Au Tchad, les mongos, comme toutes mes autres ethnies du grand groupe Sara, sont une société patrilinéaire (i.e., la filiation est basée sur un type d’organisation sociale où l’ascendance paternelle prime). Nous allons voir ici quelques traits qui, de prime abord, sont imperceptibles mais qui en réalité gèrent toute la société.
Les affaires les plus importantes sont gérées dans cette
société, par le clan (il s’agit ici d’un groupe de personnes unies par un lien
de parenté du côté paternel).
Comment connaître les personnes du
même clan ? Le premier point important à retenir ici est ce qui est appelé
en mongo « Gəĺ kāgə̄ yo », littéralement
traduit par sous l’arbre de la mort. En effet, lorsque dans un village il y a
un décès, la place où doit être exposé le corps et où l’on doit se recueillir
est régi par une loi tacite connue de tous. Ainsi, chaque clan à son arbre sous
lequel sont organisées les funérailles de ses membres. Il peut arriver que les
lieux se multiplient si le clan connait une grande multiplication de ses
membres.
Ce lieu
des funérailles est le même pour les hommes aussi bien que les femmes. Bien que
le mariage soit exogamique et que les femmes se retrouvent dans des villages
quelquefois très éloignés, à leur mort, leur corps doit être ramené au village
et le lieu de recueillement est leur « Gəĺ kāgə̄ yo ». Elles seront inhumées par leurs
frères et non par leur mari.
Dans les
relations entre cousins et frères, ce qui joue est justement cette appartenance
au clan. Il faut d’abord noter que les termes d’oncles et de tantes en français
sont très équivoques. Chez les mongo, on utilise les termes d’oncle uniquement pour
désigner les parents du côté maternel. Du côté paternel, on appelle indistinctement
frères et les cousins du papa « pères ». Le terme de tantes par
contre est réservé aux femmes du côté paternel. Les sœurs et cousines de la maman
sont des « mères ». Ainsi quand les cousins sont parallèles,
c’est-à-dire dont les parents sont de même sexe, ils utilisent la même appellation
pour les parents (pères ou mères). Par contre, quand les cousins sont croisés
(c’est-à-dire que les parents sont de sexe opposé), l’appellation n’est pas la
même pour tous (Ce sont les oncles et les tantes).
Entre
les cousins parallèles du côté paternel, c’est-à-dire ceux ayant le même « Gəĺ kāgə̄ yo », la relation est une concurrence qui
frise la rivalité. Il n’en est pas de même avec les cousins parallèles du côté
maternel. Etant tous enfants des mères, les relations sont plus chargées de
convivialité.
On peut facilement
comprendre que l’on est mieux traité dans le village maternel que dans le
village paternel. C’est parce qu’il n’y a pas cette rivalité et n’étant pas du
même « Gəĺ kāgə̄ yo » que les cousins du village maternel,
on n’est pas impliqué dans les affaires de succession et d’héritages.
La
compréhension de ses relations peuvent aider à mieux comprendre les rapports
que les mongo entretiennent entre eux.
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