Pour les élèves francophones au Tchad, il a
fallu attendre d’être en classe de 6ème dans le secondaire pour
apprendre l’existence des expressions idiomatiques ; alors pour beaucoup,
le terme idiomatique renvoie à l’anglais alors que chaque langue possède ses
propres formules idiomatiques.
Wilkipedia nous
introduit bien dans ce qu’est une expression idiomatique ou un idiotisme :
Un
idiotisme ou expression idiomatique est une construction ou
une locution particulière à une langue, qui porte un sens par son tout et non
par chacun des mots qui la composent. Il peut s'agir de constructions
grammaticales ou, le plus souvent, d'expressions imagées ou métaphoriques. Ainsi, chaque langue, dans un endroit donné,
à son parler propre dont la traduction dans une autre langue demandera plus de
vivacité d’esprit et de finesse pour éviter des bourdes.
Il y a donc dans la
longue des expressions que l’on ne peut traduire mot à mot dans une autre langue
sinon on se retrouverait dans quelque chose d’incompréhensible.
Prenons le verbe njíbə̄ en mongo qui signifie sucer dans
le sens de vouloir profiter des tout derniers goûts qu’on ne veut perdre. Cela
peut être le cas d’un os qu’on peut sucer jusqu’au bout. On dira donc Njíbə
sīngə̄ qui signifie sucer un os. Pour quelqu’un qui suce le reste d’un
sirop et du yaourt dans un sachet on utilisera donc on mongo le verbe njíbə̄. On dira donc njíbə̄ man̄ masə̄, njíbə̄ mba.
Njíbə̄ signifie donc sucer et il n’y a pas de problème de
traduction à ce niveau. Cependant il y a un cas où l’on pourrait tomber dans le
piège de la traduction et faire un non-sens. Il s’agit de l’expression njíbə̄ kadə. La
logique voudrait que l’on traduise cette expression par « sucer le soleil »
mais loin s’en faut ; il s’agit d’un non-sens élémentaire qui pourrait
faire pouffer de rire un enfant mongo de 7 ans.
L’expression njíbə̄
kadə signifie tout simplement se chauffer au soleil. Comment cela ?
C’est le propre du génie de la langue et on ne peut dire pourquoi c’est comme
ça. L’hypothèse qu’on pourrait énoncer est peut-être de l’ordre de la
métaphore. Peut-être que de la même façon qu’on éprouve le plaisir à sucer une
denrée rare, peut-être de la même façon on éprouve le plaisir par temps de
grande fraîcheur à goûter la chaleur des rayons du soleil.
Il y a un village dans la banlieue de Doba, Bémbeudoubé,
où les habitants sont connus pour le plaisir qu’ils prennent à la saison froide
de se chauffer au soleil le matin. Peut-être pourra-t-on trouver chez eux
l’origine de cette expression idiomatique mongo.
Pour finir, je vous conseillerai cependant de ne pas
rester trop longtemps au soleil comme les lézards car vous pourriez vous
déshydrater.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire