savons que l’eau contaminée et le manque d’assainissement entrainent la transmission des maladies comme le choléra, la diarrhée, la dysenterie, l’hépatite A, la poliomyélite, etc.

            Là où le bat blesse, c’est que certains habitants de la ville de Sarh, on ne sait si c’est par bravade, ou simplement par un esprit de vandalisme, se sont mis à détruire tout ce que les jeunes font pour la ville.

            Un seul exemple est assez parlant. Sur la route à double-voie qui traverse Bégou, partant du rond-point Nargaye jusqu’à l’usine textile NSTT, des jeunes ont entrepris de planter des palmiers à huile. Pour protéger les jeunes plantes, ils ont construit des abris en briques cuites tout autour. Malheureusement, certaines personnes mal intentionnées ont cassé tous ces abris, laissant les plantes à la merci des cabris et des chèvres du quartier. Maintenant il ne reste plus rien. Tout le travail est à refaire, sans que l’on sache si cela tiendra. Les jeunes avaient fait passer des communiquer à la radio pour expliquer leurs actions et pour sensibiliser la population mais, cela n’a pas produit les fruits escomptés. Devrions-nous attendre que le développement nous vienne d’ailleurs ?

            Apprenons à mieux aimer nos villes et à les rendre agréables. Il ne faut pas se décourager à cause de quelques individus qui ne comprennent rien ou qui ne veulent rien comprendre. Pour eux, le bien commun n’a pas d’inportance.