samedi 5 novembre 2022

Tchad les mongos, une société patrilinéaire (par Pascal Djimoguinan)

             Au Tchad, les mongos, comme toutes mes autres ethnies du grand groupe Sara, sont une société patrilinéaire (i.e., la filiation est basée sur un type d’organisation sociale où l’ascendance paternelle prime). Nous allons voir ici quelques traits qui, de prime abord, sont imperceptibles mais qui en réalité gèrent toute la société.

            Les affaires les plus importantes sont gérées dans cette société, par le clan (il s’agit ici d’un groupe de personnes unies par un lien de parenté du côté paternel).

            Comment connaître les personnes du même clan ? Le premier point important à retenir ici est ce qui est appelé en mongo « Gəĺ kāgə̄ yo », littéralement traduit par sous l’arbre de la mort. En effet, lorsque dans un village il y a un décès, la place où doit être exposé le corps et où l’on doit se recueillir est régi par une loi tacite connue de tous. Ainsi, chaque clan à son arbre sous lequel sont organisées les funérailles de ses membres. Il peut arriver que les lieux se multiplient si le clan connait une grande multiplication de ses membres.

            Ce lieu des funérailles est le même pour les hommes aussi bien que les femmes. Bien que le mariage soit exogamique et que les femmes se retrouvent dans des villages quelquefois très éloignés, à leur mort, leur corps doit être ramené au village et le lieu de recueillement est leur « Gəĺ kāgə̄ yo ». Elles seront inhumées par leurs frères et non par leur mari.

            Dans les relations entre cousins et frères, ce qui joue est justement cette appartenance au clan. Il faut d’abord noter que les termes d’oncles et de tantes en français sont très équivoques. Chez les mongo, on utilise les termes d’oncle uniquement pour désigner les parents du côté maternel. Du côté paternel, on appelle indistinctement frères et les cousins du papa « pères ». Le terme de tantes par contre est réservé aux femmes du côté paternel. Les sœurs et cousines de la maman sont des « mères ». Ainsi quand les cousins sont parallèles, c’est-à-dire dont les parents sont de même sexe, ils utilisent la même appellation pour les parents (pères ou mères). Par contre, quand les cousins sont croisés (c’est-à-dire que les parents sont de sexe opposé), l’appellation n’est pas la même pour tous (Ce sont les oncles et les tantes).

            Entre les cousins parallèles du côté paternel, c’est-à-dire ceux ayant le même « Gəĺ kāgə̄ yo », la relation est une concurrence qui frise la rivalité. Il n’en est pas de même avec les cousins parallèles du côté maternel. Etant tous enfants des mères, les relations sont plus chargées de convivialité.

            On peut facilement comprendre que l’on est mieux traité dans le village maternel que dans le village paternel. C’est parce qu’il n’y a pas cette rivalité et n’étant pas du même « Gəĺ kāgə̄ yo » que les cousins du village maternel, on n’est pas impliqué dans les affaires de succession et d’héritages.

            La compréhension de ses relations peuvent aider à mieux comprendre les rapports que les mongo entretiennent entre eux.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire