samedi 21 mars 2020

TCHAD/ Résumé de l'intervention de Mgr Miguel Sebastian sur Radio Lotiko à propos des dispositions pastorales


Déclaration sur la réponse à donner aux autorités de notre pays concernant les mesures qu’elles ont prises contre le COVID-19 ou coronavirus. (20.03.2020)
1.      Nous accueillons ces mesures et nous nous engageons à les respecter et à collaborer avec le gouvernement afin que ce virus ne détruise pas des vies humaines, ou alors le moins possible.

2.      Ce virus n’est pas un châtiment de Dieu et les mesures prises par le gouvernement ne sont pas contre les citoyens, ni contre les religions mais il s’agit d’une lutte que nous devons mener tous ensemble pour éviter la catastrophe que certains pays du monde connaissent aujourd’hui.

3.      Nous ne devons pas avoir peur mais nous devons garder notre Foi en Dieu, qui continuera à veiller sur notre pays le Tchad, nous devons garder l’espérance car ce mal fuira un jour et nous devons garder l’amour, la solidarité, c’est le moment de penser plus aux autres, au bien commun, qu’à soi-même.

4.      C’est le moment où nous devons prier davantage, aussi par ce que c’est le carême mais aussi parce que notre pays a besoin de la miséricorde de Dieu, de son aide.
Mais c’est le moment de prier plutôt en famille et individuellement qu’ensemble avec les autres à l’Eglise.

5.      A la suite des mesures prises par le gouvernement, la Conférence Épiscopale des Évêques du Tchad CET a décidée des mesures aussi qui concernent les catholiques. Demain le président de la CET fera une déclaration officielle mais je voudrais m’adresser en particulier aux fidèles de l’Eglise Famille de Dieu est à Sarh et répondre aux demandes des différents curés.
Le Gouvernement demande pas de rassemblement de plus de 50  personnes et fermer les Eglises. Alors devons respecter ces normes.
Concrètement : les célébrations liturgiques et paraliturgiques communautaires sont suspendues, dans les paroisses même à l’aire sacrée, les prêtres célébreront chaque jour dans l’Eglise en communion spirituelle avec le temps, mais avec les portes fermées ; les retraites, catéchèses, chapelet, chemin de croix, aussi ; les dimanches et les célébrations de la semaine Sainte, les célébrations seront retransmises sur les ondes des Radio Lotiko, qui communiquera à temps les horaires.
La Radio Lotiko retransmettra aussi le chapelet deux ou trois fois par semaine, ainsi que le chemin de croix les prochains vendredis.
J’ai aussi dit que je serai sur les ondes de la radio de temps en temps pour parler aux fidèles et les encourager.



TCHAD/ Conférence Episcopale du Tchad face au Covit-19


A tous les fidèles catholiques
de l’Eglise-Famille de Dieu qui est au Tchad 

Frères et sœurs,

Nous ajoutons notre voix au concert des déclarations des différentes conférences épiscopales d’Afrique et des autres continents pour inviter les fidèles de l’Eglise catholique du Tchad à contribuer à limiter les effets du COVID-19 qui n’épargne aucun pays. “Quand la maison de ton voisin brûle, commence par abattre ton secco” dit un adage de chez nous.

Nous prenons acte de toutes les consignes données par le Gouvernement le 16.03.2020,  complétées par d’autres et nous recommandons la mise en application effective des mesures de prévention indiquées pour qu’il ne soit pas trop tard demain.

Nous estimons qu’il est de notre responsabilité de pasteurs de les traduire en orientations pastorales concrètes pour permettre aux fidèles de l’Eglise catholique de rester solidaires avec tout le reste de la population tchadienne et de collaborer à son bien-être physique, moral et spirituel.

Rappelle à tous qu’il doivent être soumis aux magistrats, aux autorités, qu’ils doivent obéir, être prêts à toute œuvre bonne...afin que tous ceux qui ont mis leur foi en Dieu s’appliquent à exceller dans les belles œuvres”(Tt 3,1.8)

La dernière décision de fermer les lieux de culte est lourde de conséquences pour nos communautés catholiques, particulièrement en ce temps de Carême, mais nous la trouvons normale car l’affluence des fidèles et la multiplicité des activités, rendaient impossible la limite des 50 personnes.

