Dois-je m’endormir pour rêver ou devrais-je prendre une substance quelconque ?
Ou dois-je plutôt invoquer une
muse pour me souvenir ?
Nostalgie n’djamenoise !
Je me rappelle le passage de
Fort-Lamy à N’Djamena.
Souvenir d’enfance, pas plus
marquante que nos jeux où nous débaptisions tout
Et le lendemain reprenions les
anciens noms pour nos jouets et nos lieux de jeux.
Le souvenir de ce 6 novembre
1973 n’est pour moi que radiophonique sans importance. C’était plutôt une
affaire de grandes personnes.
Et mes souvenirs défilent,
partant du camp des policiers de Ridina vers les autres quartiers.
Le camp des policiers de Ridina
avait sa jumelle au quartier Sabangali, le camp des évolués. Camp des policiers
de Ridina ou tout simplement « camp police » où le vaste terrain
derrière le garage était le stade de football pour tous les gamins du quartier.
De Ridina, la bourse du
travail qui pour nous n’avait pour nom que le Syndicat,
Lieu où chaque samedi, nous
était projeté un cinéma en plein air.
Le syndicat devenait le lieu
de rassemblement des quartiers environnants :
Quartier sénégalais,
Ambassana, kabalaye, Ardep-Djoumbal, Paris-congo. C’était le cinéma des enfants
de N’djamena.
Des quartiers populaires,
d’autres plus grands avaient leurs cinémas payants : Rio et Shéhérazade
qui longeaient le grand marché.
Les plus riches ne se mêlaient
pas à la populace ; leurs cinémas étaient Normandie, Vog, Etoile, dans le
Hillé Nassara.
Pour nous déplacer nous avions
4 grandes voies goudronnées : Charles de gaule, Mobutu, Bokassa,
Gafar Nimeiri, Tombalbaye.
Entre Mobutu, Bokassa et
Tombalbaye, une fontaine : la Fontaine de l’union avec de beaux jets en
couleurs que nous allions regarder les soirs.
Belle époque de l’Union des
Etats de l’Afrique Centre (UAC) avec son siège en face de la présidence.
Non loin, entre la présidence
et le camp militaire « Camp Koufra » et la garnison, il y a la
cathédrale,
Majestueuse avec sa chevelure
toute blonde qui sera emportée plus tard par les vicissitudes de la vie au
Tchad.
Je me rappelle nos
écoles :
Pour les privées, nous
connaissions surtout Béguinage, Notre Dame de Kabalaye, Notre Dame des apôtres ;
Pour les écoles officielles,
l’école du Centre, l’école annexe, l’école du quartier sénégalais, l’école des
filles à Ambassana.
Les écoles secondaire qui nous
faisaient rêver : Le lycée Félix Eboué, Le lycée technique commerciale, le
lycée technique industrielle, le collège Sacré-Cœur, Le collège évangélique, le
lycée féminin, le CEG 1 et le CEG 2 (ex collège François Tombalbaye).
Nous avions nos centres
sociaux dont les plus connus étaient celui de Cent-fils, celui d’Illé Rogué et
celui du grand marché, se situant entre le Foyer Fraternel et la Polyclinique.
Souvenir, souvenir, nostalgie,
ô muses, éveillez mon esprit, faites remonter le passé
Chicotez N’Djamena ! N’Djamena
koula Djana ! Nely-Nely, l’orchestre de la jeunesse, qui tenait compagnie
à ses frères, Chari-Jazz, African-Melody (tantôt Tchad-Melody), Saltana…
Et pour voir les matches de
football, nous avions le stade de la Concorde, le terrain de Klemat et le
terrain de Moursal. Les championnats d’été poussaient partout mais le plus
connu était celui du terrain de la mission de Kabalaye où s’affrontaient des
équipes de circonstance.
Notre supermarché de de N’Djamena,
c’était Printania ; ce nom qui nous faisait tous rêver. Ce lieu permettait
une évasion hors du vécu ordinaire. L’air y était tempéré car la climatisation
marchait. Pour nous enfants, les pommes faisaient nos délices. Les enfants les
plus pauvres ne pouvaient entrer ; ils faisaient donc le « gardage »
c’est-à-dire qu'ils devenaient des vigiles de circonstance pour garder les voitures
des clients du Printania. Ce nom changera plus tard en Score mais avec le rêve
en moins.
Nos lieux de loisirs enfantins
étaient les Grands Moulins du Tchad où nous étions attirés par les gâteaux que
nous goûtions des yeux à travers les vitrines et Prestige où nous admirions les
mannequins exposés avec des habits d’ailleurs la grande mosquée qui a occupé
tout un carré où étaient les taxis, le jardin zoologique de Farcha, l’hypodrome (Chancrouss)…
Puis-je évoquer les différents
quartiers de nos jeux, Ridina, quartier sénégalais, Klemat, Mardjan Daffac,
Illé Rogué, Illé Nassara, Farcha, Melezi, Djambal Barh, bololo, Gardolé,
Ambassana, Kabalaye, Sabangali, Paris-Congo, Zongo, Moursal (avec notre unique bulding), Chagoua
(Nonsané ou Goro waga ?),Wallia, Abena, Dembé, Cent fils (champ de fils), Amriguébé…
Les souvenirs sont une boîte
sans fond ; il faut bien se decider de s’arrêter quelque part en sachant
qu’il y a encore beaucoup d’autres choses. Chacun se choisit les contenus de sa
nostalgie. Ô muses, c’en est assez pour aujourd’hui. Arrêtez d’évoquer en moi d’autres
souvenirs de la ville de Mahamat Djarma.
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