De nos jours, les proverbes africains ont mauvaise presse. Beaucoup s’imaginent que ces connaissances immémoriales inscrites dans des formes bien stylées sont des obstacles à la réflexion. D’autres s’imaginent que les proverbes sont les marques d’un temps révolu et qu’ils n’ont plus rien à nous dire aujourd’hui. Cependant faudrait-il jeter le bébé avec l’eau du bain ? N’avons-nous plus rien à apprendre des proverbes. L’expérience du passé sert de point d’appui pour l’homme d’aujourd’hui pour se projeter vers l’avenir. Ceux qui savent écouter les proverbes d’autant sauront mieux interpréter les signes d’avenir que ceux qui s’y ferment. Nous reprenons ici quelques proverbes en mongo pour vous faire goûter leur saveur et la profondeur de la sagesse qui s’y trouve.
1- ɓətə̄ kə́ ɓi usə mṵnjə aĺ : Le
singe qui dort ne mange pas le haricot.
Celui qui ne
fournit pas d’effort n’aura pas de quoi manger. Il faut travailler pour
subvenir à ses besoins.
2- Kádé má̰ngá, dɔé bɔẃ : Les tiges
sont à la berge et les épis sont chez les pêcheurs
C’est le partage
qui fait vivre la société. Si le cultivateur fait pousser le céréale, il a
besoin de pêcheurs pour avoir le poisson pour sa sauce. Le pêcheur a également
besoin du travail du cultivateur.
3- Nje wō̰nḡ ə aĺ : L’homme
coléreux ne grossit pas.
Dans la vie, il faut savoir mettre
de l’eau dans son vin. Il faut
quelquefois savoir faire des concessions et avoir le sens du compromis.
4- ɓə́y ɓə́y túgə̄ kāgə̄ ɓə̄ ɓə́y ɓə́y ijə
múndə̄ aĺ : Qui remet à
demain trouvera malheur en chemin.
A force de remettre
à plus tard ce qu’on peut faire aujourd’hui, on laisse passer les opportunités.
5- Nəl̄ taí-tə́ indəī ndə̰nḡ tə́ : Si tu trouves que c’est trop
succulent, tu vas attraper l’indigestion.
Il ne faut pas
abuser de bonnes choses.
6- Man̄ ndi tósə̄ kárē kárē ɓá tə́l man̄ bā ulə.
Goutte après goutte, l’eau de la pluie devient un torrent tumultueux.
La persévérance et
le travail permettent de réaliser les grands œuvres.
7-
D-ídə̄m m-ō aĺ a̰y̰ə̰̄ man̄ y̰anā̰. Celui qui dit qu’il n’écoute
pas les conseils finira en fugitif qui ne pourra se désaltérer que de l’eau
recueillie sur les feuilles des arbres sauvages.
Tout être humain a besoin des conseils
de ses semblables, quelle que soit son intelligence.
8-
Kədə̄ oō bole kuté ɓá usə né kɔn para : L’éléphant connaît
l’épaisseur de son anus, aussi peut-il se nourrir d’épine.
Avant de s’engager dans une entreprise, il
faut s’assurer qu’on a assez de ressources pour la mener jusqu’au bout.
9-
Yvəĺ kə́ ta ɓā əmə ta go̰y̰é tə́. L’oiseau bavard est gras au
niveau de son postérieur (car il ne bouge pas)
Il ne suffit pas de
bavarder, il faut joindre les œuvres à la parole.
10-
Kow̄ sā tə́ nāl̄ magə̄ aĺ. Celui qui va consulter les devins et
marabouts finira par être possédé par les esprits.
Qui cherche trouve
11-
Mēkó̰ ləí tō kūlə síndə̄, ngōbɔbí tō pal. Ton frère du coté
maternel est une rêne tandis que ton frère du côté paternel est un naja
(serpent)
Il y a plus de confiance et de
solidarité entre les frères et cousins du côté maternel qu’entre ceux du côté
paternel.
12-
Naál ndje ndúɓə dāa uwə ndje kɔdə̄. Quand le projectile rate celui
qui s’occupe du soufflet, il atteint celui qui forge.
Il y a une
solidarité entre les associés.
13-
ɓal oō kulə̄ míndə̄ madé tə́ da kogə̄ né aĺ. Quand
le bouc voit la corde au coup de son compère, il ne se moque pas de lui.
Il ne faut pas se
moquer des malheurs de ses semblables car chacun a son tour chez le coiffeur.
14-
Ndɔ̄ ndām lə mbə́ dá kɔde mbutə dɔé tə́. Le jour de la danse de
l’idiot, le tambour crève.
Le malchanceux
connaît toujours des déboires.
15-
Né ɔdə man̄ ɓá man̄ lə́n̄g. Pour que l’eau clapote, il faut qu’elle
soit touchée.
Il n’y a jamais d’effets
sans causes.
16-
Pər oy dá d-úlə jī mbə́ tə́. Quand la torche est éteinte,
on la remet à l’idiot.
Quand une chose n’a
plus de valeur, on la remet au miséreux.
17-
Ó̰ mur̄ na̰ā̰ tə́ sə ngōn dáā a ndə̰y̰ḭ̄ kadə̄ ɔ̄wī tawa tə́ na̰ā̰ tə́. Si tu manges
en compagnie d’un gamin, il te proposera que vous alliez ensemble aux
toilettes.
Dans toute
relation, il faut savoir garder ses distances.
18-
Kində kadə ɓole ɓá to koō ndi nō̰ kūnjə̄. C’est en tapotant le
poulailler qu’on peut entendre les poulets
La fortune sourit
aux audacieux. Il faut savoir interroger la vie.
19-
Mulə uwə kó̰ kūnjə́ lə nje ndoō. Le matou attrape la poule du
pauvre.
Le malheur ne s’abat que sur le pauvre.
20-
Sḭ lə dow̄ kə boý ətə aĺ. Le pet de l’homme fort ne sent pas.
La raison du plus fort est toujours la meilleure.