vendredi 8 février 2019

Plaidoirie pour le Tchad (par Pascal Djimoguinan)


Dimanche 2 février 2019, une patrouille de mirage 2000 français est intervenue dans le Nord du Tchad contre un convoi de 40 véhicules pick-up d’un groupe armé venant de Lybie. Cette colonne est celle de l’Union de Forces de la Résistance (UFR) de Timane Erdimi.
            Une controverse s’est aussitôt engagée pour reprocher à la France d’intervenir dans les affaires intérieures du Tchad. Pour les rebelles, cela constitue un tournant dangereux pris par la France. Pour le gouvernement tchadien, c’est la colonne des mercenaires terroristes qui aurait été neutralisée et mise hors d’état de nuire.
            Au-delà de toute polémique, il y a des questions qu’on aimerait bien se poser sur le Tchad.
            Comment se fait-il que bien que nous soyons en 2019, le Tchad ressemble à un petit royaume médiéval où les affaires politiques se règlent par des armes au gré des alliances familiales et claniques ? Peut-on dire qu’un problème familial soit un problème national ?
            Il est étonnant de constater que malgré toute la formation politique dont ont bénéficié beaucoup de tchadiens, ils trouvent que la seule solution politique consiste à lancer une colonne de pick-up contre une capitale et de la prendre dans une charge de cavalerie.
            Où a-t-on fauté ? Qu’y a-t-il de particulier dans la philosophie politique tchadienne. D’où vient-il que la perspective d’une guerre fratricide ne fasse pas hésiter les tchadiens ?
            La douleur des tchadiens ne semble rien dire aux hommes politiques et aux militaires. Personne n’ose imaginer la souffrance des populations de N’Djamena lors d’une attaque de la ville. Faut-il se rappeler les foules sur le pont vers la ville frontière de Kousseri ?
            Il faut se dire que la responsabilité des « politico-militaires » est engagée. Il ne faut plus jamais de guerre dans les grandes villes du Tchad. Ces guerres n’ont rien arrangé depuis qu’elles ont commencé. Elles n’ont apporté que leurs lots de tueries, de pillages et de destructions. Après chaque guerre, il faut repartir de nouveau, construire, tout refaire.
            A-t-on l’assurance que la situation nouvelle qu’engendra la guerre sera meilleure que celle que le pays connait en ce moment ?
            En Afrique, les exemples récents montrent que la société civile est capable d’apporter des changements politiques et de l’alternance au pouvoir.
            Peut-on être capable au Tchad de laisser les armes pour s’engager dans les combats de la société civile.
            La réflexion doit s’engager dans ce domaine. Il faut plutôt voir comment renforcer la société civile et l’aider à trouver une base plus solide auprès de la population. Une solution qui ne prendra pas en compte l’avis des populations tchadiennes est une solution compromise. Le peuple est majeur et doit pouvoir décider de son avenir.
            En attendant, il faut attendre une ouverture de la part de ceux qui gouvernent afin que le jeu politique puisse se passer pleinement. La fermeture n’a jamais profité à personne.





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