mercredi 13 février 2019

LU POUR VOUS/Délit de presse : le directeur de publication du journal Eclairage est condamné.


            Le directeur de publication du journal tchadien Eclairage a été condamné mercredi à six mois de prison avec sursis pour diffamation envers le frère du président Idriss Déby Itno.
            Deli Nestor, directeur de publication du journal, a été condamné à six mois de prison avec sursis, 500.000 francs (750 euros) de dommages et intérêts et 50.000 francs (75 euros) d’amende. La procédure contre M. Deli avait été lancée le 12 juillet 2017, après la plainte de M. Déby à la suite d’un article publié en juin et intitulé « Vilgrain, Daoussa Déby et compagnie dans la guerre du sucre ». L’article incriminait le frère du président Idrisse Déby Itno, Daoussa Déby Itno, comme étant « l’un des barons de la fraude » relative à l’importation de sucre depuis le Soudan vers le Tchad. « Mécontent de cet article, Daoussa Déby a porté plainte contre nous pour diffamation », a déclaré Deli Nestor à l’AFP. « Nous avons fourni toutes les preuves de cette fraude organisée par Daoussa Déby, mais le tribunal a voulu se débarasser des dossiers pour nous condamner », a-t-il ajouté. Le Tchad était en 2018 classé 123ème sur 180 dans le classement de la liberté de la presse de l’ONG Reporters sans frontières (RSF).
https://www.africa1.com/news/article-sur-le-frere-du-president-au-tchad-directeur-de-journal-condamne-145683?



mardi 12 février 2019

Tchad : figure libre. Et si on s'en prenait à rêver (par Pascal Djimoguinan)


« Pour réaliser une chose vraiment extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez d’un trait jusqu’au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager » Walt Disney.
            Même si parfois le rêveur a mauvaise presse auprès de l’opinion, il faut admettre que les grandes choses qui se sont réalisées dans notre monde sont nées d’un rêve, parfois fou au départ. Il faut donc oser rêver, oser aller au-delà de ce que le réalisme pourrait interdire. Au niveau des Sciences, Gaston Bachelard a parlé des obstacles épistémologiques pour désigner tout ce qui vient faire écran entre le désir de connaître du scientifique et l’objet qu’il étudie. Il faut donc être capable de dépasser les habitudes acquises pour poser des questions, au-delà des apparences…
            Et si on rêvait d’un Tchad où tous s’engageraient à ne plus jamais prendre des armes contre leur pays…
            Rêve fou, irréalisable, pure utopie…
            Osons le penser ! Le Tchad serait-il le seul pays en Afrique où les freins seraient tels qu’aucun dialogue ne serait possible, où la force de la société civile serait stérile ? Il y a beaucoup de pays en Afrique qui connaissent des difficultés pour mettre en place une démocratie apaisée. Et pourtant leurs citoyens ne se découragent pas. Pourquoi faut-il qu’au Tchad la solution des armes soit pensée comme une panacée ?
            L’esprit des citoyens dans ce pays serait-il tourné de telle façon qu’il nous est impossible de penser que l’histoire n’est pas inscrite dans le « mythe de l’éternel retour » mais qu’elle est linéaire ? Pourquoi faut-il que l’esprit s’enferme dans une stérilité telle qu’il en vient à dévorer ses propres enfants ?
            La baïonnette est sans doute utile pour bien de choses mais on ne peut s’asseoir dessus. Il est donc impossible de construire un pays en s’asseyant sur une baïonnette.
            Il est possible de penser un Tchad où il serait infâme de prendre les armes pour les utiliser contre les citoyens du pays. Comment s’engager avec une telle légèreté dans une guerre fratricide où le frère tue le frère, viole la sœur, spolie la mère et profane la terre avec le sang d’un parent ?
            Voici le temps de prendre au sérieux la citoyenneté qui unit les fils de la nation tchadienne. Ce n’est point l’apologie d’une dictature car aucune ne peut tenir devant une société civile bien enracinée dans le peuple.
            Osons rêver que, à tous les niveaux de l’engagement politique au Tchad, il y ait un engagement citoyen. Il faut apprendre à aimer le pays. Il n’y a qu’un seul Tchad que la génération actuelle léguera à la génération future. Quelle honte s’il faut laisser un tas de ruine aux enfants à venir ? Quelle honte si l’avenir ne retient de certains hommes politiques que le titre de bouchers ou de vautours (parlons plutôt de charognards car plus parlant).
            Tous les hommes politiques tchadiens, vous êtes face à l’histoire et sachez qu’aucune de vos transactions cachées n’est sécrète. Tout le monde le sait et c’est sur cela que vous êtes jugés. Vos sourires hypocrites à la télévision et sur les photos ne vous trompent que vous-mêmes. Le peuple n’est pas dupe !




vendredi 8 février 2019

Plaidoirie pour le Tchad (par Pascal Djimoguinan)


