mardi 8 mai 2018

Tchad : La route, paradigme d’un mal d’être profond (par Pascal Djimoguinan)



 Et si l’on parlait de la circulation routière au Tchad… Quel désastre, quelle catastrophe. La circulation au Tchad souffre d’un manque de règles qui s’instaure en règle et fait loi. Sur la route, les citoyens tchadiens retrouvent l’état de nature si cher aux philosophes des siècles passés.
            Ne pensez pas que je sois en train d’insinuer qu’il n’y a pas de code de la route officielle au Tchad, nenni ! Il y a bien un code de la route, il y a des cours de conduites, il y a des écoles pour former des conducteurs.
            Là où le bât blesse, c’est que sur la route, personne ne respecte le code de la route. Chacun s’invente son mode de conduite. Tant qu’il n’y a pas d’accident, on se fâche mais tout s’arrête là.
            Le grand problème c’est lorsqu’il y a un accident. Ici, le code de la route n’a plus de valeur et d’ailleurs les agents de la circulation entrent dans ce jeu.
            La première règle est que l’engin le plus cher, le véhicule le plus puissant doit nécessairement payer. Entre une moto et une bicyclette, la moto doit payer ; entre une voiture et une moto, c’est la moto qui doit payer. Dans tous les cas, s’il y a un piéton, c’est lui qui doit être endommagé. Les circonstances de l’accident importent peu. Le propriétaire du véhicule a en charge les soins et la nourriture de l’autre accidenté jusqu’à la guérison.
            La deuxième règle est que si l’accident entraine le décès du piéton et de l’usager de l’engin le moins puissant, on doit prendre en charge les funérailles et payer une somme pour compenser la perte du citoyen. N’allez surtout pas parler de priorités et autres règles de la circulation.
            L’anarchie est totale sur les routes du Tchad. Sûrs de l’impunité, les usagers de la route en font à leur aise. Il n’est pas étonnant de voir des cyclistes et des motos rouler à contresens pour économiser du temps et cela quelquefois devant les agents de la circulation. Que voulez-vous, on est au Tchad, dit-on !
            Il faudrait que les règles changent. La police doit faire son travail. En cas d’accident, il faut faire un constat et que la règle s’applique. Dura lex sed lex, disent les juristes.
            La route est souvent l’image de ce que vivent les citoyens. Si on ne respecte pas le code de la route, on ne respectera aucune autre loi. La délinquance commence toujours sur la route. Cessons donc d’être des délinquants.





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