Nous donnons les orientations suivantes qui sont spécifiques à l’Eglise catholique car elles touchent au cœur de notre foi et nous demandons à tous les fidèles catholiques de les accueillir et les appliquer strictement.

1.      La première Eglise est l’église « domestique », c’est-à-dire, la famille. Les fidèles sont invités à s’organiser pour privilégier la prière en famille : lecture de la Parole de Dieu, méditation, l’angélus, chapelet…

2.      Les célébrations publiques à savoir : la messe (en semaine ou le dimanche), les célébrations pénitentielles, le chemin de croix, l’adoration du Saint Sacrement etc…sont suspendues. Cette mesure s’applique aussi à la Semaine Sainte (du dimanche des rameaux au dimanche de Pâques) si la situation n’évolue pas positivement.

3.      Les prêtres s’organiseront dans chaque paroisse pour célébrer l’Eucharistie en forme privée, à heure régulière, en faveur du peuple, sans la participation physique des fidèles. Les religieuses se conformeront à la décision du curé. On sonnera les cloches aux heures habituelles de messe et de l’angélus pour favoriser la communion spirituelle entre les fidèles.

4.      Là où cela est possible, la messe du dimanche et la messe journalière seront retransmises sur les ondes des radios diocésaines pour soutenir la foi des fidèles. Un minimum de participants (personnel technique strict) sera nécessaire.

5.      Les Confessions se feront individuellement, en gardant la distance réglementaire entre les personnes. Les prêtres s’organiseront pour se rendre disponibles dans la journée pour recevoir les confessions individuelles, sans liturgie pénitentielle.

6.      La confession des malades, l’administration du sacrement des malades et la communion en viatique seront assurées aux fidèles qui en ont besoin mais dans le respect des normes sanitaires prescrites.

7.      Il est interdit d’organiser des veillées de prière à domicile ou à la paroisse (messe de requiem) à l’occasion d’un décès. La prière de l’absoute se fera au moment de la levée du corps, à la morgue, avec la permission des autorités sanitaires.

8.      Les radios diocésaines catholiques soutiendront spirituellement les fidèles en adaptant leur grille des programmes à la situation en incluant, outre les retransmissions de la messe, d’autres exercices spirituels comme le chapelet, l’angélus, le chemin de croix, l’adoration du Saint Sacrement, les litanies etc….

9.      Les fidèles qui le peuvent sont encouragés à profiter des émissions de la chaîne catholique française KTO, et des émissions de la Radio Vatican pour soutenir leurs prières et leurs exercices spirituels. Les réseaux sociaux peuvent servir aussi à partager les méditations de textes bibliques et des homélies.

10.  La préparation et la célébration du sacrement du baptême, prévues pour la fête de Pâques, sont suspendues. Les baptêmes peuvent être renvoyés à la Pentecôte ou à l’Assomption si la situation évolue positivement ; il en est de même pour les sacrements de la confirmation et du mariage.

11.  Tous les rassemblements pastoraux diocésains ou paroissiaux (catéchèses, retraites, sorties, pèlerinages, assemblées générales des mouvements, réunions de CEB, camps d’enfants ou de jeunes etc) sont suspendus.

12.  Cette situation pénalise les prêtres et les pauvres qui dépendent de la générosité des fidèles. Nous invitons les fidèles qui le peuvent à penser à eux selon leurs possibilités.

Chers Frères et Sœurs,

Nous avons la ferme espérance que toutes ces mesures ne seront que pour un temps passager mais c’est à condition de nous appliquer à mettre en pratique de manière stricte tous les conseils et recommandations retenus comme essentiels pour préserver notre santé et celle des autres. C’est une question de charité.

Nous comptons sur la compréhension de tous les fidèles catholiques pour l’accueil et l’application de ces mesures préventives. Nous instruisons les curés, les vicaires territoriaux et les responsables des CEB de veiller à la l’application stricte de ces consignes.

Continuons à prier avec foi pour les pays affligés par la pandémie et demandons au Seigneur d’épargner notre pays de ce fléau. Qu’Il soutienne les actions des médecins et du personnel de la santé en leur donnant à eux-mêmes santé et courage pour notre bien à tous.