Dimanche 2 février 2019, une patrouille de mirage 2000 français est intervenue dans le Nord du Tchad contre un convoi de 40 véhicules pick-up d’un groupe armé venant de Lybie. Cette colonne est celle de l’Union de Forces de la Résistance (UFR) de Timane Erdimi.
            Une controverse s’est aussitôt engagée pour reprocher à la France d’intervenir dans les affaires intérieures du Tchad. Pour les rebelles, cela constitue un tournant dangereux pris par la France. Pour le gouvernement tchadien, c’est la colonne des mercenaires terroristes qui aurait été neutralisée et mise hors d’état de nuire.
            Au-delà de toute polémique, il y a des questions qu’on aimerait bien se poser sur le Tchad.
            Comment se fait-il que bien que nous soyons en 2019, le Tchad ressemble à un petit royaume médiéval où les affaires politiques se règlent par des armes au gré des alliances familiales et claniques ? Peut-on dire qu’un problème familial soit un problème national ?
            Il est étonnant de constater que malgré toute la formation politique dont ont bénéficié beaucoup de tchadiens, ils trouvent que la seule solution politique consiste à lancer une colonne de pick-up contre une capitale et de la prendre dans une charge de cavalerie.
            Où a-t-on fauté ? Qu’y a-t-il de particulier dans la philosophie politique tchadienne. D’où vient-il que la perspective d’une guerre fratricide ne fasse pas hésiter les tchadiens ?
            La douleur des tchadiens ne semble rien dire aux hommes politiques et aux militaires. Personne n’ose imaginer la souffrance des populations de N’Djamena lors d’une attaque de la ville. Faut-il se rappeler les foules sur le pont vers la ville frontière de Kousseri ?
            Il faut se dire que la responsabilité des « politico-militaires » est engagée. Il ne faut plus jamais de guerre dans les grandes villes du Tchad. Ces guerres n’ont rien arrangé depuis qu’elles ont commencé. Elles n’ont apporté que leurs lots de tueries, de pillages et de destructions. Après chaque guerre, il faut repartir de nouveau, construire, tout refaire.
            A-t-on l’assurance que la situation nouvelle qu’engendra la guerre sera meilleure que celle que le pays connait en ce moment ?
            En Afrique, les exemples récents montrent que la société civile est capable d’apporter des changements politiques et de l’alternance au pouvoir.
            Peut-on être capable au Tchad de laisser les armes pour s’engager dans les combats de la société civile.
            La réflexion doit s’engager dans ce domaine. Il faut plutôt voir comment renforcer la société civile et l’aider à trouver une base plus solide auprès de la population. Une solution qui ne prendra pas en compte l’avis des populations tchadiennes est une solution compromise. Le peuple est majeur et doit pouvoir décider de son avenir.
            En attendant, il faut attendre une ouverture de la part de ceux qui gouvernent afin que le jeu politique puisse se passer pleinement. La fermeture n’a jamais profité à personne.





mercredi 6 février 2019

LU POUR VOUS/AFRIQUE - Un jardin botanique pour combattre le paludisme


En Afrique, le paludisme est l’une des maladies les plus répandues et les plus mortelles. Selon l’OMS, en 2018, ont été enregistrés de par le monde 216 millions de cas et 445.000 décès à cause du paludisme dont 194 millions en Afrique – et 407.000 morts sur ce continent. Plus de 70% de l’ensemble des morts causées par le paludisme sont constituées par des enfants de moins de 5 ans dont plus de 80% vivent en Afrique subsaharienne. Dans cette région, seuls 19% des enfants touchés par la pathologie parviennent à recevoir un traitement adéquat et toutes les deux minutes, un enfant meurt de paludisme. Le Nigeria est le pays qui affronte la charge la plus lourde, avec 27% des cas au niveau mondial. Cette pathologie, outre le fort impact qu’elle présente sur la santé, a également une incidence importante sur le développement économique. Depuis l’an 2000, le paludisme a couté à l’Afrique subsaharienne 300 millions d’USD par an seulement au titre de la gestion des cas, les couts étant estimés jusqu’à 1,3% du PIB continental.
Depuis l’an dernier, est en cours l’administration d’un nouveau vaccin antipaludique au Kenya, au Ghana et au Malawi. D’ici 2020, l’OMS compte vacciner au moins 360.000 enfants. Entre temps, pour faire face à la pathologie, il est fait recours aux médicaments traditionnels à base de chloroquine qui cependant sont toujours moins efficaces dans la mesure où le plasmode, cause de la diffusion de la maladie – transmise par la piqure des moustiques anophèles – est parvenu à devenir résistant aux médicaments.
En 1972, le pharmacien chinois Tu Youyou est parvenu à isoler l’artémisinine, principe actif de l’armoise naturelle. L’artémisinine s’est révélée particulièrement efficace pour lutter contre le paludisme dans la mesure où elle parvient à éliminer le plasmode. Grâce à cette découverte, la scientifique a reçu le Nobel pour la Médecine en 2015. Portée en Afrique par des médecins asiatiques, l’artémisinine a aidé à réduire les effets du paludisme.
Les Jésuites ont ainsi décidé de cultiver l’armoise pour en tirer la précieuse artémisinine. Depuis des années, les religieux disposent d’un arboretum à Oyo, au Tchad. Au sein de ce jardin botanique, outre à préserver les espèces autochtones rares, ils se proposent de cultiver et de diffuser les plantes médicinales. « Cultiver l’armoise – explique le Père Franco Martellozzo SJ, depuis plus de cinquante ans missionnaire au Tchad – n’est pas simple. Les semences sont tellement fragiles qu’elles doivent être irriguées par pénétration capillaire dans des récipients particuliers. Ensuite, les premiers plants doivent être transplantés dans des lieux protégés et seulement deux mois plus tard, être mis en pleine terre ». Pour rendre possible la culture de ce jardin botanique, a été construit un système d’irrigation qui fonctionne grâce à une installation électrique solaire. « De l’armoise – remarque le Père Martellozzo qui collabore avec son confrère français, le Père Serge Semur – est ensuite extraite l’artémisinine dans l’espoir qu’elle puisse constituer un frein à la maladie avec laquelle la population est contrainte de cohabiter depuis des siècles ». (EC) (Agence Fides 06/02/2019)