vendredi 16 mars 2018

Tchad : Grève et éducation, l’étudiant est l’éternel perdant (par Pascal Djimoguinan)




            Enfin la nouvelle est dans toutes les agences de presse du pays : « Ce mercredi 14 mars 2018 à la présidence de la république, le gouvernement tchadien et les centrales syndicales ont signé un accord après près de 9 heures de discussions sous l’égide du directeur du cabinet civil du président, Issa Ali Taher, de son conseiller à la sécurité, Djiddi Saleh et du secrétaire général de la présidence de la république, Me Jean Bernard Padaré. »
            Cet accord qui a mis fin à une grève sèche et illimitée qui a duré sept semaines avec la fermeture des tous les établissements d’enseignements et des hôpitaux publiques du pays.
            Cet accord rend les sourires aux fonctionnaires de l’Etat puisqu’ils ont obtenu la satisfaction dans la grande partie de leurs revendications, en grande partie pécuniaire.
            Les cours vont reprendre, et les hôpitaux rouvrir et on reviendra à la situation antédiluvienne.
            Cette conception simpliste de la réalité est fausse. Si les fonctionnaires et différents agents de l’Etat retrouveront leurs salaires avec aucun autre préjudice, il n’en sera pas de même pour les étudiants, les élèves et les étudiants.
            Il n’est jamais aisé d’interrompre les cours pendant sept semaines. A la reprise, pour beaucoup, ce sera tout simplement comme à la reprise de l’année scolaire ou académique. Il y a tout simplement des choses qu’on ne pourra pas rattraper.
            Il faudra revoir les programmations dans les différents niveaux. Faudra-t-il tout reprendre ou faire semblant de continuer ? Nous sommes tous les agents de la baisse de niveau des étudiants. Arrêtons de le leur reprocher puisqu’ils n’en sont que des victimes.
            Que dire des élèves de terminales ? Il y a plusieurs examens à passer sous réserve du bac. Ces examens, pour la plupart d’entre eux, ne sont pas composés au Tchad. Il suffit de parler de l’UCAC, l’ASECNA, les différentes écoles de statistiques.
            Lorsque les sujets arriveront, ils ne tiendront pas compte du temps où les cours s’étaient arrêtés au Tchad. Ils ne suivront que la programmation normale d’une année scolaire. Les élèves tchadiens qui sont en retard dans les programmes ne pourront qu’échouer. Nous pouvons donc dire que pour beaucoup d’élèves de terminales, l’année est déjà perdue.
            Une autre question qui porte en elle un dilemme se pose. A quel moment programmer le bac ?
            Si le bac a lieu tôt, les élèves tchadiens pourront s’inscrire dans les universités de la sous-région pour l’année prochaine.
            Cependant, programmer le bac tôt, cela signifie que tout le programme de terminale n’aura pas été vu. Même inscrit dans les universités de la sous-région, les étudiants tchadiens n’auront pas le niveau. Ils ne pourront pas combattre à armes égales avec leurs condisciples ayant suivi une année scolaire normale en terminale.
            Il est grand temps de décider quelques choses pour les jeunes qui étudient. Depuis 1979, ils sont sacrifiés dans les différentes luttes politico-militaires et sociales. Un code de conduite doit être adopté pour ne plus sacrifier les jeunes sur l’autel des différentes luttes. Que les adultes prennent leurs responsabilités. Une société qui ferme l’avenir à ses membres les plus fragiles et à sa jeunesse est une société vouée à la disparition.




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