Que le Dieu, Père des miséricordes nous protège ainsi que notre cher pays, le Tchad.

N’Djamena 21.03.2020              Pour les évêques de la Conférence Episcopale du Tchad

                                                   Mgr DJITANGAR Goetbé Edmond
                                                     Archevêque métropolitain de N’Djamena
                                                                               Président



vendredi 20 mars 2020

Et le monstre est venu (par Pascal Djimoguinan)


            Elisabeth Kübler Ross est une psychiatre Suisse qui a longtemps travaillé avec les patients en fin de vie. En 1965, elle a écrit un livre qui a pour titre Les derniers instants de la vie. Elle y propose un modèle qu’on appelle le modèle Kübler Ross ou les cinq étapes du deuil. Dans ces étapes, on retrouve les émotions ressentis par les malades en phase terminale avant la mort.
            Il faut dire que ce modèle ne fait pas l’unanimité chez les scientifiques, mais il peut aider à comprendre, même les étapes de la vie que l’on est en train de traverser.
            Ces étapes sont :
1 Déni
2 Colère
3 Marchandage
4 Dépression
5 Acceptation.
            Selon ce modèle, lorsque l’annonce de la mort prochaine arrive, on commence par le Déni, c’est-à-dire qu’on n’accepte pas la nouvelle, on se dit que les médecins ont dû se tromper. Dans le deuxième temps, on entre dans une colère et on se demande pourquoi cela nous arrive à nous mais pas à d’autres. Dans le troisième temps on commence le marchandage. On doit vivre pour s’occuper des enfants qui sont encore trop petits ; si on vit, on promet qu’on s’engagera à se donner dans des œuvres de charité, qu’on se donnera pour les autres. A la quatrième étape, on entre dans la dépression, on se décourage de tout et on ne s’intéresse à plus rien autour de nous. Je vais mourir alors à quoi bon. La dernière étape est celle où l’on accepte enfin de mourir avec sérénité. Il peut même arriver qu’on console les autres qui sont là pour veiller sur nous.
            Tout le monde ne suit pas les étapes au même rythme et certaines personnes durent beaucoup plus dans certaines étapes que d’autres.
            Nous vivons tous, plus ou moins cette réalité face aux situations plus ou moins douloureuses que nous rencontrons dans nos vies. Il est utile de savoir reconnaître à quelle étape on se situe. Cela peut aider à grandir.
            Maintenant que la réalité du Corona virus (Covit-19) est bien réelle au Tchad, à chacun de déterminer l’étape où il se trouve : Déni, colère, marchandage, dépression, Acceptation ?
            Quelle que soit l’étape où l’on se trouve, ne pas oublier de suivre les consignes de sécurité. Bonne santé à tous



mercredi 18 mars 2020

IN MEMORIAM Edmond DIONDOH (par Pascal Djimoguinan)


(Sur cette photo prise le 13 juillet 1982, nous avons, debout, de gauche à droite: Joël Nodjimbang (Kesto), Pascal Djimoguinan (PDK) Gilbert Tamadji (MTG) et assis : Robert Nadoumbaye et Edmond Diondoh. Sur les 5, depuis le dimanche 15 mars 2020, 2 seulement sont encore vivants. Derrière la photo, j’avais, à l’époque, écrit un poème que je reprends aujourd’hui comme oraison funèbre pour Edmond Diondoh).

La vie s’en vient chaque matin
Quand la rosée goutte après goutte
Vient se poser sur l’herbe qui demain finira au feu.

La vie s’en vient chaque jour
Et le labeur quotidien
Sous la chaleur naissante
Accable dans un manteau plein de graisse

La vie encore chaque soir
Dans le visage de chaque être,
Dans tout son corps fatigué
S’en vient et vivifie.

Et la nuit, ta dernière
La vie doucement s’en va
Fuit vers d’autres horizons
Alors que déjà vient la rosée du matin.



jeudi 5 mars 2020

Journée ou semaine de la femme, chronique d’un râleur de métier (par Pascal Djimoguinan)


            Mois de mars, mois de la journée de la femme dans le monde entier, mois de la semaine de la femme dans certains pays, pourquoi pas mois de la femme ?
            Qu’il me soit permis de m’interroger, moi qui ne m’interroge plus assez, moi qui ne rêve plus. Que l’on me réponde car on semble avoir réponse à tout.
            Sans avoir un esprit comptable, qu’il me soit permis de demander de faire l’inventaire de ces journées, de ces semaines de la femme.
            Qu’est-ce que la femme a gagné depuis que quelques heures lui sont consacrées depuis quelques années ?
            Oui, je le sais, quelques esprits retors me parleront du pagne du 8 mars, trophée emporté de haute lutte à la gent masculine. Désormais, chaque mois de mars, la femme a doit à son pagne et il ne faut pas avoir l’outrecuidance de l’oublier. Ne pas acheter le pagne à sa femme c’est ignorer ses droits. D’accord, et après ?
            Oui, je le sais, quelques personnes me parleront des stands que les femmes utilisent dans certaines foires pour vendre leurs marchandises dans la semaine de la femme. C’est bien.
            Oui, je le sais, il y a des conférences, avec des thèmes variés et très riches auxquelles doivent assister tous ces esprits macho qui ne veulent blesser leur moitié et qui, par condescendance, se prêtent au jeu.
            Mais je m’interroge. Après toutes ces connivences, je voudrais savoir ce qu’il y a de plus profond. Que reste-t-il de toutes ces manifestations pour la dignité de la femme. Y a-t-il une influence profonde dans la société ? Que change-t-il de cette société patriarcale dure ? Y a-t-il un changement dans la perception de la femme dans la société ?
            Mon cri de cœur est que la femme soit considérée dans toute son humanité et qu’elle ne soit plus considérée comme une chose tolérée. Elle a sa place dans la société et ne doit pas être utilisée.
            Sans entrée dans l’idéologie, je dédie cette chanson de Georges Moustaki à toutes les femmes : Je veux que ma chanson
Je veux que ma chanson soit comme un cri d'alarme
Entre un air à la mode et un chanteur de charme
Et même si je ne chante pas assez fort
Qu'on veuille m'écouter trois minutes encore


Quand on entend parler des femmes que l'on viole
Pour beaucoup d'entre nous ça reste des paroles
On discute on s'indigne on ferme le journal
Puis on finit par trouver ça presque normal


Hier j'ai rencontré une de ces victimes
Pour la police c'est affaire de routine
Et pour les autres ce n'est guère qu'une histoire
Moi j'ai vu la détresse au fond de son regard


J'ai lavé son corps couvert de sperme et de sang
L'individu était presque un adolescent
Très vite il a fait ça sans amour ni plaisir
Il paraît qu'il a pleuré avant de s'enfuir


Mon Dieu qu'avons-nous fait pour en arriver là
Que faut-il faire pour arrêter tout cela
Ma tête se révolte et mon cœur est meurtri
Et j'ai eu mal pour elle et j'ai honte pour lui


Mais qui d'entre nous n'a jamais violé quelqu'un
Pour ne parler que de ces petits viols mesquins
Qui font partie de notre vie de tous les jours
Et abreuvant de larmes notre soif d'amour


La puissance l'argent la force et le mépris
L'autorité du père et celle du mari
La rigueur imbécile des fauteurs de l'ordre
Qui créer les enragés qu'il empêche de mordre


Car ce sont nos enfants qu'on appelle la pègre
Gauchistes blousons noirs drogués et autres nègres
Tous ceux qui pour survivre cherchent à rêver
Ceux qui cherchent la plage au-dessous des pavés


Et si je viens chanter à la télévision
Dans le cadre établi de la consommation
Avec l'approbation du prince et de la cour
Ne va pas croire que c'est pour faire un discours


Ce n'est pas non plus pour te convaincre ou te plaire
Où chanter les idées qui sont déjà dans l'air
Mais c'est pour demander un aujourd'hui meilleur
En faisant simplement mon métier de chanteur


Je dis que le bateau prend l'eau de tout coté
Il est temps qu'on essaye de le colmater
Victime ou criminel les deux sont concernés
Et s'il y a un coupable on est tous condamnés