Une nouvelle qui a fait rapidement le tour des chaumières au Tchad en cette matinée du 24 août 2021 : l’ex président Hissène Habré est décédé ce jour à l’âge de 79 ans à Dakar où il purgeait sa peine de prison à perpétuité. Ce décès est causé par le Covid-19 qu’il aurait contracté dans la clinique où il était soigné. Des infections nosocomiales auront finalement eu raison de ce vieux lion du désert.
Les circonstances du décès ont été données à Radio France
Internationale par le ministre sénégalais Maître Malick Sall. Habré qui était
en détention se sentait mal depuis quelques jours et c’est sa femme, Raymonde,
qui a donné l’alerte, demandant qu’il soit évacué dans une clinique de première
catégorie : « L’administration
n’était pas forcément pour, mais finalement, comme c’était pour des raisons de
santé, on lui a accordé cette requête et c’est malheureusement au niveau de
cette clinique-là qu’il a attrapé le Covid-19. Le chef de l’État a donné des
instructions fermes immédiatement au directeur de l’hôpital et à son
médecin personnel pour qu’il soit évacué à l’hôpital principal. C’est là que
nous avons notre meilleur plateau médical au Sénégal, et donc il a été pris en
charge immédiatement à ce niveau-là. C’est à l’hôpital principal qu’il est
décédé »
Le porte-parole du gouvernement tchadien a fait aussitôt
comprendre que s’il était hors question que des obsèques nationales soient
organisées puisque Habré avait été condamné pour de faits graves, l’Etat tchadien
ne s’opposerait pas à ce que sa dépouille soit rapatriée si sa famille le demande.
L’ex président a gouverné le pays de juin 1981 à décembre
1990. Son règne a été marqué par de nombreux crimes ; une commission avait
recensé environ 40000 victimes. Pour cela, il avait été condamné à perpétuité à
Dakar en 2016 par les Chambres africaines extraordinaires. Les charges contre
lui étaient lourdes : crimes contre l'humanité, viols, exécutions,
esclavage et enlèvement. Cette condamnation a été confirmée en appel un an
plus tard.
Hissène Habré a été une figure à controverse. Certains
tchadiens le vénèrent comme un patriote qui a su tenir tête à Kadhafi et défendre
l’intégrité du territoire tchadien. Pour d’autres, son régime a été synonyme de
la peur, de la torture et de la mort.
Est-ce possible que sa mort puisse réconcilier les
tchadiens de tout bord ? Rien n’est moins sûr puisque l’homme, de son
vivant, n’avait éprouvé aucun remord pour les victimes de son régime.
Dans l’histoire tumultueuse du Tchad, nous pouvons dire
que l’année 2021 aura vu mourir deux présidents du pays. Est-ce le prix à payer
pour que revienne la stabilité ?
Il est à espéré que cet homme aura mis à profit son temps
de détention pour écrire ses mémoires qui lèveraient le voile sur tout un pan
de l’histoire du Tchad. Il est donc à espérer que l’homme n’emportera pas son
secret dans la tombe.
Une leçon que tous les politiciens doivent retenir. Si
Hissène Habré a été craint, s’il a régné en maître absolu pendant plusieurs
années, le Tchad lui a survécu et restera encore longtemps après lui.
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