Au point où nous sommes, que faut-il penser de la situation politique ? Sur le plan démocratique, les jeux semblent déjà faits et les dés sont pipés. Les derniers mirages de la Conférence Nationale Souveraine se sont escomptés et l’on va tout droit vers un parlement monochrome.
Jusqu’au 22 octobre, on
pensait que le pouvoir allait jusqu’au bout donner l’illusion d’une démocratie
apaisée en allant aux élections législatives et communales avec ses partis
satellites. C’était un coup de tonnerre qui a retenti lorsque monsieur Zen
Bada, secrétaire général du parti au pouvoir, le MPS, a annoncé que son parti
irait seul aux élections du 29 décembre. C’était la fin de la coalition
présidentielle Tchad uni qui regroupait quelque 230 partis politiques qui
avaient accompagné le président de la République pendant les élections
présidentielles.
C’est à peine si plusieurs
membres de cette coalition ne retiennent leurs larmes. Ils voient le ciel
tomber sur eux, puisqu’ils attendaient en retour de leur allégeance une place
au parlement. Beaucoup apprenaient ainsi leur première leçon de politique. Ils
découvraient ainsi qu’en politique, seuls les intérêts comptent.
Le terrain semble maintenant
favorable au MPS car les partis satellites n’ont pas d’assises pour se
présenter seuls aux élections tandis que ceux pouvant faire le poids prônent le
boycott.
Nous allons donc tout droit vers
ce qui sera le monopole d’un parti Etat, sans opposition démocratique au
parlement. Les acquis de la Conférence Nationale Souveraine sont désormais
renversés.
Le Tchad se retrouvera avec
les trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) entre les mains de l’Etat.
Il n’y aura plus de contre-pouvoir pour les cinq années à venir.
Si l’on appelle la presse le
quatrième pouvoir, pourra-t-elle vraiment jouer son rôle ? Il est clair
que tout jouera contre elle car des lois liberticides seront votées pour la
museler.
Les perspectives les plus
pessimistes doivent être envisagées pour les années post-élections, à moins qu’une
entente se fasse au dernier moment pour reporter les élections et permettre à
tout le monde d’y prendre part. C’est ce que nous appelons de tous nos vœux car
il y va de l’avenir du Tchad.
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